GUERRE EN UKRAINE : Livraison de systèmes sol-air américains ou franco-italiens ?

Posté le jeudi 15 décembre 2022
GUERRE EN UKRAINE : Livraison de systèmes sol-air américains ou franco-italiens ?

Des missiles sol-air pour l'Ukraine mais quid de la formation et du MCO ?

 

Les États-Unis se voient fournir des missiles à l’armée ukrainienne. Or, c’est aussi le cas de l’Italie et de la France. Néanmoins, nombreuses sont les questions encore en suspens face à ces volontés de soutenir l’Ukraine par la livraison de ces systèmes sol-air.

 

Après avoir longtemps hésité, les États-Unis seraient finalement prêts à répondre favorablement à une demande pressante de Kiev face à l’intensification des frappes aériennes russes. Washington pourrait donc fournir à l’armée ukrainienne une batterie de missiles Patriot, l’un des systèmes sol-air les plus perfectionnés, même s'il a été conçu dans les années 1980 (photo ci-dessus d'un Patriot allemand en Slovaquie).

Le Patriot, avec son radar et ses postes de tir de missiles intercepteurs, est capable de détecter et d’intercepter automatiquement une cible dans un rayon de plus de 100 km. .

Les réticences des Américains étaient nombreuses. Parmi elles figurait le coût très élevé du Patriot, coût sur lequel le constructeur et le Pentagone ne communiquent pas vraiment dans la transparence. Rappelons que la Pologne a payé 3,8 milliards d’euros ses quatre batteries entièrement équipées avec un stock de 208 missiles PAC-3 à environs 3 millions d’euros l’unité.

Washington pourrait ne pas être le seul allié de Kiev à accepter de doper les capacités antiaériennes ukrainiennes.

Après une demande ukrainienne, Rome et Paris se seraient accordés sur une livraison de systèmes sol-air Mamba que les deux pays ont développé et produits ensemble.

Système de moyenne portée, le Mamba est l’équivalent du système Patriot. Chaque système Mamba dispose d’un radar et de lanceurs armés de huit missiles Aster 30 d’une portée d’environ 100 km. C’est l’Italie qui devrait livrer un de ses systèmes, selon l’ambassadeur de France en Ukraine Étienne de Poncins. La France en a positionné un en Roumanie (photo ci-dessus AFP).

 

Des questions en suspens

Patriot ou Mamba, les livraisons anticipées conservent des zones d’ombre. On ignore notamment combien de missiles seront fournis, où les systèmes seront déployés en Ukraine. Mais il y a des paramètres plus délicats.

D’abord, la livraison de ces redoutables systèmes marquerait un engagement accru des Franco-Italiens d’une part et du Pentagone d’autre part, alors que Washington redoute justement une escalade en s’impliquant de façon plus directe contre la Russie. Une inquiétude partagée à Paris et Rome.

Ensuite, se pose la question de la mise en œuvre de tels armements. Il va falloir former, longuement et précisément, des artilleurs sol-air ukrainiens et les personnels chargés de la maintenance de ces systèmes sophistiqués. Or le temps presse.

Soit ces formations ont déjà démarré : dans ce cas, le seul problème urgent à gérer sera celui de la livraison et de l’installation.

Soit tout reste à faire. Mais entre livraison et formation, l’Ukraine a le temps d’être écrasée par les drones, missiles et bombes russes.

Enfin, il va falloir un accompagnement technique sur le terrain. Qui va s’en charger ? Paris, Rome et Washington ne disposent officiellement d’aucun personnel militaire en Ukraine. Est-ce que les équipementiers qui produisent ces armes pourraient s’en charger ? Oui, mais il existe chez les industriels les mêmes réticences que chez les politiques. On l’a bien vu quand le Français Nexter et l’Allemand KMW ont choisi d’installer en Slovaquie leur atelier conjoint de réparation de pièces d’artillerie Caesar et d’obusiers automoteur PzH 2000 utilisés par les Ukrainiens ; Nexter a refusé de détacher du personnel. Trop sensible.

Si Kiev ne peut pas passer des contrats de services directement avec les équipementiers, peut-être le pourra-t-elle avec des sociétés militaires privées (SMP) comme COMLOG, une co-entreprise entre MBDA (Allemagne) et Raytheon Missiles & Defense (USA). Ou comme l’Américaine DynCorp. Cette grande SMP se charge du MCO (maintien en condition opérationnelle) de matériels terrestres et aéronautiques pour les armées américaines et pour les alliés de Washington équipés de matériels US. On l’a vu en Irak, en Afghanistan, pourquoi pas en Ukraine ?

 

Philippe CHAPLEAU
Lignes de défense
15/12/2022

Source photo : Armée de l'Air et de l'Espace

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Source : www.asafrance.fr