LIBRE OPINION : Toujours se méfier des décrets de juillet

Posté le vendredi 08 août 2014
LIBRE OPINION : Toujours se méfier des décrets de juillet

Réformer tout, en permanence et surtout ce qui fonctionne bien. Bien. Ou plutôt mal. Les "gens intelligents et responsables" ont décidé d'agir, par exemple en réformant Saint-Cyr. C'est vrai, cette école fonctionne, forme des officiers qui donnent satisfaction à tous, réussit à se diversifier. Ça fonctionne, donc il faut réformer. Logique imparable. La "cause première", si je comprends bien les débats, consiste à "rentabiliser". Vous comprenez, une école qui forme 120 officiers par an (on oublie au passage de mentionner tous les autres officiers qui sont formés à Saint-Cyr), ça coûte cher. Ce n'est pas rentable (l'école nationale supérieure de police a des promos de 40, au fait. Donc il faut "faire quelque chose". C'est ce qu'on explique à l'Assemblée Nationale comme le signale le site de la Saint-Cyrienne.

Le quelque chose, c'est "augmenter les volumes". Quand on est contrôleur, on pense qu'il faut parler en termes d’efficience, ce genre de trucs qui font bien dans le civil. Du coup on imagine qu'il faut recruter un plus grand volume d'élèves et en envoyer la moitié dans le civil à l'issue de la scolarité. Car n'est-ce pas, Saint-Cyr est une école d'ingénieur et on manque d'ingénieurs.

Une Ecole d’officiers. Ben non, Monsieur le contrôleur général, Saint-Cyr est une école d'officier. C'est marqué à l'entrée. Son vrai nom, c'est École Spéciale Militaire. C'est donc à la fois Spécial, et Militaire. Si, c'est marqué dessus. Il n'y a pas marqué "central" ou polytechnique" ou "arts et métiers" ou "supaéro" ou ce genre de trucs. Spécial, et militaire.

On pourrait en rire s'il n'y avait eu ce décret publié le 18 juillet, lui aussi signalé par la Saint-Cyrienne. Par le biais de convention avec d'autres établissements, il s'agit donc d'accueillir des volontaires qui en fait n'auront pas vocation à servir dans les armées (comme rappelé dans l'article 1) mais qui pourront bénéficier du "diplôme militaire de l'ESM" comme précisé dans l'article 6 qui organise les modalités dérogatoires à l'article 1.

Bref, monsieur le contrôleur n'a pas perdu son temps entre son entretien du 24 juin et son décret du 18 juillet.

Ce billet au cœur de l'été a deux ambitions :

signaler l'existence de cette "réforme"donner le temps à qui de droit pour déposer un recours en illégalité dans les deux mois, c'est-à-dire avant le 17 septembre, devant le Conseil d’État, en trouvant des arguments de fond et de forme pour pouvoir plaider sur les deux registres. On aura toujours le temps de discuter après mais ce recours est bien évidemment suspensif et empêche le "fait acquis.

En ce centenaire de 14, je relisais l'ouvrage du colonel Camus sur "L'histoire des Saint-Cyriens" et notamment les passages portant sur cette période. Le casoar et les gants blancs n'existent que par le feu. Peut-être est-ce à la portée d'un gestionnaire...

Source : Olivier KEMPF Etudes géopolitiques européennes et atlantiques (egeablog.net)