LIBRE OPINION de Michel GOYA : l’impréparation : 5 manières dont la France sabote son futur

Posté le mercredi 29 juillet 2015
LIBRE OPINION de Michel GOYA : l’impréparation :  5 manières dont la France sabote son futur

L’impréparation : 5 manières dont la France sabote son futur
(Extrait concernant la Défense)

Qu'il s'agisse de ce gouvernement voire même des autres, bien des domaines de l'économie ont souvent été mis sur le banc de touche.

Ces décisions justifiées par le manque de moyens, commencent à peser lourd sur l'économie du pays.

En matière d'armements

L'armement, un secteur de l'économie que la France semble avoir laissé pour compte. Entre réduction des budgets et matériel dépassé, la France est loin derrière ses alliés.

Quelles erreurs ont commis les gouvernements successifs et comment aller de l'avant ? par Michel Goya.

Les gouvernements successifs ont sacrifié le long terme au court terme et ce depuis 25 ans. Cette gestion à court terme visait à préserver des programmes déjà lancés vers la fin des années 1980, dans un contexte où l'effort de défense a été réduit par deux en 25 ans. L'effort de défense a été réduit en vue de se concentrer sur une tentative de gestion des programmes lancés dans les années 1980. Tout ceci s'est fait au détriment d'exploration de champs nouveaux, comme celui plus récemment des drones, qui sans être le seul exemple est l'un des plus significatifs.

Ceci étant dit, les gouvernements ne sont pas les seuls fautifs, les industriels n'ayant pas toujours joué, non plus, le jeu de l'innovation. Leurs conflits d'intérêts ont également eu un impact non négligeable sur l'échec des drones par exemple.

Ce court-termisme s'étend bien au-delà du secteur de l'aéronautique. En réalité la priorité absolue aurait dû être celle de nos soldats et de nos fantassins. Effectivement, 90% des soldats qui tombent durant les opérations depuis 25 ans sont des fantassins ou des sapeurs, or ce sont eux qui auraient dû être priorisés.

Ainsi, dans le domaine aérien on ne craint plus personne en combat, sur mer la situation est identique. A contrario, sur terre on se retrouve dans une situation où les fantassins peuvent être mis en échec par des combattants ennemis armés d'un matériel datant pourtant des années 1950 ou 1960 (kalachnikovs, lance-roquettes).

Il est vrai que certains efforts ont été faits mais trop tardivement, tel que le programme fantassin à équipement et liaisons intégrés (FÉLIN), par exemple, visant à développer les capacités des soldats. C'est un investissement novateur mais arrivé trop tard et qui n'est pas à la hauteur de ce qui aurait dû être fait.

C'est pourquoi l'image des soldats français en opération n'a pas évolué depuis 25 ans : on manque de nouveaux équipements, de nouveaux véhicules… On a beau travailler à ces améliorations, elles tardent à porter leurs fruits car elles n'ont jamais été une priorité. Par exemple, les dépenses sur ces programmes peuvent être 20 fois moins importantes que pour le programme rafale et ceci est une erreur. Il faut continuer dans ce sens et les efforts faits sur l'équipement, la profession, l'armement des fantassins aurait dues être prioritaire.

C'est très simple : on a réduit l'effort de défense, on a choisi de ne pas renouveler les équipements aussi vite qu'il avait été envisagé de le faire dans les années 1980, on a retardé l'arrivée de certains équipements pour manque de financement et on a conservé des vieux armements dépassés. Or, bien que le matériel soit vieux, son entretient coute cher et accapare les ressources qui auraient pu être dédié à son renouvellement. Ainsi, investir dans un matériel neuf et récent à un coût, mais il en est de même lorsque l'on décide de conserver du matériel dépassé.

Ces prétendues économies ont causé un retard dans la mise-en-oeuvre de biens des équipements (c'est le cas par exemple pour l'A400MAtlas) tout en poussant la France à développer des projets avec d'autres pays européens qui nous rendent dépendants de nos voisins.

Ces réductions budgétaires, sont le lot de toutes les armées, mais c'est particulièrement fort en

France. On a brutalement réduit cet effort au moment même où l'on avait décidé de les faire.

Les risques encourus par le pays :

• un risque indirect : pour résoudre ce problème de financement on réduit le nombre de personnel (on a supprimé 80 000 postes dans l'armée supprimé). Ce faisant on en minimise également la capacité de nuisance ainsi que la capacité d'intervention et de déploiement. Pour parler concrètement, on est passé d'un contrat opérationnel de 30 000 hommes à un contrat opérationnel de 15 000 hommes.

• l'obligation de faire appel aux alliés pour agir : par exemple la France a dû faire appel aux

Etats-Unis pour intervenir en Lybie.

• un risque direct : se retrouver face à un adversaire qui aura des capacités de déploiement, d'intervention et de nuisance supérieures aux nôtres et contre lesquelles on ne saurait répliquer.

 

Auteur : Gilles BABINET avec le colonel (ER) Michel GOYA
Site : Atlantico

Source : Atlantico