Stèle du maréchal Juin dégradée : Unissons-nous face aux casseurs de mémoire !

Posté le samedi 23 novembre 2019
Stèle du maréchal Juin dégradée : Unissons-nous face aux casseurs de mémoire !

Après la dégradation, samedi dernier, par des manifestants cagoulés, d’un monument en hommage à tous les soldats du corps expéditionnaire français en Italie, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées appelle tous les Français à défendre leur mémoire collective.


Samedi 16 novembre, Paris, place d’Italie. À coups de barres de fer, des ombres cagoulées abattent le monument en hommage à tous les soldats du corps expéditionnaire français en Italie et dégradent la statue du maréchal Juin. Chacun d’entre vous a vu ces images révoltantes. Comme beaucoup, c’est avec un mélange de sidération et de colère que je les ai découvertes.

Une telle application dans la destruction a fait ressurgir le spectre du saccage de l’Arc de triomphe. Ce jour-là, il a fallu toute la résolution de quelques-uns pour protéger la dalle sacrée.

Face aux événements de samedi dernier, le monde combattant et, j’en suis certaine, la majorité des Français ont ressenti une légitime émotion. Il y a dans ce désarroi la conviction que ces attaques sont des offenses faites à ceux qui ont combattu pour notre pays, à ceux qui sont morts pour lui, à ceux que la nation a honorés le 11 Novembre. Nous leur devons la chance de vivre indépendants et libres, de pouvoir dire nos accords et exprimer nos désaccords.

Je suis convaincue que la dévastation d’un monument n’est jamais innocente. C’est une provocation pour nous tous et pour notre République. Ceux qui volontairement saccagent et ceux qui déchirent notre héritage commun se placent délibérément hors du pacte républicain. Dans cette insupportable violence, il y a des coups portés à l’unité nationale. Je ne peux tolérer ce vertige du chaos. La République ne peut l’admettre.

Notre réaction ne peut se résumer à l’indignation. Ce serait se résigner. De cela, il n’en est pas question. Par ces mots, je veux donc lancer un appel. Celui de l’affection que nous avons pour notre patrimoine, celui de l’attachement que nous avons pour nos monuments, celui de l’attention à ce qui a forgé notre patrie.

La mémoire n’est pas qu’un ensemble de photographies sépia ou de reportages en noir et blanc. Elle entremêle notre passé, notre présent et notre avenir. Elle est aussi un patrimoine de pierre, un ciment pour la pérennité de nos valeurs républicaines. Elle est un sujet de notre siècle, infiniment moderne et actuel.

Posons-nous simplement les questions suivantes. Qu’est-ce que la liberté sans le souvenir de ceux qui l’ont conquise ? Qu’est-ce que l’égalité sans la reconnaissance envers ceux qui l’ont protégée ? Qu’est-ce que la fraternité sans les frères d’armes qui la vivent au quotidien ?

Dès aujourd’hui, je vous encourage à vous emparer du formidable instrument de cohésion nationale qu’est le travail de mémoire. J’appelle les Français à démontrer leur attachement à leurs monuments aux morts, à leurs monuments patriotiques, à leurs lieux de mémoires, à leurs stèles commémoratives. Ces témoignages quotidiens de notre histoire commune, nous ne les voyons parfois plus. Car nous nous y sommes habitués.

Dès ce samedi, je vous invite à vous arrêter devant l’inestimable patrimoine de nos villes et villages. Honorez-le par votre présence, faites-le découvrir aux plus jeunes. Réapproprions-nous l’histoire de nos héros et partageons notre attachement sur les réseaux sociaux. Soyons nombreux, chaque soir à 18 h 30, à accompagner le ravivage de la Flamme du souvenir.

Unir et rassembler par les liens de notre mémoire. Telles sont l’essence même des commémorations que les maires animent dans leurs communes. Ce mardi, à l’occasion du congrès des maires de France, le président de la République les a justement remerciés. Ces « rites républicains » rythment notre vie nationale et en donnent le sens. Les maires en sont les chefs d’orchestre. Je suis convaincue que des Français, côte à côte, devant leur mairie ; sur la place de leur village ; observant une minute de silence en mémoire des soldats morts pour la France, sont plus que jamais traversés par le sentiment d’appartenance à la nation. C’est aussi cela, la République : notre bien commun.

Dans tous les territoires que j’ai parcourus, au cœur des familles, au sein des associations, dans les écoles grâce à des professeurs engagés, j’ai mesuré partout la profondeur du lien mémoriel. Continuons à le tisser. C’est une responsabilité collective.

Dès ce samedi, adressons aux casseurs de mémoire la plus essentielle des réponses : celle d’une communauté nationale qui n’accepte pas que l’on malmène ses symboles républicains et que l’on maltraite les monuments de son histoire.

Devenons, au nom de la nation et pour quelques minutes, devant la statue, la plaque commémorative ou le monument le plus proche de chez vous, un passeur de mémoire. Ne pas oublier notre histoire commune, avec ses forces et faiblesses, ses combats et victoires, c’est nous permettre de construire notre avenir en citoyens éclairés.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Le Figaro
23 novembre 2019

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source Photo : Compte twitter du journaliste vidéo Marc Bettinelli

Source : www.asafrance.fr