L'armée au secours du solaire.

Posté le vendredi 09 août 2019
L'armée au secours du solaire.

Pour relancer la production d'électricité photovoltaïque en France, il faut du foncier. Après des débuts hésitants, le ministère des Armées, qui s'est engagé à louer 2.000 hectares d'ici 2022 à des opérateurs comme EDF ou Engie, lance ses premiers appels d'offres.

Le ministère des Armées accélère dans les énergies renouvelables. Il y a un an, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat auprès de la ministre Florence Parly, promettait le soutien de l'Armée à la relance de la production d'électricité verte souhaitée par le gouvernement. Concrètement, le ministère se propose de faire sauter l'un des principaux verrous à l'essor du solaire : l'absence de disponibilité du foncier.

Tandis que la SNCF et la grande distribution promettaient il y a un an de dégeler plus de 200 hectares de surfaces propres à l'installation de panneaux photovoltaïques, Geneviève Darrieussecq promettait dix fois plus : 2 000 hectares de terrains mis à disposition d'ici à 2022.

 

Des débuts compliqués

Les débuts ont toutefois été compliqués. En un an, le ministère a cédé 100 hectares à des opérateurs photovoltaïques mais il a fallu beaucoup d'obstination pour lever des freins administratifs, afin de permettre aux Armées de proposer des baux de location foncière à des opérateurs électriques.

C'est désormais chose faite et le ministère a publié cette semaine son premier appel d'offres pour près de 300 hectares, dont 250 à Creil dans l'Oise, le reste étant réparti entre Valbonne dans l'Ain, Saint-Christol dans le Vaucluse et Querqueville dans la Manche. Les entreprises ont jusqu'à la fin septembre pour manifester leur intérêt en vue de louer ces sites sur une durée de 30 ans. « D'autres appels à projet seront lancés régulièrement afin d'atteindre les objectifs », promet le ministère.

 

« L'un des plus gros gisements de foncier disponible »

Premier propriétaire foncier de l'Etat avec quelque 265 000 hectares, l'Armée joue un rôle environnemental souvent méconnu. Elle gère 100 000 hectares d'espaces naturels dont près de 45 % sont protégés par la directive Natura 2000. Pas question donc de remplacer des forêts ou des zones humides par des panneaux solaires. Pas question non plus de se priver d'espace utile pour les manœuvres, le stockage et l'entretien du matériel et les pistes d'aéroport. « Aujourd'hui, nous avons identifié les 2 000 hectares, et si tout se passe bien, nous pourrons ensuite travailler sur d'autres emprises », explique-t-on au secrétariat d'Etat.

Les 2 000 hectares mis à disposition par les Armées représentent « une surface significative qui contribuera à atteindre les objectifs fixés par le gouvernement », estime Samy Engelstein, responsable du photovoltaïque au Syndicat des énergies renouvelables (SER). « Il s'agit d'une des plus d'un des plus gros gisements de foncier disponible », observe Jérôme Loriot chez Engie, numéro un du solaire en France.

energie solaire en france


La France en retard

Le SER évalue entre 18 000 et 27 000 hectares les surfaces à mobiliser d'ici à 2028. La programmation pluriannuelle de l'énergie prévoit de doubler les capacités de génération d'électricité d'origine solaire dans cinq ans, passant de 9 gigawatts aujourd'hui à plus de 20 en 2023 puis quelque 40 gigawatts en 2028. Les panneaux déployés au sol représentent les deux tiers des installations, le solde étant essentiellement installé sur les toitures.

Le solaire représente moins de 3 % de la consommation électrique française, contre plus de 6 % en Allemagne où le secteur a été favorisé par des subventions massives. L'accès au foncier est l'un des principaux obstacles au développement de l'énergie solaire dans l'Hexagone. « Il est difficile de trouver les terrains permettant de produire de façon compétitive », poursuit Samy Engelstein. D'autant que la loi interdit d'utiliser les surfaces agricoles.

 

18 000 sites identifiés

Le potentiel est là, pourtant. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe)  a identifié près de 18 000 sites« propices à l'installation d'une centrale photovoltaïque » qui pourraient générer plus de 50 gigawatts, soit bien plus que l'objectif fixé par l'Etat. Il s'agit essentiellement de « zones délaissées » comme les anciens dépôts d'hydrocarbures, garages, carrières ou encore d'anciens sites de stockage de déchets.

 

Les Armées réduisent leurs émissions de CO2 de 18 %

Sans compter l'usage de carburants lors d'opérations militaires, les Armées sont plutôt de bons élèves de la lutte contre le changement climatique. Entre 2010 et 2018, elles ont diminué leurs émissions de CO2 de 18 %, la part du chauffage au fioul et au charbon diminuant de moitié, tandis que les énergies renouvelables sont passées de 2 à 16 % de la consommation d'énergie du parc immobilier militaire.

Une cinquantaine de millions par an sont investis dans la modernisation des systèmes de chauffage ou d'électricité. Dans quelques semaines, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées, présentera une nouvelle stratégique de performance énergétique pour la période 2019-2023. Elle devrait annoncer la fin imminente des chaufferies au fioul et au charbon, une accélération des contrats de performance énergétique, ainsi que le remplacement du parc diesel de voitures par des véhicules hybrides ou électriques.

Vincent COLLEN et Anne BAUER
Les Echos

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

 

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Source : www.asafrance.fr