LIBRE OPINION de Philippe MEUNIER : « Le budget de la défense doit être porté à 2,2% du PIB en 2022 ».

Posté le samedi 11 mars 2017
LIBRE OPINION de Philippe MEUNIER : « Le budget de la défense doit être porté à 2,2% du PIB en 2022 ».

Nous publions un article de Philippe Meunier, Député de la Nation (Département du Rhône), secrétaire de la Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées de l’Assemblée Nationale, Délégué Défense "Les Républicains". Il propose que la défense soit une « priorité nationale » du prochain quinquennat.

 

Depuis 2012 notre pays est attaqué et notre sécurité nationale est gravement menacée. Malheureusement, depuis la chute du mur de Berlin, les pays européens se sont abrités derrière le parapluie américain en sacrifiant leur souveraineté en matière de défense et de politique étrangère. Si la France a encore la volonté de porter une vraie politique de défense, force est de constater que d’un point de vue budgétaire les menaces terroristes, étatiques et la violation de nos frontières nationales par l’arrivée massive de migrants illégaux ne sont pas suffisamment prises en compte. Dans ce contexte, les pays qui comptent dans le monde augmentent pourtant considérablement leurs dépenses militaires. La décision du Président Trump d’augmenter le budget de la défense des USA de 10% (53 Mds de dollars) en est une démonstration supplémentaire. Le Royaume-Uni réaffirme également sa volonté d’augmenter son budget de la Défense de 0,5% par an jusqu’en 2021 pour atteindre les 2% du PIB. (Note de l’ASAF : le budget de la Défense britannique dépasse déjà 2% du PIB ; il atteindra donc 2,5% en 2021). L’Allemagne met fin à 25 ans de réductions capacitaires de ses armées. Son Livre blanc de 2016 adopte un plan de réarmement de 130 Mds d’euros sur la période 2016-2021 amorçant ainsi une augmentation globale de son budget de 8%.

La France qui siège au conseil de sécurité, notamment grâce à sa dissuasion nucléaire et sa capacité à projeter ses forces armées au-delà de ses frontières tout en protégeant le second espace maritime mondial, doit en tirer au plus vite les conséquences. Car depuis 2013, nos armées sont engagées sur de très nombreux théâtres d’opérations : Mali, bande sahélo-saharienne, Centrafrique, Irak, Syrie et depuis les attentats de 2015 sur le territoire national. Ces multiples engagements dépassent très largement les contrats opérationnels imposés par l’actuel Livre blanc. Ils épuisent nos armées car ils génèrent des tensions extrêmes et des besoins capacitaires que l’actuelle loi de programmation militaire a été incapable de satisfaire. La régénération du matériel engagé en opérations extérieures est devenue impossible. Cet engagement massif génère de surcroît des surcoûts de maintenance très significatifs et réduit leur durée de vie entamant ainsi gravement le capital en matériel. Force est de constater que la Loi de programmation militaire initiale 2014-2019, réactualisée en 2015, n’a jamais été à la hauteur des missions exigées de nos armées.

La poursuite de sa mise en œuvre aurait des conséquences dramatiques sur le maintien en condition opérationnelle de nos forces armées et sur la modernisation de notre dissuasion nucléaire qui nécessite, à elle seule, un effort budgétaire supplémentaire évalué à 2Mds d’euros par an au cours des 15 prochaines années. Nier cette réalité signifierait clairement prendre le risque d’un décrochage majeur de notre défense avec un impact direct sur la crédibilité et le rang de la France dans le monde. C’est la raison pour laquelle, il sera nécessaire, dès le mois de juin prochain, de faire un bilan précis et détaillé de la situation de nos armées et du budget de la Défense. Un audit en profondeur devra ainsi être réalisé. Cet audit sera suivi d’une revue stratégique des besoins de nos armées qui sera remise au Président de la République avant la fin de l’été afin d’élaborer une nouvelle loi de programmation pour la période 2018-2022. Cette nouvelle LPM devra être votée fin 2017 et sera "calée" sur la durée du prochain quinquennat pour une question de crédibilité et de respect, non seulement à l’égard de nos armées mais également de notre industrie de défense. Cela permettra ainsi de mettre fin à ces pratiques qui consistent à faire payer "l’addition" à la majorité suivante (cf LPM 2014-2019). Cette future loi de programmation militaire devra ainsi acter la nécessaire augmentation du budget de la défense avec un effort immédiat de 3,5 Mds d’euros. Effort qui devra être poursuivi.

A la fin du quinquennat, la part du PIB consacrée à la Défense devra ainsi atteindre 2,2% pensions comprises. Il sera également nécessaire de mettre fin au financement du surplus des dépenses occasionnées par les OPEX par le budget de la défense et de revoir avec nos armées les modalités de leur engagement dans le cadre de "l’opération sentinelle". Ces propositions sérieuses et nécessaires à la crédibilité de notre défense ont été adoptées par le Conseil National "Les Républicains", le 2 juillet dernier. Ce projet est attendu par nos armées et nos industriels.

Nous sommes en guerre. Nous ne pouvons pas gagner une guerre sans effort de guerre. Nos concitoyens le savent. Ils ne pardonneront pas au futur gouvernement de ne pas avoir su prendre les bonnes décisions. Il s’agit d’assurer pour la France la maîtrise de sa souveraineté. Il en va de notre liberté et de notre capacité à parler d’égal à égal avec les grandes nations de ce monde.

 

Philippe MEUNIER
Adressé par Jean-Claude Tourneur 

 

 

Source : L’Opinion