LIBRE OPINION : Armement : l'Arabie saoudite très, très intéressée par les frégates FREMM de DCNS

Posté le jeudi 28 août 2014
LIBRE OPINION : Armement : l'Arabie saoudite très, très intéressée  par les frégates FREMM de DCNS

La venue du 1er au 3 septembre du prince héritier saoudien Salmane ben Abdel Aziz à Paris est une visite très, très importante pour les industriels français de l'armement, DCNS ainsi que MBDA, Thales, Airbus Helicopters et Défense Conseil International (DCI). Enjeu de cette visite, la signature d'une Letter of intent (LoI) entre Paris et Ryad pour l'achat de six frégates multimissions FREMM fabriquées par DCNS et fortement équipées : missiles de croisière (MDCN), missiles Aster 15/30 et missiles navals Exocet block 3 de MBDA, 10 hélicoptères navals NH90 (NFH) d'Airbus Helicopters... Soit un contrat estimé à 15 milliards d'euros étalés sur une dizaine d'années.

Selon plusieurs sources concordantes, l'Arabie Saoudite serait très demandeuse de réaliser cette opération. Et souhaite aller vite. Mais faute d'un Accord inter-gouvernemental (AIG) pourtant attendu par Ryad mais pas encore prêt du côté français, Paris propose une LoI définissant les grands principes de l'AIG, qui pourrait être signé un mois plus tard. Le prince Salmane, également ministre de la Défense, doit déjeuner le 1er septembre avec François Hollande avec lequel il évoquera les dossiers internationaux de la région du Golfe (Syrie, Irak...) et rencontrera le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le 3 septembre, avec lequel il discutera entre autre des dossiers armements. 

La formation, l'un des clés de ce contrat

Pour emporter l'adhésion des Saoudiens, qui ont exprimé des inquiétudes sur l'exploitation de ces frégates très sophistiquées, la France a décidé de proposer un volet très complet et très poussé sur la formation à destination de la marine saoudienne, dont DCI sera le maître d'oeuvre. L'objectif est que les marins saoudiens maîtrisent parfaitement les FREMM. C'est d'ailleurs l'une des clés de la réussite de ce dossier. Dans cet esprit, les Saoudiens seront accompagnés par la marine française et l'Etat français. "Il y a une vraie volonté de les accompagner", assure-t-on à Paris. C'est ce que va expliquer Jean-Yves Le Drian au prince Salmane lors de leur rencontre de travail.

En outre, Paris propose à Ryad de l'aider à organiser la maintenance des bâtiments à partir d'Arabie Saoudite. Une poursuite en quelque sorte de la coopération industrielle franco-saoudienne commencée avec le contrat de modernisation des frégates Sawari 1 (LEX) qui a été signé en octobre 2013 et qui est réalisé en partie par un chantier naval saoudien, le groupe Zamil, en partenariat avec DCNS. Enfin, les groupes français devraient moderniser les infrastructures de la marine saoudienne de Djeddah sur les bords de la Mer Rouge pour accueillir les FREMM.

Un contrat important pour la loi de programmation militaire

Au début de l'année, la France et l'Arabie Saoudite avaient également déjà eu un projet de signer une LoI. Un projet qui a finalement avorté en raison de très nombreux changements au sein du ministère de la Défense. Mais ce n'était que partie remise... D'autant que Ryad, qui a besoin de moderniser sa flotte de l'Ouest, est "très allant" sur ce dossier. Pour Jean-Yves Le Drian, cette visite est donc importante pour la bonne marche de la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) qu'il a tenu à bout de bras.

Car, tout comme pour le Rafale, l'exportation des FREMM, à un degré moindre certes, est également une des clés de la bonne exécution de la LPM. L'idée il y a quelques temps était  de re-router les futures frégates 4, 5 et 6 destinées à la Royale vers la marine saoudienne sans affecter le plan de charge de DCNS et de son site de Lorient, cher à Jean-Yves Le Drian.

Mark 3 au frigo

En revanche, le programme de défense aérienne (Mark 3), qui a été négocié avec Thales en vue de renouveler le système de défense aérienne Crotale (Air defence) du royaume, n'est pas jugé prioritaire par Paris, qui reste prudent après les déconvenues infligées par Ryad sur ce projet. "On attend de voir un peu, souligne-t-on. Mais si le projet n'est pas mort, il n'est plus prioritaire dans la pile des dossiers. Cela demandera plus de temps". Chez Thales, on y croit encore. Au total, le contrat Mark 3 s'élèverait à 4 milliards d'euros, dont 2,5 milliards pour la première tranche.

Auteur : Michel CABIROL Source : La Tribune

 

Source : La Tribune