SNCF : Encore une bataille à gagner à Verdun. LIBRE OPINION du Gilbert ROBINET, secrétaire général de l’ASAF.

Posté le lundi 08 octobre 2018
SNCF : Encore une bataille à gagner à Verdun. LIBRE OPINION du Gilbert ROBINET, secrétaire général de l’ASAF.

Avant la commémoration du centenaire de l’armistice de 1918 qui connaîtra un volet à Verdun, le général Gilbert Robinet, secrétaire général de l’ASAF, livre un témoignage sur une récente visite qu’il a effectuée dans la cité symbole de la survie de la France.

Avez-vous déjà tenté, depuis Paris, de vous rendre en train à Verdun et d’en revenir ? Pour l’aller vous avez le choix. Vous pouvez  gagner Verdun intra-muros en partant de Paris à une heure raisonnable mais au prix d’une durée de voyage comprise  entre 3 h 19 mn et 4 h 16 mn pour une distance parcourue de 250 km. En revanche, si vous trouvez ces délais prohibitifs vous n’avez plus qu’une solution : partir de Paris Gare de l’Est à 7 h 44 du matin et arriver 1h 06 mn plus tard à……Meuse TGV-Voie Sacrée.

Meuse TGV-Voie Sacrée est une gare TGV située en pleine campagne, à 25 km de Verdun et 30 km de Bar-le-Duc,  sur la route départementale aujourd’hui célèbre dans le monde entier car devenue, depuis 102 ans, « sacrée ». Il vous faudra ensuite soit prendre un taxi, soit un autocar navette aux horaires aléatoires.Verdun ne semble pas être une priorité pour la SNCF. Non la priorité est ailleurs. Je l’ai compris lorsque me rendant dans la cité héroïque et ayant pris le train de 7 h 44 je me suis trouvé entouré de tous les parlementaires européens se rendant à Strasbourg. Messieurs Hortefeux, Pelletier, Rochefort ou encore madame Morano  doivent, en effet, partir tôt de Paris pour leurs travaux parlementaires strasbourgeois et Meuse TGV comme auparavant Champagne-Ardenne TGV (autre station bucolique située 100 km en amont et sensée desservir Reims) ne font que leur faire inutilement perdre quelques minutes. Non, Verdun, vous voulez rire : sans intérêt !

Si vous décidez de rentrer dès le lendemain matin, l’équation est la même sauf que, cette fois, il faudra vous présenter à Meuse TGV à ….7 h 22  pour attraper un train qui vient de Luxembourg et qui, lui, est peuplé d’hommes d’affaires ou de banquiers ayant à faire dans notre capitale. Là, vous ne mettrez qu’une heure pour rejoindre Paris car vous ne marquerez même pas d’arrêt à Champagne-Ardenne TGV. Mais, il vous faudra quitter votre hôtel  vers les 6 h 30 et, quelle que soit la qualité de celui-ci,  vous aurez ainsi fait l’économie d’un petit-déjeuner non servi à cette heure très matinale et vous rejoindrez la Voie Sacrée le ventre vide. Allez, ne vous plaignez pas : cela n’a rien à voir avec les sacrifices endurés par nos Poilus.

Oui, Verdun, je m’y suis rendu pour ma réunion annuelle de promotion de Saint-Cyr. Il avait semblé naturel à notre président de promotion et à beaucoup d’entre-nous de choisir ce lieu en cette année 2018 où quelques jours plus tard allait être commémoré le centenaire de  l’armistice de 1918. Et je vais vous faire un aveu : ranimer la flamme de l’Ossuaire de Douaumont, y déposer une gerbe, entendre retentir la sonnerie aux morts, chanter à gorge déployée une Marseillaise suivie d’une Galette, chant de tradition de Saint-Cyr, toutes deux magnifiées par les qualités acoustiques des  épaisses voûtes de cette nécropole aux plus de 160 000 morts et alors que la lumière du soir déclinant filtre à travers les vitraux en diffusant à l’intérieur une lumière sépulcrale, cela fait quelque chose. Quelle émotion et quelle fierté d’avoir  accompli ce petit geste en hommage à ceux qui dormaient sous nos pieds.

 

Il faut souligner la qualité de l’accueil de toutes les personnes rencontrées : au Mémorial de Fleury où l’auditorium a été mis à notre disposition par son directeur pour y tenir notre réunion, au Fort de Douaumont, à l’Ossuaire à proximité duquel, après la prenante cérémonie que nous venions d’y vivre, un repas nous réunissait à l’Abri du Pèlerin, modeste restaurant propriété, comme l’Ossuaire lui-même, du diocèse de Verdun et ouvert spécialement pour nous ce soir là.  Notre président de promotion avait  invité quelques élus très intéressés par notre promotion, son histoire, ses traditions et avec qui le contact fut chaleureux et convivial.

Ceux-ci préparaient avec sérieux et application la venue du président de la République prévue le 06 novembre. Je ne sais pas s’il se rendra sur place en train. Mais il serait plus que souhaitable que ce énième déplacement présidentiel aide à sortir Verdun de son isolement et fasse cesser cette absurdité qui fait que, cent ans après, la cité soit encore dépendante de la Voie sacrée. Verdun, ce n’est pas une quelconque localité meusienne parmi d’autres. Verdun, c’est le lieu où le destin de notre pays s’est joué en 1916. Si un jour l’histoire de la Grande Guerre disparait des mémoires, un nom y restera gravé : Verdun ! Verdun, c’est la France !

A Verdun, il y a encore une bataille à gagner !

 

Gilbert ROBINET
Secrétaire général de l’ASAF

Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.frwww.asafrance.fr

 

Retrouvez le hors-série sur "14-18: La France au combat" réalisé par l'ASAF.
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Source : www.asafrance.fr