ESPACE. Guerre dans l’espace : Les alliés s’organisent    

Posté le samedi 03 juillet 2021
ESPACE. Guerre dans l’espace : Les alliés s’organisent      

L’Otan a prévenu qu’une attaque dans l’espace, venue de l’espace ou vers l’espace pourrait déclencher l’article 5.

L’environnement extérieur y est mortel, les manœuvres y sont contraintes par les lois de la physique, la liberté d’accès est promise par un traité de 1967… Mais l’espace est en train de devenir un terrain de bataille comme les autres. Une attaque venue de l’espace, dans l’espace ou dirigée vers des installations spatiales contre l’un des membres de l’Alliance atlantique pourra justifier le déclenchement de l’article 5 de la coalition, celui qui prévoit l’assistance mutuelle militaire entre les 30 membres de l’Otan.

Alors que les rivalités spatiales s’accroissent entre l’Occident, la Russie ou la Chine, pour ne citer que les principaux acteurs, les chefs de l’État et de gouvernement ont clarifié l’avertissement lors de leur dernier sommet à Bruxelles le 14 juin. De telles attaques dans l’espace « représentent un réel défi pour la sécurité de l’Alliance, dont l’impact pourrait menacer la prospérité, la sécurité et la stabilité des États et de la zone euroatlantique. Elles pourraient avoir sur les sociétés modernes un effet tout aussi dommageable que celui d’une attaque conventionnelle », a prévenu l’Otan, deux après avoir défini l’espace comme l’un des « milieux d’opérations » de l’Alliance. Un centre spatial de l’Otan va être ouvert au sein du commandement allié situé à Rammstein, en Allemagne. À Toulouse, où va aussi s’installer le commandement de l’espace français, l’Otan ouvrira un centre d’excellence, chargé de réfléchir à la doctrine et aux futurs besoins des alliés.

Le rattrapage technologique de la Chine 

Attaquer un satellite, l’espionner, brouiller des communications, les voies de militarisation de l’espace exoatmosphérique menacent de bouleverser les équilibres stratégiques. Longtemps, l’Occident, et principalement les États-Unis, y a détenu une supériorité sans partage en tolérant une dépendance vis-à-vis de la Russie pour le lancement de vols habités. Mais la Russie, adversaire historique de l’Otan, a renoué avec la logique du rapport de force et ressuscité ses capacités spatiales. Quant à la Chine, elle s’est lancée dans une entreprise de rattrapage technologique qui concurrence les États-Unis. Il y a quelques jours, Pékin a pour la première fois envoyé dans sa nouvelle station orbitale trois « taïkonautes ». Washington a regardé l’opération avec des jumelles civiles et militaires : l’accès à l’espace ouvre la voie à un vaste champ d’opération…

Face à cette nouvelle menace, les alliés s’organisent. L’année dernière, la France a rejoint le CSpO (Combined Space Operations), qui réunit les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Allemagne. Ce forum, qui repose largement sur la logique des « Five Eyes », celle du renseignement anglo-saxon, permet l’échange d’informations indispensables à la surveillance de l’espace. Pour renforcer ses coopérations avec les États-Unis, la France a aussi convenu avec son allié un échange réciproque d’officiers au sein de leurs commandements de l’espace. Les premiers officiers partiront en septembre.

Des accrocs entre alliés 

Face à une menace croissante, les Européens n’avancent pas toujours de manière coordonnée. Car si les nations européennes ont développé de fortes synergies civiles et disposent d’un savoir-faire réel, pour les applications fonctionnelles ou commerciales de l’espace, elles n’ont pas toutes formulé une même approche militaire.

La France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique et la Suède se sont réunies dans le programme Musis pour partager moyens et capacités. La Suède autorise ainsi l’utilisation de la station polaire Kiruna pour réceptionner des données. Mais entre la France et l’Allemagne, les accrocs se sont aussi multipliés. Jusqu’à présent, Paris et Berlin coopéraient pour leurs capacités d’observation. Les Français avaient développé des satellites optiques, comme CSO, le dernier en date, et les Allemands des capacités radar, avec le programme SARLupe.
Mais l’Allemagne a décidé de se lancer dans l’optique. « Cela crée un déséquilibre », s’inquiète-t-on au sein des armées. L’alliance dans l’espace n’empêche pas la concurrence.

 Nicolas BAROTTE
Source : Le Figaro
date : 2 juillet 2021

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