Les effets de la Loi de programmation militaire. EXTRAIT de l’audition du chef d’état-major des Armées .  

Posté le mercredi 12 septembre 2018
Les effets de la Loi de programmation militaire. EXTRAIT de l’audition du chef d’état-major des Armées .   

Stephane Demilly, député membre de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale

La loi de programmation militaire, sur laquelle s’est engagé le président de la République, prévoit que le budget des armées françaises représente 2 % du PIB d’ici 2025. Si cela est une bonne nouvelle, vous avez toutefois récemment déclaré que nos soldats n’en ressentiraient les effets que dans deux ans environ. Vous aviez d’ailleurs précisé, et l’avez redit ce soir en d’autres termes, que nos soldats subissaient depuis plusieurs années la décroissance des ressources qui leur sont consacrées et le délabrement progressif du système de défense français et de nos armées. Pouvez-vous nous informer sur le moral des troupes dans la perspective annoncée d’une hausse des crédits ?
Deuxièmement, un plan d’amélioration de la condition militaire, appelé « Plan famille », a été lancé pour un budget de 300 millions d’euros sur cinq ans. Comment cette politique, impulsée par la ministre et qui devrait produire ses effets beaucoup plus rapidement, est-elle accueillie ?
Enfin, le 11 juillet, le président américain Donald Trump a suggéré aux membres de l’OTAN d’accroître leurs dépenses militaires pour atteindre environ 4 % du PIB, soit bien plus que les 2 % auxquels nous nous engageons en France. D’après vous, qui avez déclaré que la France entretenait une relation de très grande proximité avec les États-Unis et qu’il existait une importante fraternité d’armes entre nos militaires, comment accueillir les déclarations du président américain ?


Général François Lecointre, chef d’état-major des Armées

Monsieur Demilly, qu’il faille au moins deux ans pour que nos soldats perçoivent les bénéfices concrets de cette loi de programmation militaire relève du bon sens ; cela ne devrait surprendre personne. Il faut en effet du temps pour conduire des travaux d’infrastructures ou pour que l’industrie nous fournisse de nouveaux matériels.

Vous m’interrogiez aussi sur le moral des troupes. Il n’y a rien de surprenant à ce qu’il soit marqué par une certaine impatience. Celle-ci naît inévitablement du décalage entre les annonces qui sont faites aujourd’hui, dans le temps court qui règle la vie politique, et leurs effets concrets dans les infrastructures et les équipements, dont les programmes s’inscrivent dans le temps long, celui de l’action militaire. À nous, chefs militaires, de gérer cette impatience. Notez que certaines annonces commencent à produire très rapidement des effets concrets, notamment avec le Plan famille, voulu par la Ministre et dont elle suit la mise en œuvre avec une attention toute particulière. Certaines mesures, concernant par exemple l’accueil des enfants de parents divorcés, sont très rapidement mises en œuvre, ce qui permet à nos militaires de se rassurer quant à la détermination des autorités politiques à voir leurs annonces suivies d’effets.

S’agissant de l’idée de consacrer 4 % du PIB à la défense, voire plus encore, ce n’est pas le chef d’état-major des armées qui refusera davantage de moyens ! En tout état de cause, nous sommes des partenaires crédibles pour nos alliés américains. J’entretiens ainsi une grande proximité avec mon homologue américain, le général Joseph Dunford, comme je le crois la ministre avec le sien, le secrétaire d’État à la Défense James Mattis. Cela me vaut d’ailleurs d’être critiqué par certains. Je voudrais ici être très clair : je ne suis ni « anti-gaulliste », ni « OTANien » forcené. Il faut s’en tenir aux faits : Français et Américains sommes engagés ensemble, en frères d’armes qui paient le prix du sang, conformément aux responsabilités que nous confient nos autorités politiques respectives.

 

EXTRAIT de l’audition du chef d’état-major des Armées du 17 juillet 2018.

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Source : www.asafrance.fr