Extraits de l’audition du général Philippe LAVIGNE, chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA)

Posté le vendredi 20 septembre 2019
Extraits de l’audition du général Philippe LAVIGNE,  chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA)

Commission de la Défense nationale et des forces armées
Extraits de l’audition du général Philippe LAVIGNE,
Chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA)   
(15 mai 2019)

Exposé du CEMAA

 

Posture permanence de sûreté aérienne (PPS)

Une vingtaine d’avions et d’hélicoptères sont en alerte permanente et capables d’une très forte réactivité, c’est-à-dire en mesure d’intercepter une menace aérienne n’importe où en France en moins de 15 minutes – à supposer d’être détectée.
En moyenne chaque année, ce sont plus de 1 000 décollages sur alerte, chasse ou hélicoptère, quatre assistances en vol, 30 vies sauvées ou personnes secourues lors d’opérations de recherche et sauvetage, une centaine d’ouvertures de terrains permettant des transferts d’organe, le suivi d’une centaine de retombées atmosphériques à risque, plus de 4 000 aviateurs en posture opérationnelle chaque jour, rien que sur le territoire national.

 

Les opérations extérieures

En Europe : je suis frappé par le dispositif de déni d’accès mis en place dans l’emprise de Kaliningrad, qui est de nature à fragiliser la souveraineté des espaces aériens et maritimes des pays européens limitrophes autour de la mer Baltique.
En Afrique : le bilan 2018 est éloquent, avec près de 200 djihadistes mis hors de combat. L’aviation y prend toute sa part, aux côtés des forces terrestres.
Au Levant : nos bases aériennes projetées forment un outil de combat au couple remarquable entre l’efficacité dans la durée et le coût de fonctionnement.

 

La remontée en puissance de l’armée de l’Air

Je considère que ce qui doit en premier lieu structurer notre préparation opérationnelle et notre préparation de l’avenir, c’est le retour des États-puissance. C’est vis-à-vis d’eux qu’il faut veiller à conserver une supériorité opérationnelle.
Pour commencer, il faut pouvoir détecter et attribuer une menace ! Cela paraît évident, mais il y a aujourd’hui certaines fragilités qu’il faut réparer, dans le domaine aérien, comme dans le domaine spatial. Je pense notamment à :
- notre capacité radar de détection, à très basse altitude pour les objets lents et de petite taille – comme les drones.
- notre capacité de détection « au large », c’est-à-dire loin de nos frontières, pour réagir suffisamment en amont vis-à-vis de menaces rapides - comme les missiles balistiques ou les armes hypervéloces.
- notre capacité de surveillance de l’espace, pour des enjeux évidents de souveraineté.  Une fois détectée, il y a besoin de prendre en compte cette menace. Donc avoir la supériorité aérienne.
Au plan qualitatif, cela veut dire disposer de systèmes d’armes performants et de personnels bien entraînés. Là aussi la LPM y pourvoira.
Au plan quantitatif, il faut avoir une masse de combat suffisante. C’est nécessaire pour opposer un rapport de force qui nous soit favorable, couvrir l’ensemble de nos engagements aux quatre coins du monde, compenser l’attrition et tenir dans la durée.
Il est toujours éclairant de regarder ce qui se fait chez les autres… D’ici 2030, la Royal Air Force devrait disposer d’environ 230 avions de combat, la Luftwaffe 260, l’US Air Force 2 500, quant à la Chine et la Russie, de 750 et 1 000 avions de combat dont les deux tiers seront de quatrième génération au moins.



Fonctionnement de l’armée de l’Air

L’arme aérienne fonctionne avec un commandement centralisé. C’est une condition d’efficacité et d’économie des moyens. Ce qui n’empêche en rien d’en décentraliser l’exécution. Pour illustrer, un même A400M va travailler le lundi pour Barkhane, le mardi pour les forces françaises à Djibouti, le mercredi pour les forces françaises aux Émirats arabes unis, et le jeudi pour l’opération Chammal ! C’est pour cette raison, et aussi pour avoir la réactivité nécessaire dès le premier jour d’une nouvelle opération, que nous commandons nos opérations depuis un centre permanent, le JFAC France de Lyon Mont-Verdun.

 

Réponses aux questions des députés

Fabien Gouttefarde etMme. Marianne Dubois : questions relatives à l’A 400M

CEMAA
Le largage par ouverture automatique de trente parachutistes sera prêt en 2019, de jour et par une porte, et en 2020, pour 116 parachutistes, par deux portes latérales.
Les prochaines livraisons d’A400M s’étaleront de la façon suivante : le quinzième a été livré en 2019, il y en aura vingt-cinq en 2025 et trente-cinq en 2028, avec une cible de cinquante. En 2028, nous aurons ces trente-cinq A400M ainsi que dix-huit appareils de type C-130.

Mme. Josy Poueyto : question sur le concept opérationnel qui sous-tend le programme SCAF

CEMAA
Le système de combat aérien du futur n’est pas qu’un avion de combat : c’est un ensemble d’équipements dont il va falloir définir l’architecture pour pouvoir gagner la « guerre des opportunités ». Le déni d’accès étant de plus en plus important, et les défenses de plus en plus complexes, il est important de pouvoir saisir la moindre opportunité, de lutter contre la furtivité de certains équipements et de lutter contre l’allonge de certains missiles ennemis. Comment y parvenir ? Notamment en mettant en œuvre des équipements de type drones qui pourront voler dans les lignes ennemies et récupérer de l’information. S’agissant par exemple de la furtivité, un avion est furtif quand on est en face-à-face mais, quand on arrive à passer à l’arrière de celui-ci, on est capable de récupérer sa chaleur et donc sa signature infrarouge. Maintenant, si je veux me soustraire à l’allonge de missiles ennemis et que je veux, moi, tirer un missile ou un armement, il faut que je sois capable de le faire et ce drone peut être le relais de mon arme.

 

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Source : www.asafrance.fr