LIBRE OPINION : L’Otan se rapproche de la frontière

Posté le vendredi 09 mai 2014
LIBRE OPINION : L’Otan se rapproche de la frontière

Après 30 heures d’âpres négociations, les alliés de l’Otan se sont mis d’accord sur le plan de réassurance vis-à-vis des pays d’Europe orientale, qui demandaient des garanties supplémentaires face à l’agressivité stratégique russe. Un plan hautement symbolique qui s’inscrit dans la phase II Otan lancée il y a quelques semaines (voir TTU n° 925), et qui prévoit un repositionnement des forces permanentes de l’Alliance le long de la frontière est.

En renforçant d’abord la mission de police du ciel au-dessus des pays baltes : des MiG-29 polonais, des Rafale français, des F-16 danois (en Estonie) et des Eurofighter britanniques vont prendre la relève des 10 F-15C américains. Ils seront relevés, début septembre, par des Tornado allemands et des F-16 portugais. Des renforts qui permettent d’éviter la situation précédente de face-à-face entre appareils russes et américains (la Russie a en effet répondu à leur déploiement en activant un nombre équivalent de chasseurs). D’autant que les forces américaines en Europe doivent faire face à d’intenses pressions de la part des pays “inquiets”, notamment des Baltes. Ces derniers ont ainsi regroupé leurs forces terrestres au sein d’une division commune, qu’ils ont placée sous commandement du Saceur. Une première, qui placerait Washington dans une situation inconfortable si l’armée russe se montrait trop agressive.

A ce dispositif renforcé, s’ajoutent 150 militaires américains de la 173ebrigade parachutiste, arrivés en Pologne pour une série de formations et d’entraînements de longue durée. Autre demande acceptée par l’Alliance, le déploiement de bâtiments en mer Noire, près des littoraux roumains et bulgares ainsi qu’en mer Baltique. Une situation qui place, bien malgré elle, la Turquie dans une délicate situation d’arbitre vis-à-vis de Moscou, puisque c’est elle qui donne les autorisations d’accès au détroit du Bosphore. Un nombre significatif de navires de l’Otan se trouveraient dans le secteur.

Les pays de l’Est n’ont cependant pas obtenu tout ce qu’ils demandaient : ainsi, le déploiement de la NATO Response Force (NRF) près de la frontière a été rejeté, au motif qu’elle est un outil d’urgence en cas de crise déclarée et non un moyen de réassurance. Enfin, certains ont demandé que les exercices bilatéraux organisés en Ukraine (Sea Breeze, Rapid Trident…) soient multilatéralisés : là encore, refus des grands pays européens de l’Alliance, soucieux d’éviter toute provocation inutile vis-à-vis de Moscou.

Source : TTU Online