MARINE NATIONALE : Assurer la maîtrise des fonds marins

Posté le mardi 17 janvier 2023
 MARINE NATIONALE : Assurer la maîtrise des fonds marins

La Marine nationale se met en ordre de marche pour assurer la maîtrise des fonds marins

 

« Il fut une époque où la Marine nationale était à la pointe de l’exploration des fonds marins ». Cependant, elle a vite été rattrapée par d’autres pays. Ainsi, elle se doit de redévelopper ses capacités dans ce domaine.

Il fut une époque où la Marine nationale était à la pointe de l’exploration des fonds marins. D’abord grâce à l’impulsion donnée par le groupe dit de « Mousquemers », composé du capitaine de vaisseau Philippe Tailliez, du futur commandant Jacques-Yves Cousteau, de Frédéric Dumas [sans oublier l’officier ingénieur mécanicien Léon Vêche]. Au début des années 1940, il réalisa le premier film sous-marin français [par 18 mètres de fond].

Puis, à l’issue de la guerre, le chef d’état-major de la Marine nationale, qui était alors l’amiral André Lemonnier, décida la création du « Groupe de recherches sous-marines » [GRS], qui devint ensuite le « Groupe d’études et de recherches sous-marines » [GERS, en 1950], le Groupe d’intervention sous la mer [GISMER, en 1973], le « Commandement de l’intervention sous la mer » [COMISMER, en 1993], puis la Cellule plongée humaine et intervention sous la mer [CEPHISMER, en 2000].

Durant les années 1950/60, le « Groupe des bathyscaphes », sous les ordres du commandant Georges Houot, fut à l’origine de plusieurs exploits, comme la plongée dans la fosse des Kouriles, à 9545 mètres de profondeur, à bord du bathyscaphe « Archimède », avec trois hommes à bord. Seulement, ces capacités d’exploration des fonds marins déclinèrent à partir de la décennie 1970… Et seule l’IFREMER a, actuellement, les moyens d’envoyer un sous-marin habité – le Nautile – à 6000 mètres de profondeur.

Cependant, d’autres pays, à commencer par les États-Unis et la Russie, ont gardé leurs moyens d’exploration des abysses… mais aussi et surtout leurs capacités d’intervention. Et, étant donné les menaces qui pèsent désormais sur les câbles sous-marins de télécommunication [qui n’est certes pas nouvelle… le premier acte de sabotage ayant été commis durant la guerre entre le Chili et le Pérou, entre 1879 et 1883…] ainsi que sur les gazoducs et autres infrastructures énergétiques, la maîtrise des fonds marins est redevenue une priorité. D’où la stratégie ministérielle dévoilée par la France en février 2022… Et les moyens accrus qui seront alloués à la Marine nationale.

Cette stratégie va ainsi se traduire par un nouveau changement d’appellation de la CEPHISMER, qui va prendre de l’ampleur dans les années à venir. En effet, le 10 janvier, elle est officiellement devenue le « Centre expert dans la plongée humaine et l’intervention sous la mer » de la Marine nationale. Si le sigle ne change pas, il en va tout autement de son organisation.

Ainsi, explique la Marine, le CEPHISMER sera organisé selon trois « pôles », appuyés par une section « soutien ». Les deux premiers, appelés « maîtrise des risques en plongée » et « innovation / préparation de l’avenir », seront respectivement chargés d’assurer les fonctions de règlementation et de prospection [matérielle et doctrinale].

Enfin, le Groupe d’intervention sous la mer [GISMER] constituera le troisième pôle, en remplacement de la « Section intervention engin [SIE] ». Et son rôle sera d’assurer des missions « sous la mer au-delà du domaine de la plongée humaine ». La Marine précise que cette résurrection du GISMER, après une éclipse de trente ans, « incarne la montée en puissance de la maîtrise des fonds marins », ce qui se traduira par une hausse des effectifs d’ici l’été 2023.

Plus généralement, l’effectif du CEPHISMER – composé d’une cinquantaine de marins – va doubler à l’horizon 2030, afin de lui permettre d’utiliser des moyens nouveaux. Outre les robots sous-marins [ROV] Ulisse et Diomede, aux capacités limitées, qu’il met en oeuvre actuellement, le GISMER en disposera de quatre de plus, pouvant plonger à -3000 et -6000 mètres. Il sera aussi doté de quatre drones sous-marins [AUV] capables d’atteindre les mêmes profondeurs.

À noter que les effectifs et les moyens du CEPHISMER « seront équitablement répartis entre Toulon et Brest dans de nouvelles infrastructures en cours de conception », a indiqué la Marine nationale.

 

Laurent LAGNEAU
Opex360.com
14/01/2023



 
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Source : www.asafrance.fr