La nécessaire sauvegarde des capacités du service de santé des armées

Posté le vendredi 13 septembre 2019
La nécessaire sauvegarde des capacités du service de santé des armées

L’excellence de la médecine de l’avant,

atout fondamental des armées en opérations


La France a développé le concept de « médecine de l’avant » qui fonde l’organisation du soutien sanitaire en opérations et qui conduit à la présence de médecins et d’infirmiers, eux-mêmes militaires, aux côtés de leurs camarades, y compris « en première ligne » et sous le feu de l’ennemi.  Pour le militaire au combat, c’est la garantie qu’en cas de blessure il sera soigné le plus rapidement et le mieux possible. 

C’est la première mission prioritaire du SSA, qui participe pleinement à la capacité opérationnelle des armées. 

 

Le Haut Comité constate que les militaires reconnaissent la très grande qualité du SSA et y sont unanimement et profondément attachés.  

Son efficacité se mesure par l’extrême brièveté des délais de traitement des blessés (soins de survie réalisés en moyenne 3 minutes après la blessure, intervention médicale en moins de  7 minutes, évacuation en moins de 2 heures, évacuation de rapatriement vers un hôpital métropolitain en moins de 25 heures), et par la forte diminution du taux de blessés au combat qui meurent à la suite de leurs blessures.

Par ailleurs le SSA prend en charge les blessés psychiques, dans le cadre d’une politique volontariste considérablement renforcée depuis 10 ans. Son intervention est prévue dès qu’un événement potentiellement traumatique est identifié. Elle est renforcée par une triple action préventive, la première sur place, la deuxième au moment du retour d’opérations (pratique du « sas » de fin de mission) et la troisième dans les trois mois du retour d’opérations extérieures.

L’activité des militaires du SSA en opérations et à l’étranger est forte, à la mesure de l’engagement des armées. Fin 2018, le service déployait, en permanence, 47 équipes de premiers soins, 10 équipes d’évacuation médicale par hélicoptère ou par avion, 6 équipes chirurgicales,  23 équipes médicales embarquées sur des bâtiments de la marine. 1 884 militaires ont été mobilisés en 2018, pour une durée de deux à quatre mois

 
Assurer au SSA les moyens de ses missions dans la durée

L’intensité actuelle des engagements opérationnels des armées coïncide avec un mouvement, aujourd’hui presque achevé, de restructuration du SSA marqué par une réduction de son format :
- diminution des effectifs, passés de 15 941 en 2010 à 14 561 en 2017, fermeture de l’hôpital du  Val-de-Grâce
- changement de statut de 4 des 8 hôpitaux d’instruction des armées (HIA),
- transformation des centres médicaux des armées.

Dans ce contexte de fortes sollicitations opérationnelles et de profonde transformation, la fidélisation s’est affaiblie. Il en résulte un  sous-effectif moyen réalisé de 9 %, la situation étant plus préoccupante encore dans des spécialités cruciales, comme la chirurgie orthopédique et viscérale notamment. 

 

Le Haut Comité constate que cette situation affecte directement la capacité du SSA à assurer ses missions autres que la médecine de l’avant et estime, en outre, qu’elle pourrait fragiliser à terme sa capacité de projection sur des théâtres d’opérations extérieurs. 

 
La vérification de l’aptitude médicale moins systématiquement effectuée

Avec la médecine de l’avant elle est la seconde mission prioritaire du SSA. La jeunesse des militaires autant que leur santé physique et psychique, tout comme leur aptitude à mener des activités physiques éprouvantes dans des conditions extrêmes sont, pour les forces armées, un impératif.
Or le constat est que les antennes médicales placées au sein des unités militaires ne sont pas en mesure d’effectuer toutes les visites médicales périodiques dans les délais règlementaires, malgré l’allongement à deux ans de leur durée de validité, même si toutes les visites sont garanties pour les militaires projetés en opérations extérieures. 


La diminution du soutien aux activités opérationnelles en métropole

 L’intensité de l’engagement du SSA en opérations extérieures et les limites que le service rencontre en termes de ressources humaines l’ont conduit à diminuer son soutien à des activités en métropole.  Par exemple, les opérations conduites par la gendarmerie autour de Notre-Dame-des-Landes en avril 2018 ont été soutenues par le service départemental d’incendie et de secours de  Loire-Atlantique dont certains éléments ont été intégrés aux colonnes d’assaut.  

 
La dégradation de l’accès aux soins des militaires et de leurs familles 

La densité des activités opérationnelles conduit à ce que de nombreux soignants de la médecine des forces exercent leur soutien en dehors des centres médicaux des armées, en particulier en opérations, ce qui limite leur soutien au profit des militaires « en garnison ».

Dans les « déserts médicaux », le SSA ne peut pallier le déficit en cabinets médicaux, dont l’accès est rendu d’autant plus difficile du fait de la mobilité importante des militaires. La situation est encore plus compliquée pour les familles. Sauf outre-mer, et dans certaines affectations à l’étranger, le SSA n’est plus en capacité aujourd’hui de répondre, à de rares exceptions près, à leur demande, alors même que leur accès aux soins du service de santé des armées est évoqué à l’article L4123-2 du code de la défense.
Si le Haut Comité s’interroge sur la capacité du SSA à maintenir cette activité pour les familles en métropole, il l’estime encore nécessaire outre-mer.

 

Les capacités de la médecine de l’avant sont directement indexées sur l’état des ressources effectivement disponibles dans les centres médicaux des armées et dans les HIA. La situation de leurs effectifs est telle que, dans le contexte opérationnel actuel, le SSA ne serait pas en mesure de faire face, avec ses seuls moyens, à un évènement s’accompagnant de pertes massives et d’un grand nombre de blessés. Des moyens sanitaires civils devraient être mobilisés.

 

Le Haut Comité considère que la sauvegarde des capacités du SSA, et même leur renforcement, sont une nécessité. À défaut, l’apport opérationnel du SSA serait menacé et la capacité de la France à intervenir sur des théâtres d’opérations risquerait d’être rendue plus difficile.

 

Extrait du rapport du HCECM 2019

 

Rediffusé sur le site de l'ASAF :www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr