OPEX : Le 1er RTP ou les paras invisibles de Barkhane.

Posté le lundi 24 septembre 2018
OPEX : Le 1er RTP ou les paras invisibles de Barkhane.

Depuis 2014, l'opération Barkhane combat les groupes armés terroristes dans la bande sahélo-saharienne (BSS). Tchad, Niger, Mali, Mauritanie, Burkina-Faso : 4 500 soldats français sont déployés sur cet immense théâtre dont le ravitaillement par l'air est la clé. Il est assuré par un régiment «singulier» car sans équivalent en Europe : le 1er régiment du train parachutiste de Francazal (1er RTP).

Une barkhane. Le terme veut dire : « dune en forme de croissant allongé ». Cette dune figure sur l'insigne que portent à l'épaule les 4500 militaires français actuellement déployés pour cette opération extérieure. Parmi eux, venus de Carcassonne, Castres, Tarbes, Montauban ou Calvi, 1500 hommes de la 11e brigade parachutiste (11e BP) de Toulouse forment l'ossature de la Force, sur le terrain.
Engagés pour la majorité en première ligne contre les groupes salafistes jihadistes, ils effectuent des missions longues et en profondeur avec les Forces armées maliennes (Fama) et en partenariat avec les cinq pays du G5 Sahel (Tchad, Niger, Mali, Mauritanie et Burkina-Faso). Cette coopération est le principe fondateur de Barkhane. Venue prendre le relais des opérations Serval et Épervier, Barkhane vise en effet «à favoriser l'appropriation par les pays du G5S de la lutte contre les groupes armés terroristes», résume le ministère de la Défense… Mais les cinq pays concernés peinent toujours à trouver les 423 millions d'euros prévus pour lancer leur propre force conjointe de 5 000 hommes.

Une zone stratégique

Depuis l'épopée de «la colonne du Tchad» de Leclerc jusqu'à Koufra en 1941, la France sait l'importance stratégique de cette zone, qui prolonge l'Europe via la Méditerranée et le Sahara… Une importance que l'Europe découvre aujourd'hui seulement, avec la crise des migrants et le trafic d'êtres humains qui nourrit aussi les caisses des «seigneurs» de guerre.

Sécuriser les populations, c'est le préalable pour qu'une activité normale redémarre afin de freiner un exode alimenté aussi par une autre réalité du continent : l'explosion démographique de l'Afrique au sud du Sahara, passée de 230 millions d'habitants en 1960 à un milliard aujourd'hui, mais offrant peu de perspectives à la vitalité d'une jeunesse elle aussi connectée au monde.
En attendant une solution «qui ne peut être que politique», Barkhane continue donc à combattre sur le terrain un terrorisme djihadiste en constante évolution dans les nombreuses zones où le concept d'état n'a pas de traduction concrète – qu'il s'agisse de sécurité, de santé ou d'éducation. « Que ce soit à Paris, Nice, Toulouse avec l'opération Sentinelle, ou ici, avec Barkhane, ce sont les deux fronts d'une même guerre. Ici, si l'on prend la métaphore du cancer, nous avons liquidé les plus grosses tumeurs et leur logistique dans le Nord, l'Adrar des Ifoghas, mais les métastases se sont déplacées, et même si le délabrement des groupes terroristes est patent, leurs actions menacent le Niger et le Burkina-Faso», résume un officier supérieur devant la carte d'un Mali encore très instable.

Les «invisibles» de Francazal

Occuper le terrain et maintenir une pression constante afin de ne laisser aucun répit à l'ennemi : c'est donc la mission des parachutistes de la 11e BP de nouveau fortement engagés sur le terrain, à l'est de Gao, dans la région de Ménaka, comme sur tous les points chauds d'un territoire grand comme l'Europe, le plus vaste théâtre d'opérations de l'armée française depuis la Deuxième Guerre mondiale ! Immensité qui est militairement impraticable sans avions. Et donc sans le régiment le plus méconnu, sans doute, de la 11e BP : le 1er régiment du train parachutiste, incontournable interface entre l'air et le sol pour parachuter ou livrer les troupes en ravitaillement. Dans les coulisses du théâtre, les parachutistes de Francazal sont alors les «invisibles indispensables» de Barkhane.

Régiment unique Créé en 1999, le 1er RTP compte 620 hommes et femmes basés au quartier colonel Edme. Désormais pilier du Pôle national des opérations aéroportées à Toulouse-Francazal, il est donc l'un des maillons essentiels des capacités stratégiques d'engagement de la France, les parachutistes de la 11e BP assurant en permanence l'alerte Guépard qui permet de projeter 800 hommes en 48 heures. Spécialiste de la mise à terre des personnels et du matériel, le 1er RTP dispose en effet d'une expertise unique en Europe dans la livraison par air qui le fait travailler tant pour l'armée de Terre, l'armée de l'Air et la Marine qu'au profit de missions de secours, pour des largages humanitaires, ou pour l'évacuation de ressortissants.

Présent partout dans le monde, il rappelle que la France est aujourd'hui le seul pays d'Europe encore capable de planifier et d'exécuter des opérations aéroportées lourdes, de façon autonome.

 

LA DEPECHE
20/09/2018

 

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

 

Source : www.asafrance.fr