LIBRE OPINION : RCA : transition sous pression

Posté le mardi 13 octobre 2015
LIBRE OPINION : RCA : transition sous pression

Les violences intercommunautaires qui ont embrasé Bangui à la fin septembre, causant une soixantaine de morts et 300 blessés, selon les derniers bilans officiels, ont conduit la France à intervenir avec des hélicoptères, des troupes au sol pour “calmer le jeu” et arrêter la flambée de violence.

Le processus de transition en Centrafrique paraît donc plus que jamais enrayé. Présente à l’Assemblée générale de l’Onu, la présidente par intérim, dont le bilan est de plus en plus contesté, a décidé d’interrompre son séjour et de rentrer précipitamment au pays pour tenter de calmer le jeu. Selon des sources gouvernementales locales interrogées par TTU, Catherine Samba-Panza aurait été prise en charge par les forces françaises de Sangaris à son arrivée, et non par sa garde présidentielle, pour assurer sa sécurité, puis conduite quelques heures à l’ambassade de France, avant de regagner la présidence.

Parmi les nombreux reproches qui lui sont adressés, figure notamment l’absence d’avancée dans le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR), pourtant inscrit dans sa feuille de route, qui se retrouve de facto renvoyé après la phase électorale, prévue au 18 octobre. Or, outre l’insécurité régnante et les actions de déstabilisation récurrentes plombant la transition, les conditions nécessaires pour la tenue des scrutins législatif et présidentiel, après déjà deux reports successifs, ne sont toujours pas réunies. Le recensement des électeurs, compliqué par la situation des réfugiés et des déplacés de l’intérieur, n’a couvert, pour l’heure, que 30 % de la population, sur un découpage électoral qui reste contesté. Le nouveau délai demandé aux Nations unies par Bangui pour la fin 2015 a été très mal reçu par les partenaires internationaux et régionaux, qui n’accordent plus guère de crédit aux autorités intérimaires, et souhaitent désormais tourner rapidement la page de la transition.

En visite à l’Elysée le 5 octobre, le président tchadien, Idriss Deby, acteur de poids dans la gestion de la crise centrafricaine et principal allié de la France en Afrique, est venu rappeler que la baisse du cours du pétrole aggrave ses difficultés et qu’il a besoin de trouver… des aides. Mais sa visite lui a aussi permis de manifester son impatience sur le dossier centrafricain, affirmant qu’il valait «mieux une mauvaise élection qu’une transition chancelante», dont le maintien, selon lui, ne fait que prolonger l’instabilité de l’ensemble de la sous-région.

Une position partagée de moins en moins officieusement par Paris, pour qui ce nouveau retard contrarie l’agenda de retrait des troupes françaises, lequel prévoit à partir de ce mois-ci une réduction de plus de la moitié des effectifs militaires restants, parallèlement à la montée en puissance des forces onusiennes de la MINUSCA, ainsi que des équipements, notamment les blindés. Sur les 900 militaires français actuellement dans le pays, après les 2 500 que comptait l’opération Sangaris au début de son déploiement fin 2013, 400 doivent être maintenus sur place, pour un redéploiement au profit d’un renforcement du dispositif Barkhane. Un dispositif dont le centre de commandement est basé dans la capitale tchadienne, devenue le pivot principal du redéploiement de l’armée française en Afrique.

Source: TTU Online