LIBRE OPINION : Les djihadistes: le groupe Etat islamique (Daech), le califat entre l'Irak et la Syrie.

Posté le dimanche 26 avril 2015
LIBRE OPINION : Les djihadistes: le groupe Etat islamique (Daech), le califat entre l'Irak et la Syrie.

Par Yannick Van der Schueren – La Tribune de Genève

Extraits

Né sur les décombres de l’invasion américaine de 2003, le groupe Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daech, son acronyme en arabe) étend aujourd’hui son pouvoir sur 10 millions d’habitants, essentiellement des Arabes sunnites, répartis sur un territoire grand comme le Royaume-Uni, à cheval sur deux pays, 40% de l’Irak et 33% de la Syrie. Considéré comme le groupe djihadiste le plus violent au monde avec Boko Haram, il est accusé d’avoir massacré des milliers de personnes, particulièrement des musulmans, et poussé à l’exode plusieurs communautés religieuses, chrétienne et yazidie notamment

Les origines

L’organisation Etat islamique en Irak et au Levant (Daech) naît en Irak de l’alliance de six groupes djihadistes sunnites, dont la branche d’Al-Qaida en Irak, alors dirigée par le Jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui, un cadre de la nébuleuse terroriste revenu d’Afghanistan, qui regroupe la frange la plus radicale de l’insurrection anti-américaine. Ils forment le Conseil consultatif des moudjahidines en Irak, lequel proclamera quelques mois plus tard l'Etat islamique d'Irak (EII), le «Levant» n’ayant été rajouté qu’en 2013. Leur objectif: se concentrer sur l’ennemi proche, les Américains et les chiites. La branche irakienne d'Al-Qaida est rapidement absorbée par cette nouvelle entité salafiste. Abou Hamza al-Mouhajer, propulsé à la tête d'Al-Qaida en Irak suite à la mort d’Al-Zarqaoui, prête serment d'allégeance à Abou Omar al-Baghdadi, émir de l'État islamique d'Irak, jusqu’à sa mort en 2010.

Ayman al-Zaouahiri, le successeur d’Oussama ben Laden, annonce qu’«Al-Qaida en Irak n'existe plus». La plupart des combattants de ce mouvement ont rejoint Daech.

Mode d’action

L’entité terroriste, qui dispose d’un excellent réseau de renseignements et d’une armée suréquipée dotée de nombreux véhicules, appuyée par de l’artillerie et des chars, mène des offensives conventionnelles tout en poursuivant des actions de guérilla, des prises d’otages et des attentats suicides. Par ailleurs, cette organisation pour qui l’escalade de la barbarie et de la terreur n’a pas de limite a développé une redoutable stratégie de communication de propagande sur Internet, destinée à susciter les vocations au-delà des territoires sous son contrôle et qui passe notamment par d’insoutenables mises en scène d’exécutions. A la manière d’une entreprise, Daech publie régulièrement un journal et un rapport annuel dans lequel il recense et détaille ses actions et nombreuses exactions.

Effectifs

En juillet, Romain Caillet, chercheur associé à l’Institut français du Proche-Orient à Beyrouth, estimait le nombre de combattants à 25 000, en Syrie et en Irak. « En Irak, il s'agit à 90 % d'Irakiens, tandis qu'en Syrie on a 50 % de combattants locaux auxquels s'ajoutent des étrangers venus du Maghreb, du Golfe, de la diaspora tchétchène et des Occidentaux venus d'Europe ou des Etats-Unis», précisait-il. Les djihadistes européens, qui viennent surtout de Belgique, de France et du Royaume-Uni, seraient environ 2000. En août, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) affirmait que les effectifs de l'Etat islamique en Syrie étaient désormais de 50'000 hommes en Syrie. Parmi ceux-ci 20'000 étrangers, dont 6000 recrutés pour le seul mois de juillet. En janvier 2015, Jérôme Fritel, auteur de Daech – Naissance d’un Etat terroriste, parlait de 40'000 combattants entre les deux pays.

Sources de financement

Cette multinationale du terrorisme a réussi à développer sa propre économie de guerre et est financièrement autonome. Selon un rapport de Jean-Charles Brisard, expert en terrorisme et financement du terrorisme, publié en novembre 2014, 82% de l’argent de cette organisation provient directement des ressources dont elle dispose. A commencer par le pétrole. «On estime que Daech a mis la main sur une vingtaine de puits, soit 10% de la production irakienne et 60% de la production syrienne, le chiffre d’affaires est évalué entre 500'000 et un million de dollars par jour», avance Jérôme Fritel. Ce pétrole, vendu bon marché, est racheté principalement par la Turquie, mais aussi parfois par la Syrie ou par les Kurdes. Selon Jean-Charles Brisard, les ressources dont dispose l’organisation lui ont rapporté 2,906 milliards de dollars: 38% de ces revenus viennent du commerce du pétrole, 17% du gaz naturel, 12% des impôts, 10% de la production de phosphate, 10% de la vente de ciment, 7% de l'agriculture, 4% des rançons et 2% de donations privées. (TDG)

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Source : La tribune de Genève