LIBRE OPINION de Bernard de LA VILLARDIERE : Le carcan médiatique.

Posté le mercredi 07 mars 2018
LIBRE OPINION de Bernard de LA VILLARDIERE : Le carcan médiatique.

Bernard de La Villardière est journaliste à M6 et producteur pour sa société audiovisuelle, Ligne de Front. Il a publié en 2016 "L'homme qui marche" aux éditions Calmann-Lévy.

Dans une tribune publiée par  Figarovox il revient sur le "clash" qui l'a opposé sur C8 aux chroniqueurs de l'émission de Cyril Hanouna. Il regrette l'impossibilité d'aborder certaines questions dans un débat médiatique qui tourne à vide. Il venait pourtant parler de femmes qui se battent pour leurs droits au sud de la Méditerranée. Il souligne à ce propos combien une certaine caste médiatique disqualifie toute opinion divergente :

"Il y a des arènes dans lesquelles il ne faut pas consentir à combattre" me disait ma grand-mère bouddhiste. Je tente de respecter cette maxime. J'étais bien conscient, avant de m'installer l'autre jour sur le plateau de l'émission de Cyril Hanouna sur C8 "Touche Pas à Mon Poste" (TPMP), que je violais cette consigne. Cette invitation est en fait un traquenard mûrement préparé. Je sais pourtant que, comme le catoblépas, la société médiatique dévore ses propres membres pour satisfaire son goût du spectacle et nourrir le buzz.

Mais je suis ce soir-là en service commandé afin de promouvoir un film sur les forces françaises en Guyane. Produit par ma société, Ligne de Front, il est diffusé juste après TPMP. Je pense donc que je vais être bien traité par le grand Mamamouchi du PAF. Je tombe de haut. En quelques minutes, des chroniqueurs presque unanimes vont offrir un florilège des méthodes de diabolisation et d'instrumentalisation qui permettent à une certaine caste de disqualifier toute opinion différente de la leur. Je déclare que de mon point de vue, le hijab est une régression. On m'accuse de vouloir l'interdire, ce qui n'est pas mon propos. J'évoque la situation des femmes de l'autre côté de la Méditerranée et en Iran. J'évoque les écrivains Boualem Sansal et Salman Rushdie ainsi que les Algériens et les Tunisiens qui nous lancent chaque jour des appels à la vigilance face à la montée du fondamentalisme musulman en Europe. On me soupçonne alors de vouloir faire diversion et on me somme de revenir en France. Les images n'étant jamais tout à fait innocentes, on a bien pris soin de mettre dans le public une jeune fille voilée. Pendant que j'exprime mes réserves sur le hijab, c'est elle que l'on filme. L'affaire est entendue : je suis au mieux un homme dépourvu d'élégance, au pire un salaud.

Ma naïveté est heureusement contrebalancée par ma petite expérience de la comédie télévisuelle. Face aux attaques, je m'attache à répondre par des faits. Je parle fort pour tenter de couvrir les bruits de la meute et les huées d'un public aux ordres d'un chauffeur de salle. Je ne me laisse pas déstabiliser par la manœuvre consistant à me faire passer pour un macho refusant d'écouter une femme.

Je ne suis évidemment pas le premier à faire les frais de ces shows où la vacuité intellectuelle le dispute au conformisme sous prétexte de compassion et d'ouverture d'esprit. Pendant ce temps, ailleurs et notamment au sud de la Méditerranée, des hommes et des femmes se battent pour que les sociétés musulmanes retrouvent le sens de l'altérité et progressent vers l'égalité entre les sexes.

Je ne regarde jamais le talk-show de Monsieur Hanouna. J'ai ainsi découvert l'autre jour que sa petite bande avait demandé ma tête à la direction de M6 au motif que j'étais atteint "d'islamophobie", cette maladie imaginaire mise au point dans les officines de la propagande islamiste. “M6 doit-elle virer Bernard de La Villardière ?” Les porte-flingues de Monsieur Hanouna en avaient doctement devisé il y a quelques semaines. La réponse est évidemment induite dans la question.

J'ai reçu un grand nombre de messages de soutien émanant de mes confrères après mon passage chez TPMP. Les réseaux sociaux ont été largement en ma faveur, déplorant cette tentative de lynchage et cette manière de confisquer le débat. Le buzz a d'ailleurs été si négatif pour l'image de l'émission que C8 a supprimé le replay. J'y vois le signe rassurant que l'opinion publique ne s'en laisse plus compter. Elle découvre que l'islamisme avance par la technique du grignotage, en détournant nos valeurs de tolérance et d'ouverture pour mettre en place sa société idéale ; une société fermée qui installe un apartheid entre les hommes et les femmes, entre l'islam et les autres communautés, qu'elles soient religieuses ou athées.

Les Français – et notamment les Français musulmans – sont de moins en moins dupes de ces manipulations. Celles-ci reçoivent hélas le soutien constant de Monsieur Hanouna et de sa camarilla. Ils adoptent une posture qui les place dans le camp de la bienveillance. Du moins le croient-ils. Si leur sottise teintée de vulgarité ne mérite que des haussements d'épaules, leur ignorance fait assurément des dégâts. Faut-il ne laisser au jeune public de TPMP que le choix entre le fondamentalisme et l'empire du vide ? Je ne suis pas de ceux qui ont regretté le Canal Plus des années 1990-2015. L'esprit de dérision et le parti-pris idéologique chassaient tout sens de la nuance, faisant le lit de ce que l'on a appelé le "politiquement correct". Mais doit-on se satisfaire des risques d'une autre hégémonie ? Celle de la bêtise triomphante et de l'esprit de soumission ?

 

 Bernard de La VILLARDIERE
Source : Institut d’histoire sociale (est-et-ouest.fr) / Figaro vox

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