FILM DOCUMENTAIRE : « Le soldat et la mort » à voir sur la chaîne Public Sénat, le samedi 19 mars à 22H10 (53 minutes).

Un film donne la parole aux soldats sur leur rapport à la mort.
Ils ont combattu en ex-Yougoslavie, en Côte d’Ivoire ou en Libye. En s’engageant sur les terrains militaires, les soldats sont prêts à donner la mort et à mourir eux-mêmes. Mais qu’est-ce que la mort pour un soldat ?
Dans un documentaire inédit, le réalisateur Philippe Bodet donne la parole à 5 soldats qui ont vécu ce rapport à la mort en opérations extérieures. Une parole rare, qui sera diffusée le samedi 19 mars (à 22h10) sur Public Sénat.
Avec l'engagement et l'intervention armée de la France dans la lutte contre le terrorisme, la question du rapport du soldat à la mort est d’actualité. Mais Philippe Bodet n’a pas attendu les événements récents pour s’intéresser à ce sujet délicat. Intrigué et admiratif du milieu militaire depuis son enfance, il avait entamé le tournage de son film-documentaire « Le soldat et la mort » dès septembre 2015, en Guyane.
Comme témoins, on y retrouve : Le commandant Brice Erbland, pilote de Tigre dans l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) ; Le caporal-chef Yoann, chasseur alpin ; Michel Goya, colonel en retraite, historien et analyste de conflit ; Antonio Lopez, ancien sous-officier de la Légion étrangère ; Hélie de Saint-Marc, ancien résistant et ancien officier d'active de l'armée de Terre, décédé en 2013.
Le SIRPA Terre s’est intéressé à ce réalisateur qui collabore depuis des années avec l’armée de Terre. Question-réponses :
Pourquoi vous être intéressé à ce rapport complexe entre le soldat et la mort ?
Il n’y a pas de raison particulière. Mon intérêt pour le métier de militaire remonte à mon enfance, au cours de laquelle j’ai appris que plusieurs de mes ancêtres s’étaient illustrés lors de certaines guerres comme la Seconde Guerre mondiale, ou celle d’Indochine. Mon père était quant à lui pilote dans l’ALAT. J’ai moi-même effectué mon service militaire au sein de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), avant de vouloir m’engager comme pilote ALAT à mon tour. Si l’a vie m’a emmené sur un chemin différent, celui de l’audiovisuel, je suis resté fasciné par le monde militaire. Comme je n’ai jamais pu avoir de discussions et de réponses dans ma famille à propos du rapport entre le soldat et la mort, question de pudeur, je suis allé les chercher chez les soldats d’aujourd’hui.
Depuis quand murissez-vous ce sujet ?
J’ai réalisé mon premier coup de caméra en rapport avec l’armée il y a 10 ans de cela, avec Hélie de Saint Marc. J’avais également déjà rencontré Michel Goya. J’ai donc toujours eu en tête ce projet, qui s’est réellement mis en place grâce à ma collaboration avec Public Sénat en 2015.
Avez-vous été surprise/touché par quelque chose en particulier dans les témoignages des soldats ?
J’ai été très touché par la sincérité dont ils ont toujours fait preuve. J’ai également été marqué par leur émotion, que j’ai parfois décelée derrière leur grande humilité. Antonio Lopez, l’ancien légionnaire, ne parlait jamais de lui directement, mais toujours à travers son groupe de combat qu’il avait à cœur de mettre en avant. L’exemple frappant, c’est lorsque je lui demande : « avez-vous déjà tué ? » et qu’il me répond : « moi j’ai tué personne, c’était le groupe ».
Vous, personnellement, comment envisagez-vous le rapport du soldat à la mort ?
Je connaissais beaucoup de choses grâce à ma famille, à mon métier et à mes lectures. Mais je ne suis pas un reporter de guerre. Je n’ai jamais expérimenté la mort, sauf à travers les victimes lorsque j’étais à la BSPP. J’ai donc toujours été intrigué par ce rapport sans en avoir une idée précise. Je crois que le point de rupture s’est fait en 2008 avec l’embuscade d’Uzbin. Alors qu’elle semblait tellement loin, on s’est rendu compte que la guerre faisait des morts dans les rangs français. Il y a eu un changement dans l’opinion publique. Moi, je savais que le soldat a conscience de ce qu’il risque en s’engageant dans l’armée. Mais je voulais comprendre comment il appréhende la mort, le combat. Comment il vit le baptême du feu.
A travers ce film-documentaire, souhaitiez-vous faire passer un message particulier ?
Le commandant Brice Erbland m’a confié être surpris que les militaires aient des états d’âmes. C’est ce que j’ai voulu montrer : les militaires sont certes des gens qui tuent et/ou qui meurent, mais ils ne sont pas des robots. Ce sont des individus avant tout, qui font preuve d’une grande réflexion et d’une véritable une éthique.
« Le soldat et la mort », le film-documentaire de 53min réalisé par Philippe Bodet et co-produit par Paramonti Productions, Public Sénat et l’ECPAD, sera diffusé le samedi 19 mars (à 22h10) sur Public Sénat.
Armée de Terre « au contact »