ETRANGER : Négociations cruciales pour Israël.

Les négociations entre Israël et les Etats-Unis sur une augmentation substantielle de l’aide militaire américaine, en guise de “compensation” pour l’accord sur le nucléaire iranien appliqué depuis janvier, entrent dans leur dernière ligne droite.
Après la visite de Joe Biden, le vice-président américain, dans les prochains jours, ce sera au tour de Moshe Yaalon, le ministre de la Défense, d’aller discuter de ce dossier en fin de semaine à Washington, avant la venue de Benjamin Netanyahu. «Si tout se passe comme prévu, les discussions devraient être bouclées d’ici la fin mars», estime un responsable du ministère de la Défense. Les dirigeants israéliens espèrent que la bataille pour obtenir le soutien du “vote juif” à l’élection présidentielle va inciter l’administration démocrate à se montrer “généreuse”.
L’accord de dix ans entre les deux pays, aux termes duquel Israël recevait environ 3,1 milliards de dollars d’aide militaire annuelle, arrive à expiration l’an prochain. L’enjeu est considérable pour l’Etat hébreu : cette contribution représente 20 % du budget de la Défense. De plus, le ministère de la Défense avait obtenu qu’un demi-milliard de dollars soient utilisés pour passer des commandes d’équipements auprès de groupes israéliens, le reste servant à financer des importations d’armement américain, y compris des avions et des hélicoptères. Israël a, en outre, obtenu une aide supplémentaire pour le développement de projets spéciaux. Les Etats-Unis ont ainsi payé pour sept des neuf batteries d’interception de roquettes de type “Dôme de fer” et ont participé aux dépenses liées à la production du “Arrow 3”, le système d’interception de missiles balistiques, et de la “Baguette magique”, une arme antimissile de moyenne portée.
Les Etats-Unis se sont aussi déclarés prêts à financer une partie du système de détection des tunnels creusés par le Hamas à partir de la bande de Gaza vers le sud d’Israël en vue d’y infiltrer des commandos. Israël a enfin obtenu le droit de puiser, en cas de “situations d’urgence”, dans les réserves d’armes et de munitions que l’armée américaine a stockées sur le territoire israélien. En échange, les Etats-Unis ont pu établir une base de radars dans le désert du Néguev, même si Israël n’a pas encore été autorisé à accéder en temps réel à ces données. Pour obtenir une rallonge, les dirigeants israéliens affirment que la levée des sanctions internationales va permettre à Téhéran d’investir 20 milliards de dollars dans des commandes militaires, essentiellement auprès de la Russie. Des achats qui vont inciter les pays du Golfe à s’équiper d’armements modernes auprès des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne. Des armes qui pourraient, un jour, être utilisées contre Israël et remettre en cause son “avantage qualitatif” que le Congrès américain s’est engagé à préserver par une loi.
Restent deux inconnues : le montant annuel de l’aide de 2017 à 2027 et la nature des équipements qui seront fournis. Benjamin Netanyahu espère obtenir au moins 4 milliards de dollars par an, et souhaiterait pouvoir commander non pas deux mais quatre escadrilles de F-35, de nouveaux F-15 à double propulsion, des hélicoptères de transport, deux ravitailleurs KC-46 de Boeing (250 millions de dollars l’unité) ainsi que des V-22. Israël espère aussi obtenir des missiles qui pourraient être utilisés contre l’Iran, au cas où ce pays ne respecterait pas les termes de l’accord sur le nucléaire, ainsi que des nouvelles bombes à forte capacité de pénétration contre les bunkers et des installations souterraines. «Ces négociations vont déterminer la puissance de l’armée israélienne pour au moins une décennie», ajoute le responsable du ministère de la Défense.
La rédaction