NOTRE-DAME, l’État et la France : LIBRE OPINION de Caroline GALACTEROS.

Posté le lundi 22 avril 2019
NOTRE-DAME, l’État et la France : LIBRE OPINION de Caroline GALACTEROS.

Le calvaire de Notre-Dame : le deuil et l’espoir français

 

Ce drame rappelle la fragilité du sacré, de l’Etat mais aussi de la France. Un beau triptyque à reconstruire.

L’Arc de triomphe de l’Étoile défiguré, les Champs Elysées sauvagement pillés et maintenant Notre-Dame ravagée par les flammes. Cette triade tragique exprime comme une décadence des temps et des hommes, comme un ensauvagement culturel, social et politique fatidique, comme un signe, non de la fin des temps, mais de la fin de notre temps. Par notre faute.

A force d’indifférence, à force de désinvolture régalienne (comment un chantier d’une telle importance nationale a-t-il pu ne pas être proprement sécurisé et surveillé pour parer à tout début d’incendie ?), à force de repentance éruptive et stupide, à force d’ignorance et de littéralisme, à force d’inhibition, d’auto-flagellation et de relativisme, ce sont les plus grands symboles de la permanence d’une nation qui semblent renoncer, se détourner de nous et se laisser outrager devant notre ingratitude et notre impéritie ahurissantes.

Notre renoncement satisfait à ce qu’est encore la France aux yeux de ses citoyens et du monde entier, notre manque d’empathie pour cette beauté qui se donne depuis des siècles, mais que l’on ne voit plus et laisse abimer sans coup férir « pour que les Français s’expriment » nous ont fait oublier l’essentiel. La France, nation millénaire, par-delà ses régimes multiples, ses grands hommes, ses princes guerriers et bâtisseurs d’empires, par-delà ses gloires et ses tragédies, est restée « la fille ainée de l’Eglise ». N’en déplaise aux ignorants ou aux conquérants en embuscade qui boivent notre haine de nous-mêmes comme du petit lait, nous nous sommes construits comme nation, comme Etat, sur un terreau chrétien. Celui-là même dont on nous fait désormais à tout instant grief comme si c’était une tare, un gros mot, tant nous sommes perçus comme faibles et prompts à la « repentance ». Nos molles consciences politiques esquivent depuis des décennies cette évidence avec entrain pour gagner leur brevet en modernisme, en progressisme. Nous ne sommes pas les seuls dira-t-on. On voit pourtant où la négation des racines chrétiennes de l’Europe nous a menés. Et combien le salut de notre Union, s’il advient, passera notamment par une « détabouisation » culturelle et par l’affirmation de ce que nous sommes et d’où nous venons, un « aveu » enfin porté comme un étendard, non comme une flétrissure.

Oui, les pierres, mêmes incandescentes et torturées par les flammes, restent vivantes. L’appartenance, concrète ou symbolique, mais toujours affective à une nation telle que la nôtre, s’incarne dans ses symboles culturels, que ce soient ses cathédrales, ses châteaux, ses musiciens, ses écrivains. C’est quelque chose de bien plus grand que nous, auquel nous nous sentons appartenir et qui, chacun, nous élève, que l’on soit ou non croyant, pratiquant, catholique, athée ou même d’une autre confession. La question n’est vraiment pas là. Elle n’est pas plus dans une quelconque attaque de la laïcité, pierre angulaire incontestée de notre République. La Chrétienté est simplement notre substrat culturel et spirituel, comme les fameuses « racines chrétiennes de l’Europe », que nos gouvernants, à de rares exceptions près, voudraient bien couper raz et mettre dans le formol comme des os de dinosaure.

En ces temps de sécheresse de cœur et d’esprit, d’hubris transhumaniste, de mirages matérialistes, d’agression ouverte par ceux qui misent sur notre pusillanimité pour s’imposer et traitent de rétrogrades et de passéistes les derniers porteurs d’une transcendance nationale vivante, il faut se souvenir de ce que nous sommes. C’est le déracinement qui nous perd et nous désoriente. Il n’y a pas que la transcendance religieuse. Il y a plus encore une transcendance nationale couplée à une immanence de la Vie en chacun de nous. Ce double trésor qui permet le dialogue, le partage, doit nous rassembler et nous aider à combattre les démons mondains qui nous saisissent et nous égarent.

Aujourd’hui, dans un terrible paradoxe, le brasier de la Flèche de notre cathédrale signe la renaissance possible. C’est même le « kairos » parfait. Et les mots du général de Gaulle lors de la libération de Paris nous viennent au cœur : « ... Non, nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes, nous le sentons tous, qui dépassent chacune de nos pauvres vies. Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! »

Nous devons nous libérer enfin de cette infâme pelure de fatalisme qui entrave nos forces et paralyse notre génie national. Puisse ce drame se révéler cathartique. L’immense émotion qui s’exprime ne doit pas être recouverte dans quelques jours par d’autres « actualités ». Le « business as usual » est inaudible et se paiera très cher politiquement. Exactement comme lorsque nos concitoyens périssent sous les balles terroristes, les bougies et les chants sacrificiels ne suffiront plus. Il faut refuser ce qui n’a rien d’inéluctable et se battre. Pour reconstruire notre cathédrale mais aussi notre nation tout entière.


