SANTÉ : Premier laboratoire « P3 » déployé en Guinée

Pour la première fois, un laboratoire « P3 » modulaire a été déployé en opérations extérieures. Il a permis le diagnostic et le suivi de l’évolution des trois soignants guinéens contaminés par le virus Ébola hospitalisés jusqu’à présent au centre de traitement des soignants de Conakry.
« Des laboratoires de ce niveau de sécurité existent dans les hôpitaux militaires pour les plans biotox, mais c’est la première fois qu’une installation modulaire de ce type est mise en œuvre sur le terrain » expliquent les biologistes du CTS.
Ce laboratoire modulaire a été imaginé par les équipes de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Bégin et de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA). Un groupe de travail, auquel ont participé des membres des neuf hôpitaux militaires, l’a concrétisé par la création d’une enceinte en dépression avec sas qui abrite deux « boîtes à gants » et des postes de sécurité microbiologique de niveau 3, déployée en quelques heures. Le but : protéger l’utilisateur qui manipule le sang contaminé et éviter la contamination environnementale en cas d’incident.
Avant leur départ pour Conakry, les biologistes et les techniciens de laboratoire ont été formés à l’hôpital Bégin à l’utilisation du matériel en portant l’Équipement de protection individuelle (EPI). L’équipe arrivée à Conakry le 14 janvier pour la mise en place sous tente est désormais bien rôdée. Les échantillons sanguins arrivent dès 7h30 de la zone d’hospitalisation du CTS.
Deux équipiers entrent en EPI dans le P3, pendant qu’un troisième supervise depuis l’extérieur. L’un fait l’analyse biochimique, pendant que l’autre procède à la numération formule sanguine et aux tests de diagnostic rapide. Les résultats sont photographiés et sortis du P3 par Bluetooth. La phase délicate d’inactivation virale est confiée à un quatrième équipier ; elle permet de ressortir les échantillons plasmatiques sécurisés en vue de la mise en évidence virale par PCR dans le laboratoire conventionnel, dernier examen, rendu pour 13h30. « On surveille les fonctions hépatique et rénale, les signes d’inflammation, l’hémostase et la numération de la formule sanguine. On se rapproche d’une prise en charge de métropole la plus complète possible pour permettre aux cliniciens d’élaborer la réhydratation et les thérapeutiques anti-infectieuses dans les meilleures conditions » explique un biologiste.
Le laboratoire contribue également au diagnostic différentiel par des tests de diagnostic rapide du paludisme, de la dengue ou du VIH. Une réelle plus-value dans le diagnostic des « non cas ». Dans le cadre du protocole « Jiki » d’essai thérapeutique par le Favipiravir©, le laboratoire fournit ses résultats de PCR et de certains marqueurs biologiques. Il congèle des échantillons inactivés pour des études qui seront menées en France. La fin d’après-midi est réservée aux opérations de bio nettoyage, de décontamination des « boites à gants » et à l’évacuation des déchets selon les procédures en vigueur. Seules ombres au tableau : la chaleur, la poussière et les coupures d’électricité, classiques pour un théâtre d’opération, mais réelle menace pour un laboratoire. Un technicien biomédical veille donc aux bonnes conditions de fonctionnement du matériel médical, notamment des automates. Il a déployé et raccordé groupes électrogènes, onduleurs et climatisation pour assurer une énergie et une température constantes et qu’ainsi « chacun travaille dans de bonnes conditions. Une analyse qui dure deux ou trois heures ne peut pas être stoppée à cause d’une panne de courant » précise-t-il.
Source: defense.gouv.fr
Auteur : BCISSA