MARINE NATIONALE « La nouvelle devise de l’École navale est très signifiante pour toute la Marine » (Amiral Pierre VANDIER)

Posté le jeudi 28 octobre 2021
MARINE NATIONALE « La nouvelle devise de l’École navale est très signifiante pour toute la Marine » (Amiral Pierre VANDIER)


« Pour la France, par les mers, nous combattons »

 

Vendredi 22 octobre, en présence de Florence Parly, la ministre des Armées, le patron de la Marine, l’amiral Pierre Vandier, a inauguré la nouvelle devise de l’École navale. Et a enjoint ses 700 élèves à s’en inspirer pour faire face aux défis actuels et futurs.


Pourquoi changer maintenant la devise des futurs officiers de marine ?

« Celle qui précédait, « Obéir avant de commander », était oubliée. Instaurée au début des années 60, elle faisait référence à une page douloureuse de notre histoire, le putsch d’Alger. Extraite du règlement des galères, elle était inhibante. Nous voulons que les élèves soient fiers de leur devise et puissent s’en inspirer, dans une période où les défis qui s’annoncent nécessitent une forme d’enthousiasme, de liberté, comme l’a souligné la ministre des Armées, Florence Parly, en citant le poète Charles Baudelaire : « Homme libre, tu chériras la mer » ».


Comment s’est effectué le choix ?

« J’ai dit aux élèves : l’affaire se traitera entre vous et moi. Après leurs réflexions préparatoires, j’ai passé un week-end avec eux à Brest pour affiner leur choix. Dans la dernière ligne droite, nous nous sommes appuyés sur les écrivains de marine. Ils ont apporté à la formule sa touche littéraire, son rythme, sa sonorité ».

On y retrouve le mot « combat ». Il est d’actualité dans les armées…

« Ce n’est pas une idée nouvelle. Pour nourrir leurs réflexions, j’avais transmis aux élèves le discours prononcé par le général De Gaulle devant leurs anciens le 15 février 1965 : « La Marine, et celle d’aujourd’hui et celle de demain, est faite pour la guerre, pour combattre, pour s’y préparer d’abord et le cas échéant pour l’accomplir ». À cette occasion, il avait lancé la force de dissuasion océanique et enjoint la Marine à tenir un rang particulier dans le paysage géostratégique. Au regard de l’évolution des tensions internationales, la dimension de la préparation au combat s’impose de nouveau ».

Qu’est-ce que la devise changera concrètement ?

« La seconde proposition, « par les mers », est très signifiante. La Marine ne veut pas s’enfermer dans son milieu. C’est depuis la mer que nous agissons, mais nous voulons embrasser tous les milieux et être intégrés aux autres armées. Nous nous inscrivons dans la dynamique générale : la défense du pays. Le « nous combattons » comporte deux aspects. Il insiste sur l’esprit d’équipage, sur l’aventure et le destin commun lié au navire. L’utilisation du présent indique que le combat est quotidien. Il faut lutter contre les éléments, contre les forces de désorganisation, contre la bureaucratie. Il revêt aussi une dimension morale et spirituelle. Cette devise illustre le fait que nous avons une marine d’opérations. Depuis la dissuasion à la lutte contre les trafics, en passant par la préparation à l’affrontement qui peut survenir demain ».

Quel est l’état des tensions en mer ?

« L’ampleur du réarmement naval est sidérante. Sans équivalent, si ce n’est peut-être dans les années 30. En dix ans, la flotte chinoise a grossi de 130 %. Des petites marines se sont développées à la vitesse de l’éclair, comme la Malaisie et l’Indonésie. Près de chez nous, la marine turque lance la construction de cent patrouilleurs ; c’est dix fois le nombre que nous mettons en ligne. L’Algérie possède désormais six sous-marins russes de type Kilo équipés des missiles de croisière navale Kalibr. Cela change la donne. Elle dispose de corvettes chinoises et de radars fabriqués par Thalès que nous n’avons pas encore. Je dis à mes troupes : nous sommes entrés dans une ère carnivore sur le plan naval, où la démonstration de force et l’affrontement font partie de la feuille de route des dirigeants de ces puissances navales. Ils se donnent les moyens de changer les règles ».

En mer, la menace est donc globale ?

« Oui, car la mer, comme le cyberespace, est un espace commun. N’importe où se positionne une flotte en mer, elle est en contact avec une partie du monde. La marine iranienne a récemment participé à l’anniversaire de la marine russe à Sébastopol, en mer Noire, en faisant le tour de l’Afrique. Malgré l’embargo international qui la frappe, Téhéran a été capable de mobiliser l’énergie nécessaire pour aller au contact du monde ».

Après l’affaire Aukus, quid de notre présence dans la zone indo-pacifique ?

« Rien n’a changé sur le plan opérationnel : cette zone abrite toujours 1,6 million de ressortissants et 90 % de notre zone économique exclusive (ZEE). Sur l’eau, la priorité reste la défense de nos intérêts et de la liberté de navigation, en partenariat avec nos alliés. Nous sommes d’ailleurs en train de renouveler nos moyens. Je pense en particulier au lancement du programme des six patrouilleurs outre-mer et, demain, au renouvellement de nos frégates de surveillance ».

Propos de l’amiral Pierre VANDIER
Chef d’état-major de la Marine
Source : Le Télégramme
Date : 24/10/2021


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Source : www.asafrance.fr