Comment contrôler la zone économique exclusive (ZEE) de la France : Extrait de l’audition de l'Amiral PRAZUCK Chef d’état-major de la Marine.

Posté le lundi 30 octobre 2017
Comment contrôler la zone économique exclusive (ZEE) de la France : Extrait de l’audition de l'Amiral PRAZUCK Chef d’état-major de la Marine.

 Christophe Lejeune.

La France possède la deuxième zone économique exclusive (ZEE) au monde. Avec la montée en puissance de la marine militaire chinoise, dont les ambitions en mer de Chine sont avérées, il est légitime de s’inquiéter de notre capacité à protéger nos ZEE et les ressources qu’elles recèlent, en particulier dans nos zones de pêche. 

Quels sont les moyens que vous jugez nécessaires pour accomplir vos missions de protection de nos ZEE sur toutes les mers et océans du globe ? Le budget est-il au rendez-vous ?

Amiral Christophe Prazuck. 

Monsieur Lejeune, je vous réponds sur la ZEE et la mer de Chine. 
Il y a deux choses en mer de Chine : un enjeu régional, qui ne nous concerne pas, et un enjeu mondial : la remise en cause du droit de la mer. Jean-Yves Le Drian, encore ministre de la Défense, a participé plusieurs fois au dialogue de Shangri-La pour indiquer que la France, deuxième nation maritime au monde, n’était pas indifférente à la remise en cause du droit maritime international observée en mer de Chine méridionale ces dernières années. Nous sommes évidemment concernés. 
Notre ZEE, qui représente l’équivalent de la surface des États-Unis et du Mexique réunis, doit être surveillée, sauf à être pillée et contestée. Mais nous n’avons pas besoin de moyens colossaux pour ce faire. Mon ambition, c’est de revenir aux moyens, en nombre et en qualité, que nous avions en 1982, au moment de la signature de la convention de Montego Bay. C’est-à-dire : deux patrouilleurs par territoire ou collectivité d’outre-mer, un bâtiment logistique – le B2M –, et une frégate pour aller un peu plus loin. Pas plus. Nous avions fait des paris précédemment sur la prolongation de bâtiments anciens ; dans plusieurs cas nous n’avons pas pu le tenir. Comme je l’ai indiqué à monsieur Chassaigne, il me paraît déraisonnable de prolonger encore certains bateaux, comme le Dumont d’Urville, parce qu’à ce stade, on fait courir un danger aux équipages. Avec le programme BATSIMAR, avec le programme B2M, il s’agit de revenir à ce format de 1982 et j’ai bon espoir d’y parvenir dans les premières années d’exécution de la prochaine loi de programmation militaire.

En tout état de cause, le système de combat principal de ces bateaux outre-mer, c’est leur pavillon français. 
En Nouvelle-Calédonie, il y a un an, nous avons vu arriver des nuées de bateaux venus du Vietnam, les fameux « blue boats », peints en bleu, qui sont présents dans toute l’Océanie et qui causent des dégâts environnementaux considérables. Ils pêchent l’holothurie, un animal marin aussi appelé « concombre de mer » auquel on prête, dans cette région du monde, des vertus extraordinaires… Ces braconniers se comportent comme des pirates ! Mais en Nouvelle-Calédonie, après une demi-douzaine d’arrestations, ils ont cessé de venir. Malheureusement, ils ont reporté leurs opérations de prédation dans d’autres pays de la région… Voilà pourquoi il faut défendre nos ZEE. Il faut se battre mais j’ai bon espoir pour nos BATSIMAR. Naturellement, d’autres moyens seront employés : les drones, les capacités d’observation satellite pour diriger nos bateaux… Et cela me semble suffisant.

 

Amiral PRAZUCK
Chef d’état-major de la Marine
Extrait de l’audition par la commission de la Défense

 

Sire de rediffusion : www.asafrance.fr

 

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