LIBRE OPINION : Pourquoi la Russie a besoin des Mistral

Posté le samedi 06 septembre 2014
 LIBRE OPINION : Pourquoi la Russie a besoin des Mistral

La France a suspendu la livraison du premier navire de classe Mistral qu'elle devait fournir à la Russie d'ici la fin de l'année. Une sanction qui n'est pas anodine étant donné le climat conflictuel autour de la situation ukrainienne, et qui pourrait pénaliser durablement la marine militaire russe, privée de ce joyau des mers. 

La France a annoncé mercredi 3 septembre qu'elle suspendait la livraison du Vladivostok, le premier des deux navires de classe Mistral qu'elle doit livrer à la Russie. Ce contrat de 1 370 millions d'euros, approuvé fin 2010 après 8 mois de discussions et dont une partie a déjà été avancée début 2011, représente l'une des plus importantes ventes de matériel militaire passées entre la Russie et l'un des pays membres de l'OTAN. Le contrat comprend la livraison de deux bâtiments, plus une option pour en construire deux supplémentaires avec des transferts de technologies.

Il est important pour la marine russe d'un point de vue stratégique car elle ne possède pas à l'heure actuelle de navires d'assaut amphibie polyvalents capables de projeter à la fois des forces aériennes (hélicoptères) et des forces terrestres (infanterie et véhicules). Un manque qui s'était notamment avéré pénalisant lors de la deuxième guerre d'Ossétie du Sud, qui a opposé la Russie en 2008 à la Géorgie. Le chef de l'état-major russe, Nikolai Makarov, avait alors justifié cet achat car le développement d'un modèle aux capacités similaires par les entreprises nationales aurait requis au moins 10 ans d'études.

Un rôle de porte-hélicoptères déterminant

Les navires de classe Mistral, appelés "bâtiments de projection et de commandement" (BPC), jouent un rôle important au sein de la Marine nationale française. Avec une longueur de 199 mètres et un tirant d'eau de 6,2 mètres, ce sont les plus gros bâtiments en service après le porte-avion nucléaire Charles de Gaulle. Leur pont de 6 400 mètres carrés permet d'accueillir 6 hélicoptères, plus 16 dans hangar situé sur le pont inférieur (de 1 800 m2). Ils peuvent embarquer une grande variété d'hélicoptères, notamment l'intégralité des appareils utilisés par l'armée française ainsi que des hélicoptères américains comme le CH-53E Super Stallion de Sikorsky, le plus lourd de l'armée US (près de 21 tonnes). Les Mistral russes sont de leur côté censés accueillir des Kamov Ka-29 et Kamov Ka-52K Alligator. Ce rôle de porte-hélicoptères est aussi important pour la flotte russe que pour la flotte française, qui ne possède chacune qu'un seul porte-avions.

Côté terrestre, les Mistral peuvent transporter jusqu'à 450 hommes, plus une grande variété de blindés (jusqu'à 59 véhicules) dans un hangar dédié de 2 650 m2. Ceux-ci sont acheminés à terre par quatre véhicules de débarquements, les Chalands de Transport de Matériel (CTM). Pour faciliter au mieux le déploiement, ils sont équipés de deux propulseurs en nacelle sous la coque. Ils sont orientables à 360° et permettent une grande manœuvrabilité, ainsi qu'une vitesse maximale de 18 nœuds. Le tout est contrôlé depuis un poste de commandement et de gestion de combat avancé, équipé de radars et de connexions par satellites sécurisées. C'est cette polyvalence qui fait l'attrait de la classe Mistral auprès des russes, et notamment sa fonction de porte-hélicoptères, un rôle qui complémenterait la force de frappe aérienne du porte-avions Kouznetsov, le navire amiral de la marine russe. Par extension, si elle devait rentrer en conflit avec l'OTAN, la Russie souffrirait inévitablement de ce manque dans son arsenal.

Auteur : Julien BERGOUHOUX

Source: L’usine nouvelle

 

Source : Usine Nouvelle