NOTRE-DAME : Jean-Louis GEORGELIN, un général pour veiller sur Notre-Dame

Posté le jeudi 18 avril 2019
NOTRE-DAME : Jean-Louis GEORGELIN, un général pour veiller sur Notre-Dame

L'exécutif a nommé l'ancien chef d'état-major des armées à la tête d'une mission spéciale pour veiller à l'avancement des travaux de Notre-Dame.

« Je n'ai que l'âge du général de Gaulle lorsqu'il est revenu au pouvoir. Alors, si le pays a besoin de moi… »
En septembre 2016, au moment de laisser les rênes de l'ordre de la Légion d'honneur, dont il était le grand chancelier, Jean-Louis Georgelin ne semblait pas pressé d'entamer une retraite bien méritée après quarante-neuf années au service du pays. Mais comment pouvait-il imaginer que ce serait un terrible incendie ravageant Notre-Dame de Paris qui l'en sortirait, trente mois plus tard. À l'issue du conseil des ministres ce mercredi matin, au surlendemain de la catastrophe, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé la nomination de l'ancien chef d'état-major des armées à la tête d'une mission de représentation spéciale « afin de veiller à l'avancement des procédures et des travaux qui seront engagés ».

Figure symbolique

Un militaire surveiller la reconstruction de la cathédrale en cinq ans ? L'espace d'un instant, l'idée peut paraître saugrenue. Mais, en ce moment de communion et d'unité, il fallait que le président de la République trouve une figure symbolique à la hauteur de ce que représente l'édifice emblématique dans l'imaginaire des Français : le bien commun, inconditionnel, tout entier. Qui mieux, alors, que l'ancien plus haut gradé de la « Grande Muette » ? Comment contester l'autorité, les qualités organisationnelles et le sens du dévouement de celui qui a été pendant près de quatre ans chargé de coordonner les trois armées (Terre, Air, Marine) au service du pays ? Le bâtisseur de la défense nationale. L'homme est, de surcroît, particulièrement attaché à la cathédrale sauvée des flammes. « Jean-Louis est né dans une famille modeste des Pyrénées, il aime Notre-Dame de Paris comme un provincial transplanté peut l'aimer », glisse l'un de ses amis. Georgelin, fervent catholique mais réservé sur sa foi, s'y rendait d'ailleurs souvent pour la traditionnelle messe du dimanche. Des raisons qui ont sans doute séduit Emmanuel Macron à l'heure du choix.

Pourtant, le général à la parole rare n'a pas toujours été tendre avec le président de la République depuis son accession à l'Élysée. Invité à s'exprimer sur la démission, inédite dans l'histoire de la Ve République, de son successeur Pierre de Villiers à l'été 2017 – réprimandé par Emmanuel Macron pour avoir demandé le maintien du budget de l'armée –, Jean-Louis Georgelin avait qualifié la sortie du chef de l'État, sur France Culture un an plus tard, d'« agression verbale ». Quelques jours avant d'enfoncer le clou : « Je pense que le président a fait ce que nous appelons dans l'armée une faute de commandement, par les propos et les circonstances dans lesquels il a réprimandé Pierre de Villiers », a-t-il déclaré au micro de Sud Radio. De toute évidence, Emmanuel Macron a fait fi de ces critiques farouches en s'assurant les services de cet intellectuel de 70 ans, passionné de politique, de littérature et d'histoire.

Connaisseur du pouvoir au franc-parler

Formé à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr à la fin des années 1960 et engagé dans l'infanterie, le jeune homme part, une fois promu commandant, à Fort Leavenworth, aux États-Unis, pour suivre le Command and General Staff College, à l'issue duquel il rejoint l'École supérieure de guerre de Paris. Dans les années 1990, il devient tour à tour auditeur au Centre des hautes études militaires (CHEM) et à l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), est nommé général adjoint de la 11e division parachutiste et rejoint la force de stabilisation en ex-Yougoslavie.

C'est dans les années 2000 qu'il côtoie profondément l'univers politique. Promu général de corps d'armée en 2002, il est nommé la même année chef de l'état-major particulier du président de la République Jacques Chirac. À l'Élysée, il le conseille notamment dans le dossier ô combien historique de la guerre en Irak, à laquelle la France refusera de participer, et sur la question de modernisation de la force de frappe nucléaire française et de son adaptation à la menace terroriste. Nommé chef d'état-major des Armées françaises (CEMA) le 4 octobre 2006, il garde la confiance de Nicolas Sarkozy quand celui-ci arrive au pouvoir, alors que les relations entre les deux hommes ont parfois été tendues lors du quinquennat précédent. Le nouveau locataire de l'Élysée a cependant appris à apprécier le franc-parler et la personnalité haute en couleur – voire « volcanique », selon la journaliste Nathalie Guibert dans son ouvrage Qui c'est le chef – du natif de la Haute-Garonne à la voix grave et portante. Habitué à la pression du politique, fortement apprécié par Nicolas Sarkozy, capable d'instaurer un rapport direct et spontané avec sa hiérarchie…, autant de qualités appréciées par le chef de l'État, et qui l'ont convaincu de choisir l'ancien CEMA pour relever l'un des plus grands défis du quinquennat.

Erwan BRUCKERT
lepoint.fr

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr