LIBRE OPINION : Gerfaut: un Gunship « made in France »

s’il est clair que l’AASM (Armement Air Sol Modulaire) conçu par Sagem est une arme exceptionnelle, en termes d’efficacité opérationnelle, lorsqu’elle est employée sur Rafale, il est plus original d’imaginer son emploi sur avion de transport C-130. C’est toutefois ce qui a été préparé par deux inventeurs, Fanny Turgis et Patrick Gaillard, associés au sein de la société AA/ROK dans un projet commun, lancé il y a trois ans, avec l’équipementier Rafaut — le spécialiste français des lance-bombes — et Sagem.
Baptisé SSA-1101 Gerfaut, ce système capable de transformer un quadrimoteur C-130H Hercules en bombardier à long rayon d’action — à l’instar des KC-130J Harvest Hawk de l’US Marine Corps — repose entièrement sur les capacités de la bombe propulsée AASM de 250 kg, une arme à précision métrique larguée en mode “stand off” et guidée par système inertiel hybridé GPS. Exposé pour la première fois, sous forme d’une maquette sur le stand Rafaut au Salon du Bourget 2015, le SSA-1101 Gerfaut, qui se présente comme une semelle métallique dotée de deux lance-bombes AUF2 montés en tandem, a été conçu comme un système d’armement “stand alone” pouvant être monté en quelques heures sur un C-130 à la place de l’un ou des deux réservoirs externes de 1 140 US gallons, généralement emportés pour accroître le rayon d’action de l’avion.
L’intérêt du système est de ne requérir aucune modification du C-130, ce dernier conservant toute sa capacité de transport en soute en offrant la possibilité de larguer sur coordonnées entre 4 et 8 AASM (si les deux points d’attache des réservoirs pendulaires sont utilisés). Ainsi, un seul C-130 mis en œuvre depuis un terrain sommaire est capable de délivrer un appui-feu efficace et discret à des troupes au sol durant une dizaine d’heures, tout en restant à distance de sécurité d’éventuels missiles sol-air. Larguée depuis une altitude de 25 000 pieds par C-130, une bombe AASM standard est, par exemple, capable d’atteindre une cible distante d’une trentaine de kilomètres, préalablement identifiée et aux coordonnées introduites dans le système de guidage de l’AASM. Reste que le débat sur la pertinence de l’option missile (causant davantage de dégâts que ne le fait un canon) fait encore l’objet d’un débat au sein des forces, dont l’une des missions principales est de pouvoir recueillir un maximum d’informations exploitables sur le terrain (empreintes, GSM…). Affaire à suivre.