MOMUMENT MÉMORIEL : Pour un hommage commun à « Ceux de 14 » et à nos morts en opérations extérieures le 11 novembre 2019.

Posté le lundi 11 mars 2019
MOMUMENT MÉMORIEL : Pour un hommage commun à « Ceux de 14 » et à nos morts en opérations extérieures le 11 novembre 2019.

Le monument dédié aux militaires français morts en opérations extérieures (OPEX) et dont le projet fut initié, en 2011, à la demande du ministre de la Défense, par un rapport du général d’armée Bernard Thorette, ancien chef d’état-major de l’armée de Terre, commence enfin à voir le jour.

Longtemps enlisé dans des débats à connotation politique et dans les limbes où la Mairie de Paris a contribué à le maintenir, ce monument sera érigé dans une partie du Parc André Citroën, le jardin Eugénie-Djendi[1], dit encore jardin Noir, dans le 15e arrondissement de Paris, et devrait être terminé avant la fin de cette année  2019.

La gravure, sur des plaques de laiton, des 600 noms de ceux à qui ce monument est dédié et qui, entourant le monument, constitueront le Mémorial, a commencé en atelier. Une maquette en mousse, grandeur nature, de la statue constituée de six porteurs d’un cercueil symboliquement absent  (cinq hommes et une femme), réalisée à partir de vrais modèles issus de toutes les composantes de nos armées, a été réalisée. Elle est criante de réalisme et ses détails sont très soignés. Enfin, les travaux d’aménagement du jardin commenceront au début de la belle saison.

Si le calendrier du déroulement des différentes étapes de cette réalisation est respecté, le monument sera livrable courant octobre. Dès lors, se pose la question de la date de son inauguration. On pense immédiatement au 11 novembre suivant. Mais, à cette date, le président de la République envisagerait l’entrée au Panthéon de Ceux de 14 avec, à leur tête, Maurice Genevoix. Cela mène à envisager une alternative : soit la tenue des deux cérémonies le même jour, soit à deux dates différentes.

D’aucuns craignent qu’en cas de simultanéité, le Panthéon écrase les OPEX et que l’inauguration du monument devienne accessoire. Cet argument n’est pas à balayer d’un revers de main, encore que cela dépende du degré de solennité donné aux deux cérémonies. Si le président de la République inaugure en personne le monument OPEX et si sa présence est précédée de la pédagogie nécessaire, alors il n’y a guère de raison que ce deuxième (ou premier dans l’ordre chronologique ?) volet d’une même journée commémorative passe au second plan.

En revanche, si les deux cérémonies avaient lieu le même jour, il y aurait là une charge symbolique extraordinairement puissante permettant de relier nos plus récents morts pour la France à leurs grands anciens de la Grande Guerre et de montrer ainsi que, sans discontinuité, les différentes générations du feu n’ont jamais cessé de défendre notre pays et de mourir pour lui. En outre, il y aurait là, pour la première fois peut-être, une application concrète de la loi du 28 février 2012 qui, dans son article premier, stipule que : « Le 11 novembre, jour anniversaire de l'armistice de 1918 et de commémoration annuelle de la victoire et de la Paix, il est rendu hommage à tous les morts pour la France.[2] »

Si le destin lui avait permis de vivre plus longtemps, la fille de Maurice Genevoix, Sylvie, aurait alors pu, au cours de la même journée, rendre hommage à son père avec l’ensemble des Français et saluer la mémoire de nos soldats morts hors de nos frontières dans le cadre de la lutte conduite par notre pays contre le terrorisme dont fut victime son mari, Bernard Maris, assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.

La référence faite ici à la dimension familiale des morts honorés nous amène à suggérer, dans l’hypothèse souhaitée d’une double cérémonie le même jour et, si possible, le 11 novembre, que les familles des morts en OPEX soient également officiellement invitées   la cérémonie du Panthéon et mises en avant.

En effet, lors d’une mort en OPEX, la famille du décédé constitue, avec l’unité militaire à laquelle celui-ci appartenait, le premier cercle mémoriel. C’est la famille qui décide du lieu d’inhumation et d’une partie  du cérémonial des obsèques. La « mémoire militaire » matérialisée par des plaques ou des monuments dans les cours des casernes se double d’une « mémoire privée »  dont le premier élément constitutif est, après la cérémonie militaire, l’hommage rendu au sein de la sphère familiale. Une présence des familles des morts en OPEX aux deux cérémonies permettrait d’amalgamer, d’agréger, de relier ces diverses mémoires familiales à la mémoire nationale, à créer un pont entre des histoires privées et la grande Histoire de notre pays.

L’entrée de Maurice Genevoix au Panthéon, au milieu des grandes figures de la Nation, s'est imposée petit à petit comme étant celle du  porte-parole des soldats de 1914. Donc, à travers lui, entrent au Panthéon tous les soldats de 1914.  "L'entrée au Panthéon récompense à la fois Maurice Genevoix le soldat de 14 et l'écrivain qui leur a permis de vivre dans notre mémoire",  souligne Xavier Pierson, le maire des Éparges (70 habitants) et le délégué de l’ASAF pour le département de la Meuse.

L’inauguration, le même jour, du monument dédié à la mémoire des militaires morts en opérations extérieures serait le symbole de l’entrée solennelle de tous les soldats morts pour la France depuis 55 ans dans le Panthéon mémoriel de la France. En se donnant la main, Ceux de 14 et Ceux des OPEX témoigneraient de la continuité sans faille de l’Histoire glorieuse de notre pays.

 

Gilbert ROBINET
Secrétaire général de l’ASAF

 

 

[1] Eugénie-Malika Djendi (1918-1945) sous-lieutenant, opératrice radio, membre  de l’exécutif des opérations spéciales (SOE) exécutée à Ravensbrück en 1945.

[2] L’honnêteté intellectuelle nous oblige à dire que cet article se poursuit, hélas, par la phrase suivante : « Cet hommage ne se substitue pas aux autres journées de commémoration nationales. »


Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr