LIBRE OPINION : après l'opération Serval, la France lance Barkhane

Posté le samedi 19 juillet 2014
LIBRE OPINION : après l'opération Serval, la France lance Barkhane

Cette opération, que le président de la République dévoilera la semaine prochaine, « terminera le travail » de Serval en Afrique contre le terrorisme.

La France est loin d'avoir fini la guerre contre le terrorisme en Afrique. Selon nos informations, un an et demi après le déclenchement de l'opération Serval au Mali, François Hollande s'apprête à dévoiler une nouvelle intervention au Sahara et au Sahel. Son nom de code : opération Barkhane. Ce terme désigne les dunes sahariennes qui prennent la forme d'un croissant sous l'effet du vent.

Cette intervention devrait être officiellement déclenchée lors de la mini-tournée que le président s'apprête à effectuer mardi en Côte d'Ivoire, puis au Niger et au Tchad.

Cette dernière destination n'était initialement pas inscrite dans le programme reçu par les journalistes qui l'accompagneront. C'est dans sa capitale, à Ndjamena, que devrait être basé le poste de commandement de l'opération Barkhane. Cerné de voisins à la stabilité des plus précaires (Libye, Soudan, Cameroun, Niger, Nigeria, Centrafrique), l'influent pays d'Idriss Déby a intérêt à coopérer avec les autorités françaises. L'acte de naissance de l'opération Barkhane sera donné à Bamako, capitale du Mali, la veille de la virée africaine du président par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Car après l'opération Serval, il s'agit de « terminer le travail », selon l'expression d'une source militaire de haut rang.

Approche régionale

Dans un premier temps, les forces françaises déployées au Mali ont mis un terme à l'offensive jihadiste sur Bamako avant de porter un coup au sanctuaire des terroristes dans l'Adrar des Ifoghas, massif du Sahara. Mais le danger demeure, car des groupes pourraient se reconstituer. L'objectif de Barkhane est donc d'éradiquer la menace islamiste radicale dans la région.

Dans cette bande sahélo-saharienne, séculaire autoroute des trafics en tout genre, le péril terroriste est bien présent. La porosité des frontières permet aux jihadistes de circuler. Sans compter que le chaos libyen, avec l'absence de contrôle étatique sur le pays, décuple une menace que les autorités jugent alarmante. D'après les services de renseignement français, des camps d'entraînement de jihadistes y sont installés.

A l'Elysée, on considère qu'il existe un risque de voir se reconstituer des poches de concentration terroriste dans ce secteur... d'où le lancement de Barkhane. Son approche sera régionale, et les Etats de la zone, en particulier la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Tchad, où les forces françaises sont stationnées, seront associés. 3 000 hommes seront affectés à cette nouvelle mission, dont la plupart sont déjà prépositionnés dans le cadre des opérations Serval au Mali et Epervier au Tchad.

Barkhane résultera ainsi de la fusion de ces deux forces et de la combinaison de leurs moyens déployés dans la zone dans le but de traquer les terroristes. D'où le prochain passage de François Hollande au Niger où des moyens de renseignement sont déjà implantés depuis la base aérienne de Niamey (environ 300 hommes). C'est là que sont établis les drones de l'armée française, et notamment le Reaper, livré en décembre dernier.

 

Jean-Yves Le Drian : l'opération Barkhane «va se mettre en place dans les jours qui viennent».

Invité du «Grand Rendez-vous» sur Europe 1 ce dimanche matin, le ministre de la Défense a confirmé que l'opération «Barkhane» allait poursuivre la lutte contre le terrorisme, après la fin de la mission Serval, «menée à bien, avec une grande efficacité». «Maintenant, il y a le souci pour nous et pour les pays de la zone de veiller à ce qu'il n'y ait pas de recrudescence» du terrorisme, a poursuivi le ministre, car «il y a toujours des risques majeurs de développement de jihadistes dans la zone qui va de la Corne d'Afrique à la Guinée-Bissau».

L'opération Barkhane «va se mettre en place dans les jours qui viennent», a-t-il ajouté, confirmant nos informations. Jean-Yves Le Drian a précisé que cette opération allait mobiliser «près de 3.000 militaires en tout», ainsi que «des drones, des hélicoptères, des avions de chasse» pour avoir «la réactivité nécessaire».

M.C.-Le Parisien

Source : Le Parisien