LIBRE OPINION : Voilà pourquoi on ira en Libye

Posté le vendredi 09 janvier 2015
LIBRE OPINION : Voilà pourquoi on ira en Libye

Par Frédéric PONS - Valeurs actuelles – le 8 janvier 2015. (Adressé par Jean-Claude Tourneur).

Tout se met en place pour une opération militaire internationale en Libye. « La résurgence d’un sanctuaire terroriste dans l’environnement immédiat du continent européen est une question sécuritaire brûlante », affirme Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense.

Privée d’État depuis quatre ans, livrée aux milices tribales et islamistes, la Libye est l’épicentre des violences et des trafics dans la région. Échappant à tout contrôle, le Sud libyen est devenu l’un des plus grands sanctuaires djihadistes du monde. Plus aucun militaire ou diplomate n’imagine pouvoir stabiliser le Sahel sans sécuriser cette zone. La France se prépare. Elle est en première ligne car elle porte la responsabilité directe du chaos — avec les États-Unis et le Royaume-Uni — après avoir choisi d’éliminer le colonel Kadhafi en 2011, sans aucune assurance pour la suite. Ce régime ubuesque avait pourtant un mérite : en tenant l’immense Libye d’une main de fer, il contenait les filières d’immigration clandestine. L’intérêt de la France et de l’Europe commandait de ne pas l’affaiblir. Le contraire a été fait.

Les peuples libyen et sahélien paient aujourd’hui le prix de l’interventionnisme inconséquent de Nicolas Sarkozy et de son conseiller de l’époque, le vibrionnant Bernard-Henri Lévy. L’Europe a fait exploser la Libye en 2011, selon le même scénario catastrophe subi par l’Irak depuis 2003. Lors de son déplacement au Sahel, fin décembre, pour passer le réveillon au milieu des soldats de l’opération Barkhane, Le Drian s’est entendu répéter ces vérités au Tchad, au Niger, au Mali. Les chefs d’État africains ont été francs, comme ils l’avaient été, les 15 et 16 décembre à Dakar : « En Libye, vous n’avez pas fini le travail. Vous devez l’achever. » Paris se prépare et se tourne vers l’Onu, car il faudra au préalable une résolution des Nations unies et l’accord des voisins. L’Égypte a déjà donné son feu vert, prête à engager son aviation. L’Algérie reste le principal point de blocage. Sans stratégie alternative, elle ne veut “en aucune façon” de force internationale à ses frontières. C’était aussi ce qu’elle avait dit, à la veille de l’intervention française au Mali de janvier 2013. La paranoïa du régime algérien n’avait pas pesé lourd devant l’urgence.

Frédéric PONS

 

Source : Valeurs Actuellles