STRATÉGIE DE LA DÉFENSE FRANÇAISE. L’Indopacifique : La stratégie française

Posté le vendredi 07 mai 2021

Compte rendu du point de presse du 6 mai

 

Jeudi 6 mai, le point presse du ministère a été consacré à l’Indopacifique. À cette occasion, le Général de corps aérien (GCA) Luc de Rancourt, directeur général adjoint des relations internationales et de la stratégie est venu présenter la stratégie française dans la zone, deux ans après son lancement. Ensuite, le Contre-amiral (CA) Jean-Mathieu Rey du commandement de la zone Asie-Pacifique et des forces armées en Polynésie française est revenu sur les missions des armées dans la zone et les opérations en cours.

Avant de laisser la parole aux deux intervenants, Hervé Grandjean, porte-parole du ministère a rappelé que l’Indopacifique est le théâtre de profondes évolutions stratégiques. Dans ce contexte, il a insisté sur le fait que la France, nation résidente de l’Indopacifique du fait de ses 1,6 millions d’habitants et ses 9 millions de km² de Zone économique exclusive (ZEE), est « directement affectée par ces évolutions et doit protéger et défendre ses intérêts ». C'est pourquoi, la ministre des Armées a présenté, en 2019, la stratégie de défense française en Indopacifique, dont l'objet est de répondre à tous ces défis et de présenter la position française dans la région.

Le général de Rancourt s'est arrêté, dans un premier temps, sur les cinq objectifs de cette stratégie :

  • défendre l’intégrité de notre souveraineté et assurer la protection de nos ressortissants, territoires et ZEE ;
  • contribuer à la stabilité stratégique et à la sécurité régionale au travers de nos coopérations de défense et de sécurité ;
  • préserver un accès libre et ouvert aux espaces communs et assurer la sécurité des voies de communication maritimes ;
  • contribuer au maintien de la stabilité stratégique par une action globale fondée sur le multilatéralisme ;
  • enfin, anticiper et s’adapter aux risques sécuritaires induits par le changement climatique.

 

Présent en visioconférence depuis Tahiti, le Contre-amiral Rey est revenu, quant à lui, plus en détails sur les modalités de mise en œuvre du premier objectif et de la présence des forces armées françaises dans la zone. Il a ainsi rappelé que 7 000 militaires français sont déployés de manière permanente et sont organisés autour de cinq commandements zonaux. Trois missions orientent l'action des forces armées dans la région  :

La protection de notre souveraineté, de nos territoires et de nos concitoyens : cette mission comporte le traitement du risque de catastrophe naturel, l’engagement des armées face à l’épidémie de COVID-19 (et dont le volet polynésien de l’opération Résilience - nommé Oraora – est toujours très actif) ou encore les missions de protection des ressources de la ZEE et de surveillance maritime.

L’intervention au secours des populations en cas de crise : notamment l'assistance après une catastrophe naturelle au profit des pays insulaires sinistrés ; comme l’année dernière après le passage du cyclone HAROLD au Vanuatu.

Assurer une présence régulière de la France : le CA Rey a rappelé que dans cette vaste zone en constante et rapide évolution : « nos unités militaires, bâtiments et aéronefs, patrouillent régulièrement et garantissent à la France sa capacité d’évaluation autonome de situation ». Il a également souligné, qu’à ce titre, sa principale préoccupation est « d’y maintenir notre capacité à opérer dans les espaces communs, tel que nous le permet le droit international ». Dans ce cadre, la France participe notamment à la mission Aeto (aigle en polynésien) au large de la Corée du Nord, qui vise à soutenir les résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unis pour la lutte contre la prolifération nucléaire. Actuellement le groupe école Jeanne d’Arc y contribue.

L'ensemble de ces missions de présence ne peut être assumé par les seuls moyens basés dans le Pacifique. C’est pourquoi, ces déploiements sont régulièrement renforcés par des unités en provenance de métropole. C’est le cas du groupe Jeanne d’Arc ou du sous-marin nucléaire d’attaque Emeraude, qui a effectué avec le bâtiment de soutien Seine la mission Marianne il y a quelques mois. Enfin, dans cette zone à dominante maritime, des moyens terrestres et aériens français opèrent également. Le mois prochain huit aéronefs de l’armée de l’Air et de l’Espace (trois Rafale, deux MRTT, deux A400M) viendront jusqu’à Tahiti et Hawaï dans le cadre de la mission Heifara Wakea.

Les deux intervenants ont souligné l'importance des partenariats dans la région, notamment avec quatre principaux pays que sont les Etats-Unis, l’Australie, le Japon et l’Inde. L’objectif de ces partenariats est de « développer au maximum l’interopérabilité des forces et de coordonner nos activités » a insisté le CA Rey. Cette coopération passe par des échanges accrus entre états-majors et grands commandeurs mais également par la tenue de différents exercices et opérations coordonnées.

Au-delà de la mise en œuvre de ses différentes actions militaires, la France entend également contribuer au maintien de la stabilité stratégique par une action globale fondée sur le multilatéralisme. Dans ce cadre, le général de Rancourt a expliqué que la France participe de manière active aux enceintes multilatérales régionales. Depuis 2012, elle est représentée au niveau ministériel au Shangri-La Dialogue à Singapour. Dans l’océan Indien, elle prendra cette année la présidence de la Commission de l’océan Indien et de l’Indian Ocean Naval Symposium. Dans le Pacifique Sud, elle est membre du South Pacific Defense Ministers’ Meeting (SPDMM) et candidate, en Asie du Sud-Est, à un statut d’observateur de l’ADMM+, pendant défense de l’ASEAN.

Enfin, le cinquième objectif de la stratégie de défense la France en Indopacifique porte sur l’anticipation des risques sécuritaires induits par le changement climatique. Le GCA de Rancourt a rappelé à quel point cet aspect est « absolument prioritaire ». A ce titre, le ministère des Armées mène depuis plusieurs années une cartographie des risques climatiques dans l'océan Indien et dans le Pacifique Sud afin de comprendre et d'anticiper les conséquences des changements climatiques en termes de sécurité et de défense. Les forces armées ont plusieurs fois été mobilisées au cours de ces dernières années en réponse à des catastrophes naturelles dans l’Indopacifique. Au-delà de la réaction, bien anticiper ces risques permet à la France d’adapter au mieux sa réponse et ses capacités.

Pour conclure, le directeur adjoint des relations internationales et de la stratégie a rappelé que l’action de la France en Indopacfique n’est pas un objet isolé et que cette dernière entend soutenir le développement d’une stratégie européenne dans la région. Les conclusions du Conseil du 16 avril 2021 posent le socle de cette stratégie, qui devrait être adoptée à l’automne.

Source : Ministère des Armées

 

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