POLITIQUE : Repentance perpétuelle. LIBRE OPINION de Paul RIGNAC.

Posté le mercredi 10 octobre 2018
POLITIQUE  : Repentance perpétuelle. LIBRE OPINION de Paul RIGNAC.

Au fil d’un quinquennat qui avance inexorablement – et de plus en plus en eaux troubles – le président Macron semble réaliser qu’il n’a guère de prise sur les évènements. Éprouvant quelques difficultés à résoudre les problèmes du temps présent, il s’attaque à ceux des temps passés. C’est ainsi qu’il bat sa coulpe avec constance sur le dos de nos ancêtres. C’est indolore et ça donne bonne conscience à peu de frais. Il n’en est pas encore, comme le Premier ministre espagnol, à faire déterrer les cadavres, mais on peut s’attendre à tout.

 

L’instrumentalisation de l’Histoire serait-elle devenue le dernier refuge des politiciens en situation d’échec ?

La nouvelle séquence d’autoflagellation franco-française, à soixante ans de distance, porte encore sur la guerre d’Algérie à travers le destin tragique d’un jeune universitaire communiste, Maurice Audin, complice objectif et assumé des poseurs de bombes du FLN, torturé et assassiné pendant la bataille d’Alger. Je me garderai de revenir sur l’argumentaire implacable développé par Jean Sévillia dans Le Figaro et par Éric Zemmour sur RTL.

Ils ont trouvé une fois encore les mots justes pour diagnostiquer le nouveau prurit de repentance qui défigure l’Élysée. Je relèverai, pour ma modeste part, un étonnant argument d’Alain Duhamel lors du débat qui l’a opposé à Éric Zemmour (RTL). Le journaliste disait en substance ceci : la France est grande parce qu’elle est une démocratie, et elle montre l’exemple au monde entier en faisant acte de repentance. Par contre, l’Algérie n’est pas une démocratie, et l’on ne peut donc pas attendre qu’elle se comporte aussi bien. Sous- entendu, l’Algérie n’est actuellement ni grande, ni exemplaire.

 

Les propos d’Alain Duhamel s’inscrivent dans le droit-fil de l’alibi de nos anciennes entreprises coloniales : la supériorité de la civilisation Française.

Aujourd’hui, ce ne sont plus les mêmes mots, mais c’est le même état d’esprit. On ne parle plus du devoir des « races supérieures » d’apporter la bonne parole aux « races inférieures » (comme disait Léon Blum, entre autres), mais on se gargarise de démocratie. On prend les mêmes intentions et on recommence. Toujours cette prétention à faire la morale à la terre entière et à poser en exemple universel notre « culture supérieure », en l’occurrence la culture démocratique. Seulement, quand l’une des manifestations de cette « culture supérieure » consiste à renier nos pères, à les insulter, à les traiter de criminels contre l’humanité, il ne faut pas s’étonner que les « cultures inférieures » rechignent à nous considérer comme des exemples à suivre. En fait, les civilisations de nos anciennes colonies n’ont traditionnellement que mépris et dégoût pour ceux qui n’honorent pas leurs ancêtres. Ce n’est pas d’abord une question de grandeur ou de petitesse, c’est une question de survie civilisationnelle. Du

Maghreb à l’Indochine, en passant par l’Afrique noire et Madagascar, des

Amériques à l’Océanie, tous l’ont compris, tous le savent. Nous l’avons oublié.

 

Cracher sur les tombes des militaires français qui n’ont fait qu’obéir aux ordres des politiciens « démocratiquement élus », et faire du même coup l’apologie d’un complice des poseurs de bombes, c’est cela qui est dégradant, avilissant, c’est cela qui détruit à petit feu notre culture sous le regard affligé (ou goguenard) de ceux à qui l’on prétend encore donner des leçons.

 

Paul RIGNAC
Magistro
2 octobre 2018

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr