Les étrangers aussi ont une Patrie. LIBRE OPINION de Gilbert ROBINET

Posté le mercredi 03 avril 2019
Les étrangers aussi ont une Patrie. LIBRE OPINION de Gilbert ROBINET

Madame Sibeth Ndiaye a été nommée par le président de la République, à la fin du mois de mars, secrétaire d’État auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement, en remplacement de monsieur Benjamin Griveaux, désireux de se préparer pour les élections municipales de 2020 où il espère conquérir  la mairie de Paris.

Madame Sibeth Ndiaye est née au Sénégal en 1979. Son père, qui a fait là-bas une carrière de haut-fonctionnaire, est aujourd’hui membre de l’Assemblée nationale sénégalaise. Sa mère, décédée en 2015, était une magistrate de très haut rang. Elle a, en particulier, présidé la chambre pénale de la Cour de cassation du Sénégal puis  le Conseil constitutionnel de 2002 à 2010.

Notre nouvelle secrétaire d’État a donc une ascendance de haute lignée dans le domaine intellectuel et dans celui de la politique. Elle a étudié dans son pays jusqu’au brevet élémentaire puis a rejoint la France où, après le lycée Montaigne, elle a fréquenté plusieurs universités jusqu’à l’obtention d’un master 2 en économie. Elle a acquis la nationalité française en 2016 tout en conservant la nationalité sénégalaise.

Après sa nomination comme membre du gouvernement, elle a déclaré : « La France m’a beaucoup donné. Aujourd’hui, c’est à mon tour de le lui rendre ».

Dont acte. Certes, la France lui a donné. Mais son pays d’origine, le Sénégal, aussi, et ses parents et peut-être ses trois sœurs qui sont restées au pays. Pourquoi n’a-t-elle pas suivi l’exemple de ces parents-là qui ont milité toute leur vie, sur le terrain, sur place, pour l’indépendance de leur pays et, plus généralement, de l’Afrique tout entière et ont largement contribué à l’instauration de la démocratie, fusse-t-elle encore incomplète, au Sénégal ?

Pourquoi, forte de son éducation, des acquis de son  milieu familial qui fut sans doute propice à toutes les formes d’épanouissement  intellectuel et moral,  dotée d’un solide diplôme obtenu en France, n’est-elle pas retournée dans son pays pour participer à son développement, tant il reste encore beaucoup à faire dans les domaines économique (où, La Palice dirait qu’un master en économie peut être utile), culturel, intellectuel voire politique ?

Par rapport aux valeurs que défend la France, madame Ndiaye ne donne pas un bon exemple et le président de la République qui l’a nommée non plus. Celui-ci, en tant que chef des Armées,  s’est rendu plusieurs fois auprès de nos soldats de la force Barkhane qui exposent leur vie pour maintenir la stabilité de la zone sahélo-saharienne. À chaque fois il a rappelé à ses homologues, chefs d’État des pays concernés, que la France ne pouvait pas tout et qu’ils devaient prendre eux aussi en charge le devenir de leurs pays respectifs. En étant membre du gouvernement français, dans quelle mesure  madame Ndiaye prend-elle en charge, si peu que cela soit, le devenir de son pays d’origine et celle du continent qui l’a vue naître ?

Au plan politique et social, la France peut-elle « débouter » des migrants, mêmes économiques, venus d’Afrique les poches vides et les mains nues, quand elle accepte d’accueillir un rejeton de l’une des familles les plus en vue de Dakar et, quoiqu’il en soit, ne souffrant ni de la faim, ni d’une quelconque intolérance politique ou religieuse ?

Si notre pays ne peut pas, comme le disait monsieur Michel Rocard, « accueillir toute la misère du monde », il ne doit pas plus ouvrir ses bras à des forces vives, soumises à aucune contrainte, appartenant plutôt à des classes privilégiées et  qui pourraient apporter beaucoup à leurs pays d’origine. Ce n’est pas servir la France que de desservir ces pays-là en favorisant la fuite de leurs meilleurs enfants sous prétexte que, néanmoins, pour eux la vie apparaît plus agréable chez nous.

Entendez-moi bien ! Il n’y a aucune connotation raciste dans mes propos puisque, tout au contraire, je dis que madame Ndiaye a sans doute toutes les qualités requises qui lui auraient permis de rendre d’éminents services à son premier pays, le Sénégal.

De surcroît, le poste qu’elle va tenir est très exposé et apporte peu de plus value à la construction et à la conduite d’une quelconque politique. Il est à craindre qu’elle ait été choisie pour des raisons peu avouables de gages donné à la « diversité » ou aux Mormons (ainsi sont nommés les tous premiers fidèles de monsieur Macron) dont les rangs ont tendance à s’éclaircir.

Mais ce qu’un gouvernement, des ministres et, par-dessus tout, un président de la République doivent en tous lieux et en toutes circonstances promouvoir, c’est le patriotisme. Or, le patriotisme, c’est, littéralement, l’amour de sa Patrie, c'est-à-dire de la terre de ses pères. Ce sentiment n’est pas l’apanage des Français. Les étrangers aussi ont une Patrie qu’ils ont le droit d’aimer  et le devoir de servir comme nous aimons et nous servons la nôtre.

Madame Ndiaye a-t-elle fait preuve de patriotisme envers la terre de ses pères ? Je ne le crois pas. Mais quiconque a le droit de se tromper et de rattraper ses erreurs. Gageons que notre nouvelle secrétaire d’État le fera en servant au-delà d’elle-même sa seconde et nouvelle patrie à qui elle reconnaît devoir beaucoup.

 

Gilbert ROBINET

 Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr