LPM 2024-30 : Pas de Rafale neuf pour la Marine

Posté le mercredi 10 mai 2023
LPM 2024-30 : Pas de Rafale neuf pour la Marine

L’amiral Vandier confirme que la Marine ne recevra pas de Rafale M neufs
dans le cadre de la LPM 2024-30

  

En juillet 2021, l’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM] avait dit craindre une réduction de la flotte de chasseurs-bombardiers Rafale M à l’horizon 2030/35, compte-tenu de l’usure de ceux déjà en service. Usure due aux contraintes mécaniques subies lors des catapultages et des appontages ainsi qu’à l’environnement marin dans lequel ils opèrent.

« La Marine est […] la première à avoir eu à disposition des avions Rafale, elle sera logiquement la première à les perdre par l’usure du temps » et les « garde depuis le début de leur mise en service. [Elle] n’a pas eu d’avions neufs. Toutes la mise à niveau de notre flotte de Rafale s’effectue par rétrofit », avait en effet expliqué l’amiral Vandier lors d’un entretien accordé à La Tribune.

Et d’ajouter : « L’âge moyen de la flotte de l’armée de l’Air est en train de diverger avec notre flotte. Nous allons avoir beaucoup de vieux avions par rapport à ceux de l’armée de l’Air. Pour rester dans la course des standards, nous devons donc rétrofiter plus d’appareils ».

Par la suite, l’amiral Vandier aborda de nouveau ce sujet lors des discussions portant sur le projet de loi de finances 2023, en soutenant la nécessité pour la Marine d’être prioritaire pour mettre en service l’avion de combat de nouvelle génération [NGF, New Generation Fighter], développé dans le cadre du programme SCAF [Système de combat aérien du futur].

« En fonction du biseau, c’est-à-dire de la date à laquelle les premiers SCAF seront livrés aux forces armées, la question du vieillissement du parc de Rafale va se poser, avec une particularité pour la marine : elle a été la première à être, rapidement, dotée, et sera donc la première à être ‘dé-dotée’ selon un rythme tout aussi rapide », avait-il affirmé.

Quoi qu’il en soit, le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 ne dit rien au sujet du renouvellement partiel des 41 Rafale M. Et, visiblement, l’amiral Vandier n’a pas eu gain de cause lors de l’élaboration de ce texte.

« S’agissant des Rafale, la LPM donne la priorité à la reconstitution du stock de l’armée de l’Air, compte tenu des engagements à l’export qu’elle a supportés. Il a donc été décidé de reporter l’insertion des Rafale Marine destinés à anticiper le vieillissement de la flotte », a en effet expliqué le CEMM aux députés de la commission de la Défense.

Pourtant, et comme le souligne le capitaine de vaisseau Thibault Lavernhe, dans son livre « Le groupe aéronaval depuis la fin de la Guerre Froide », pour aligner 24 Rafale M sur le pont du Charles de Gaulle tout en répondant aux exigences de formation et d’entraînement, un « renouvellement partiel » sera « nécessaire dans un avenir proche ».

Par ailleurs, la flotte de Rafale M risque de connaître une baisse de son taux de disponibilité… dans la mesure où elle devra être modernisée, le passage au standard F4.1 étant prévu.

« Nous travaillons à maintenir nos avions au dernier standard. Toute la flotte Marine est actuellement au standard F3R et les premiers rétrofit vers le standard F4 ont été menés récemment avec succès », a rappelé l’amiral Vandier. « La Marine doit consacrer une partie de son parc à des chantiers de renouvellement : une part significative des 41 Rafale Marine doit donc être immobilisée pour qu’ils ne deviennent pas obsolètes », a-t-il prévenu. Et de conclure : « Notre ambition est de parvenir au même standard sur l’ensemble de la flotte, de façon à être totalement interopérables ».

 

Laurent LAGNEAU
Opex 360
08/05/2023

Source : www.asafrance.fr