HOMMAGE : … « Gloire à ceux qui sont morts pour Elle »... (Victor Hugo)

Posté le lundi 04 janvier 2021
HOMMAGE : … « Gloire à ceux qui sont morts pour Elle »... (Victor Hugo)

La nouvelle est tombée : « Trois soldats de l’opération Barkhane ont trouvé la mort au Mali … », communiqué laconique suivi très rapidement par la publication des photographies des trois malheureux soldats,… leurs noms, …un peu plus tard leur situation de famille… Très rapidement les chaînes d’informations continues s’emparent de la nouvelle, en urgence elles constituent des plateaux « d’experts », qui en fin de compte le sont plus ou moins ; sur le plateau les débats, très vite, portent sur l’avenir de l’opération Barkhane, sur sa légitimité, sur la capacité de notre pays à entretenir une force importante  à 5 000 kilomètres de la métropole ….mais, au fait pour faire quoi ? Quelle est son utilité ? Quel est l’intérêt de la France dans cette affaire… ?

Sur le plateau chacun disserte doctement sur le sujet que la plupart ne connaissent, bien souvent, que de façon marginale, et dans ce brouhaha où s’entrechoquent souvent des arrières pensées politiques, on oublie très vite, après le moment de compassion de bon aloi, qu’il y a trois jeunes gens qui ont perdu la vie pour une cause qui les a dépassés mais ils étaient là pour SERVIR. Quel mot barbare, bien trop souvent inusité aujourd’hui mais qui est dans le cœur de tous ceux qui SERVENT avec ardeur, avec ferveur la PATRIE qui leur a donné mandat de la défendre ! Qu’il soient fantassins dans la poussière, la rocaille par une chaleur torride portant un équipement de plusieurs dizaines de kilos, qu’ils soient dans un hélicoptère en vol au ras de sol, de jour comme de nuit, par une visibilité réduite par cette horrible brume sèche qui englue la zone, qu’ils soient pilotes de chasse sanglés dans leur cockpit prêt à décoller pour une mission de plusieurs heures, de jour comme de nuit, au cours de laquelle ils auront à effectuer plusieurs ravitaillements en vol avant de détruire l’objectif qui leur a été assigné, qu’ils soient pilotes de drones sur qui,  loin de l’engagement sur le terrain, pèsent  la lourde responsabilité  de recueillir le renseignement, de l’analyser de le transmettre, de désigner l’objectif , qu’ils fassent partie des équipes chargées de la logistique qui doivent dans des conditions difficiles, par des pistes dangereuses, ravitailler leurs camarades engagés sur le terrain :  TOUS CES HOMMES ET CES FEMMES  SERVENT LA FRANCE. Tous savent que bien loin de la métropole ils défendent ses frontières, car ils savent tous que la partie qui se joue dans ces coins perdus et déshérités est une partie vitale pour l’avenir de notre pays ainsi que de celui de l’Europe toute entière ; ils savent tous que la lutte contre le terrorisme, qui tue tant de leurs compatriotes, passe par leurs actions, et ils savent que les souffrances qu’ils endurent sur le terrain ne sont pas vaines.

Au-delà des analyses politiques, géostratégiques ou militaires, parle-t-on sur les plateaux-télé de l’angoisse des familles qui vivent dans la hantise de la terrible nouvelle ? J’ai eu malheureusement, au cours de ma carrière, à annoncer à une femme, à des parents la mort de leur mari ou de leur enfant ; je n’ai jamais délégué cette tâche à un subordonné car je considère que cette terrible charge revient au commandement et à lui seul. Je n’en suis jamais sorti indemne. Il faut rendre hommage à ces familles qui savent, elles aussi, que celui ou celle pour qui elles tremblent, servent le pays et c’est pour elles une manière d’être partie prenante de l’action d’un pilier central de la République que représentent les forces de Défense.

Mais qui sont ces hommes et ces femmes, nombre réduit dans la nation, mal connus, quelques fois, mais assez rarement, décriés qui s’engagent au péril de leur vie ? Combien y en a-t-il parmi ceux qui tous les jours manifestent bruyamment dans les rues qui mettraient leur vie au bout de leurs idées ? Combien accepteraient, pour des conditions matérielles dérisoires, d’imaginer que peut être un jour ils risqueraient d’être d échiquetés par une mine, abattus dans leur hélicoptère ou leur avion, transpercés par une balle ? La question reste posée.

Tous ces hommes et toutes ces femmes qui engagent leur vie et à qui j’aimerais que l’on rende hommage au-delà des moments de compassion nécessaire ou des cérémonies officielles, tous, sans le savoir sans doute, ont gravé au fond d’eux-mêmes les paroles d’Antoine de Saint Exupéry dans Citadelle : « Ce pour quoi tu acceptes de mourir c’est cela, seul, dont tu peux vivre. » 

Général Vincent LANATA
Le 30 décembre 2020

 Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr
Retour à la page actualité

Source : www.asafrance.fr