GEOPOLITIQUE : Le retrait des forces spéciales françaises du Burkina Faso

Posté le vendredi 27 janvier 2023
GEOPOLITIQUE : Le retrait des forces spéciales françaises du Burkina Faso

La France annonce le retrait de ses forces spéciales du Burkina Faso et rappelle son ambassadeur

 

Comme la République centrafricaine et le Mali, et après avoir connu deux coups d’État successifs en 2022, le Burkina Faso a amorcé un rapprochement avec la Russie. Et, à en croire le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, les nouvelles autorités burkinabè aurait déjà sollicité le groupe paramilitaire russe Wagner. Ce que Ouagadougou a cependant démenti.

Quoi qu’il en soit, et comme le Mali avant lui, le Burkina Faso a décidé de dénoncer l’accord militaire qu’il avait signé avec France en décembre 2018. Ce texte devait alors permettre de renforcer la coopération en matière de contre-terrorisme et donner un cadre juridique à la présence du détachement de forces spéciales « Sabre » [TF Sabre] dans les faubourgs de Ouagadoudou.

« La France restera un partenaire indéfectible face [au] défi » du terrorisme, avait assuré le président Macron, à l’époque. Ce qui s’était ensuite traduit par des opérations de la force Barkhane menés au Burkina Faso, notamment depuis le Mali.

Par la suite, sur fond d’une campagne anti-française inspirée et encouragée par la Russie, les relations entre le Mali et la France se détériorèrent jusqu’au point de rupture. Ce qui décida Pars à retirer ses troupes de ce pays… et à mettre un terme à la force Barkhane. Pour autant, les missions de la TF Sabre, concentrées sur la « neutralisation » des chefs jihadistes, n’étaient pas remises en question.

Seulement, après le Mali, le Burkina Faso a également été le théâtre d’une campagne anti-française orchestrée par la Russie. Et les deux coups d’État menés en 2022 ont fait le reste…

Le 21 janvier, l’Agence d’information burkinabè [AIB] a révélé l’existence d’un courrier selon lequel Ouagadougou entendait dénoncer l’accord de coopération militaire signé en décembre 2018 et demander le départ de la TF Sabre de son territoire. Et cela, après avoir demandé le départ de Luc Hallade, l’ambassadeur de France au Burkina Faso.

Cette demande a-t-elle surpris les autorités françaises ? En tout cas, le lendemain, le président Macron a dit attendre des « clarifications » de la part des autorités burkinabè. Et d’estimer qu’il fallait « garder beaucoup de prudence » dans cette affaire.

Ces « clarifications » n’auront pas tardé à être donnée… puisque, le 23 janvier, le gouvernement burkinabè a confirmé ses intentions… Puis, à Paris, le ministère des Affaires étrangères a indiqué avoir « reçu formellement la dénonciation […] de l’accord de 2018 relatif au statut des forces françaises présentes » au Burkina Faso.

« Conformément aux termes de l’accord, la dénonciation prend effet un mois après la réception de la notification écrite », a-t-il précisé à l’AFP. La France respectera « les termes de cet accord en donnant suite à cette demande », a ensuite ajouté le Quai d’Orsay, le 25 janvier. Cela étant, celui-ci a également annoncé le rappel de l’ambassadeur de France au Burkina Faso « pour mener des consultations sur l’état et les perspectives de notre coopération bilatérale ».

En règle générale, le rappel d’un ambassadeur marque un mécontentement, voire une brouille diplomatique. Dans ce cas précis, l’annonce faite par la diplomatie française coïncide avec la demande des autorités burkinabè de remplacer M. Hallade. Est-ce une façon d’arrondir les angles? La suite le dira.

Tout dépendra de l’arrivée éventuelle du groupe Wagner dans le pays. « Chaque choix a des conséquences », avait fait valoir Chrysoula Zacharopoulou, la secrétaire d’État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, lors d’une visite à Ouagadougou, à la mi-janvier. L’aide française au développement [un milliard d’euros entre 2011 et 2021, ndlr] pourrait être suspendue, comme pour le Mali.

Quoi qu’il en soit, la TF Sabre, avec ses 400 opérateurs, aura quitté le Burkina Faso « d’ici la fin février » et le retrait de tous les matériels devra avoir été terminé « d’ici la fin avril », selon un « source proche du dossier », citée par l’AFP. A priori, elle devrait se redéployer au Niger.

 

Laurent LAGNEAU
Opex360.com
26/01/2023

Source carte : Google Maps

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Source : www.asafrance.fr