JEUX PARALYMPIQUES DE RIO : Rémi BOULLÉ un ancien CPA à RIO.

Posté le dimanche 11 septembre 2016
JEUX PARALYMPIQUES DE RIO :  Rémi BOULLÉ un ancien CPA à RIO.

Paraplégique depuis un accident de parachute il y a deux ans, Rémy Boullé est à Rio pour disputer les Jeux paralympiques en kayak, avec ambition.

 Rémy Boullé, 28 ans, caporal-chef, ancien des commandos parachutistes de l’air, a effectué des opérations en Afghanistan, au Mali, au Niger ou encore au Tchad. Jusqu’à son tragique accident de parachutisme il y a tout juste deux ans. Depuis, l’homme est paraplégique. Pendant ses longs mois à l’hôpital, il s’était fixé un objectif : participer aux Jeux paralympiques de Rio, en kayak. Vendredi, Rémy Boullé s’envolera pour le Brésil. Il sera engagé en KL1, les 14 et 15 septembre. Retour sur ces deux années, entre souffrance et espoir, qui le mènent à Rio.

 

Racontez-nous votre accident…
C’était le 4 septembre 2014. J’étais en entraînement opérationnel à Gap (Hautes-Alpes), au sein de l’armée. J’ai eu un souci avec mon parachute qui ne s’est pas ouvert. La procédure de secours s’est mal passée. Les deux voiles se sont accrochées. J’ai fait une chute de 600 mètres à 80 km\h.
« J’étais conscient, j’ai tout vécu, je savais qu’il y avait un gros souci. »

 

Étiez-vous inconscient ?
Non, j’étais conscient. J’ai tout vécu. J’ai vu un collègue arriver. Je ne voulais pas fermer les yeux. La douleur était là. J’ai été transféré par hélicoptère à l’hôpital, d’abord à Grenoble, puis à l’hôpital militaire de Paris. J’y suis resté un an.

 

Saviez-vous rapidement que vous n’auriez plus l’usage de vos jambes ?
Quand j’ai touché le sol, mon collègue m’a demandé de bouger mes jambes, mais je ne pouvais pas. Peu de temps après le choc, je savais qu’il y avait un gros souci. Et j’ai vite appris que je serais paraplégique.

 

Les premiers mois à l’hôpital ont dû être très difficiles, comment avez-vous surmonté l’épreuve ?
Pendant de longs mois, j’étais effondré. À l’hôpital militaire, ils m’ont aidé à remonter la pente. Au début, j’ai pris sur moi. J’ai aussi bénéficié d’un soutien psychologique.

 

Dans votre jeunesse, avez-vous pratiqué le canoë-kayak ?
Oui, j’en ai fait pendant cinq ou six ans au club de Cloyes. Je me débrouillais. J’ai été champion départemental, champion régional… Je pratiquais les trois disciplines : la course en ligne, la descente et le slalom.

 

Comment vous est venue l’idée de participer aux Jeux paralympiques ?
À l’hôpital, j’avais perdu 18 kilos et tous mes muscles. Je ne me reconnaissais pas ! J’avais besoin de me remettre au sport. J’ai donc fait de la musculation à l’hôpital. Et dans la salle de muscu, j’ai vu un bouquin sur les Jeux paralympiques. Le canoë-kayak faisait son apparition à Rio. Il me restait un an… Et tout s’est enchaîné très vite.

 

Et vous vous êtes entraîné….
Dès mars 2015. Je rentrais tous les week-ends chez moi et je m’entraînais au club d’Orléans. Le sélectionneur de l’équipe de France m’a donné des conseils. J’ai terminé premier du championnat régional, premier du championnat de France de vitesse. Et 8 e du championnat du monde en Allemagne, en KL1 200 mètres, en mai.
« Sans le canoë, j’aurais fait une dépression »

 

Les entraînements devaient être intenses pour arriver à ces résultats…
À partir de janvier 2016, je m’entraînais deux fois par jour et je nageais.

 

Le canoë-kayak vous a-t-il aidé à surmonter vos épreuves ?
Le canoë m’a servi de thérapie. Sinon, j’aurais fait une dépression. J’arrive aujourd’hui à oublier mon handicap. Je ne prête plus attention au regard des autres. Je ne me prends plus la tête.

 

Avez-vous un kayak spécial ?
L’embarcation est plus large pour tenir l’équilibre.

 

Avez-vous été aidé financièrement dans votre préparation ?
J’avais besoin de 10.000 euros pour le paracanoë, la machine à pagayer et tout le matériel. J’ai mis une cagnotte participative sur Internet pour récolter des fonds. L’union nationale des parachutistes m’a aidé également, et j’ai trouvé un sponsor. Je ne me plains pas.

 

Quel est votre objectif pour les Jeux ?
Mon objectif premier, c’est la médaille ; je suis sûr que c’est possible et pourquoi pas gagner !

 

Rio : Rémy Boullé, 28 ans, licencié au CKC Orléans, disputera les séries et demi-finales en KL1 sur 200 mètres, le mercredi 14 septembre et, éventuellement, la finale, le lendemain.

 

Interview recueillie par Isabelle HERVE

 

Source : L’Echo républicain