HYMNE NATIONAL : La Marseillaise.    

Posté le samedi 14 novembre 2020
HYMNE NATIONAL : La Marseillaise.      

J’écoutai l’autre soir le chœur de l’Armée Française chanter « La Marseillaise » lors de l’entrée au panthéon du grand écrivain et héroïque combattant de la Grande Guerre Maurice Genevoix.

Cette façon de chanter notre hymne national est déplaisante. Certes, la recherche d’harmonie comme l’interprétation en canon peut sembler musicalement acceptable. Elle représente un effort certain d’embellir davantage ce qui est déjà très beau. Elle donne aussi un élan supplémentaire à ce chant enlevé et fougueux, affirmant ou exaltant les vertus guerrières qu’il sublime. Mais les paroles ainsi chantées se chevauchent, se percutent inutilement dans une harmonisation brouillonne, et celui qui les écoute, s’il ne les connait pas, ne peut pas bien les comprendre. Or, il serait bon, à l’heure où les vertus patriotiques s’affaissent dans les incertitudes qui nous gouvernent, que ceux qui précisément en ont le plus besoin puissent, lorsque ce chœur très professionnel se produit, l’écouter en comprenant parfaitement ce qui est dit à travers une expression musicale la plus simple possible. Quand il se donne en spectacle lors de concerts, que le chœur de l’Armée Française donne libre cours à sa virtuosité est normal. Lors des cérémonies revêtant un caractère officiel et commémoratif, il serait bon qu’il s’astreigne à la sobriété qu’exige la solennité du moment.

 

Je me suis également posé la question de la pertinence du maintien, depuis plus de 120 ans, du premier couplet comme seules paroles chantées. La Marseillaise comptant sept couplets, n’y aurait-il pas, parmi eux, des paroles mieux adaptées aux temps que nous traversons ? Si, objectivement, nous nous en tenons à ce que ce premier couplet nous dit, nous en venons à nous demander « où » doivent aller les « enfants de la patrie » et de quel « jour de gloire » il s’agit. S’il y a bien un « étendard sanglant qui s’est levé », cet étendard ne menace pas nos « campagnes » où aucun « féroce soldat ne mugit », et les égorgements, qui hélas ont lieu, ne se font pas « dans nos bras », mais au hasard, dans nos villes, devant nos écoles, dans nos églises, nos gares, nos rues ou nos établissements publics.

La richesse de notre hymne, c’est aussi de receler la description de bien d’autres situations illustrant les tempêtes qui peuvent secouer la Nation. Cela n’enlève rien à l’inestimable valeur de ce premier couplet qui fut chanté par tant de nos résistants défiant l’occupant ou, plus tragiquement, faisant face au peloton d’exécution, ultime cri d’orgueil et de courage porté vers l’infini des cieux sur les ailes de la patrie vénérée. Il a bercé notre vie tout entière, appris dès l’école primaire et répété si souvent partout où les Français, rassemblés autour de leur drapeau, en appelaient au souvenir.

 

« Quoi ! Des cohortes étrangères

Feraient la loi dans nos foyers ?

Quoi ! Ces phalanges mercenaires

Terrasseraient nos fiers guerriers ?

Grand Dieu ! par des mains enchainées

Nos fronts sous le joug se ploieraient

De vils despotes deviendraient

Les maîtres de nos destinées ? »

 

Ce troisième couplet mérite qu’on s’y arrête. Ne colle-t-il pas avec la réalité de notre vécu d’aujourd’hui, et pour encore longtemps ? Il décrit de façon prémonitoire et juste ce vers quoi l’islamisme conquérant veut nous précipiter. Les discours martiaux qui ponctuent chaque drame, même animés d’un souffle puissant d’émotion et de sincérité, les lois bouclées à la hâte pour parer l’imparable d’hier et sans effet pour les tragédies de demain ne suffisent plus. La force et la détermination de la Nation doivent se proclamer autrement pour nourrir sa résilience pérenne. La Marseillaise offre à la France cette chance unique de pouvoir, en puisant dans les paroles originelles de son hymne national, dire ce qui la menace, à quoi cette menace voudrait la réduire et pourquoi elle appelle « Aux armes » ses citoyens.

 

Nous allons parfois chercher bien loin ce que nous avons sous la main, et qui vaut toutes les harangues de la terre.

 

Pour finir sur une note amusante, et montrer que « La Marseillaise » peut être aussi l’occasion de bons mots, voici une petite anecdote.

Dans les années cinquante, la musique de l’école militaire préparatoire (EMP) d’Autun était venue à Dijon pour l’inauguration d’une foire gastronomique. À l’issue des cérémonies, nous avions été conviés à un pot dans un hangar, en remerciement de notre belle prestation. Le chanoine Kir, maire de Dijon, est venu nous saluer et s’est adressé à nous en ces termes : » Dans la chanson, il est dit : « Nous entrerons dans la carrière quand nos ainés n’y seront plus ». Moi, je vous conseille d’y entrer quand vos ainés y sont encore, ça pourra vous servir… ! »

« La Marseillaise » ne fut, un instant, qu’une « chanson » pour ce maire haut en couleurs, mais elle est aussi, décidément, l’hymne national le plus riche et le mieux adapté à la géométrie variable des aléas de notre Histoire.  Sachons en profiter et la mettre en valeur.

 

 

Jean- Jacques NOIROT
Colonel (er)

Membre de l’ASAF

 Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr
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 Source photo : Ministère des Armées
Partition originale du chant de guerre pour l’Armée du Rhin, rebaptisé plus tard Marseillaise

Source : www.asafrance.fr