Caroline GALACTEROS
Présidente de GEOPRAGMA

 

Le calvaire de Notre-Dame : le deuil et l’espoir français

 

Ce drame rappelle la fragilité du sacré, de l’Etat mais aussi de la France. Un beau triptyque à reconstruire.

L’Arc de triomphe de l’Étoile défiguré, les Champs Elysées sauvagement pillés et maintenant Notre-Dame ravagée par les flammes. Cette triade tragique exprime comme une décadence des temps et des hommes, comme un ensauvagement culturel, social et politique fatidique, comme un signe, non de la fin des temps, mais de la fin de notre temps. Par notre faute.

A force d’indifférence, à force de désinvolture régalienne (comment un chantier d’une telle importance nationale a-t-il pu ne pas être proprement sécurisé et surveillé pour parer à tout début d’incendie ?), à force de repentance éruptive et stupide, à force d’ignorance et de littéralisme, à force d’inhibition, d’auto-flagellation et de relativisme, ce sont les plus grands symboles de la permanence d’une nation qui semblent renoncer, se détourner de nous et se laisser outrager devant notre ingratitude et notre impéritie ahurissantes.

Notre renoncement satisfait à ce qu’est encore la France aux yeux de ses citoyens et du monde entier, notre manque d’empathie pour cette beauté qui se donne depuis des siècles, mais que l’on ne voit plus et laisse abimer sans coup férir « pour que les Français s’expriment » nous ont fait oublier l’essentiel. La France, nation millénaire, par-delà ses régimes multiples, ses grands hommes, ses princes guerriers et bâtisseurs d’empires, par-delà ses gloires et ses tragédies, est restée « la fille ainée de l’Eglise ». N’en déplaise aux ignorants ou aux conquérants en embuscade qui boivent notre haine de nous-mêmes comme du petit lait, nous nous sommes construits comme nation, comme Etat, sur un terreau chrétien. Celui-là même dont on nous fait désormais à tout instant grief comme si c’était une tare, un gros mot, tant nous sommes perçus comme faibles et prompts à la « repentance ». Nos molles consciences politiques esquivent depuis des décennies cette évidence avec entrain pour gagner leur brevet en modernisme, en progressisme. Nous ne sommes pas les seuls dira-t-on. On voit pourtant où la négation des racines chrétiennes de l’Europe nous a menés. Et combien le salut de notre Union, s’il advient, passera notamment par une « détabouisation » culturelle et par l’affirmation de ce que nous sommes et d’où nous venons, un « aveu » enfin porté comme un étendard, non comme une flétrissure.

Oui, les pierres, mêmes incandescentes et torturées par les flammes, restent vivantes. L’appartenance, concrète ou symbolique, mais toujours affective à une nation telle que la nôtre, s’incarne dans ses symboles culturels, que ce soient ses cathédrales, ses châteaux, ses musiciens, ses écrivains. C’est quelque chose de bien plus grand que nous, auquel nous nous sentons appartenir et qui, chacun, nous élève, que l’on soit ou non croyant, pratiquant, catholique, athée ou même d’une autre confession. La question n’est vraiment pas là. Elle n’est pas plus dans une quelconque attaque de la laïcité, pierre angulaire incontestée de notre République. La Chrétienté est simplement notre substrat culturel et spirituel, comme les fameuses « racines chrétiennes de l’Europe », que nos gouvernants, à de rares exceptions près, voudraient bien couper raz et mettre dans le formol comme des os de dinosaure.

En ces temps de sécheresse de cœur et d’esprit, d’hubris transhumaniste, de mirages matérialistes, d’agression ouverte par ceux qui misent sur notre pusillanimité pour s’imposer et traitent de rétrogrades et de passéistes les derniers porteurs d’une transcendance nationale vivante, il faut se souvenir de ce que nous sommes. C’est le déracinement qui nous perd et nous désoriente. Il n’y a pas que la transcendance religieuse. Il y a plus encore une transcendance nationale couplée à une immanence de la Vie en chacun de nous. Ce double trésor qui permet le dialogue, le partage, doit nous rassembler et nous aider à combattre les démons mondains qui nous saisissent et nous égarent.

Aujourd’hui, dans un terrible paradoxe, le brasier de la Flèche de notre cathédrale signe la renaissance possible. C’est même le « kairos » parfait. Et les mots du général de Gaulle lors de la libération de Paris nous viennent au cœur : « ... Non, nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes, nous le sentons tous, qui dépassent chacune de nos pauvres vies. Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! »

Nous devons nous libérer enfin de cette infâme pelure de fatalisme qui entrave nos forces et paralyse notre génie national. Puisse ce drame se révéler cathartique. L’immense émotion qui s’exprime ne doit pas être recouverte dans quelques jours par d’autres « actualités ». Le « business as usual » est inaudible et se paiera très cher politiquement. Exactement comme lorsque nos concitoyens périssent sous les balles terroristes, les bougies et les chants sacrificiels ne suffiront plus. Il faut refuser ce qui n’a rien d’inéluctable et se battre. Pour reconstruire notre cathédrale mais aussi notre nation tout entière.


Caroline GALACTEROS
Présidente de GEOPRAGMA

 

Rediffusé sur le dite de l'ASAF : www.asafrance.fr

 

Source : www.asafrance.fr