STRATEGIE. La Chine est trop éloignée de l'OTAN pour être qualifiée d'adversaire, selon un général de l'alliance

ROME — L'OTAN ne qualifiera pas la Chine d'adversaire dans son prochain document de stratégie en partie parce qu'elle est trop éloignée de la sphère d'intérêt de l'alliance, mais les membres doivent toujours essayer d'égaler ses progrès technologiques, selon le chef du Comité militaire de l'OTAN.

L'amiral Rob Bauer, de la Marine royale néerlandaise, a déclaré que la Chine était une préoccupation croissante pour l'OTAN, mais les chances sont minces que le pays soit classé comme ennemi dans le document du concept stratégique qui doit être publié l'année prochaine. L’amiral Bauer sert d'intermédiaire par lequel les conseils des 30 chefs de la défense de l'OTAN sont acheminés aux décideurs politiques.

« Je dirais qu'il est peu probable pour le moment que la Chine passe d'un" défi "à un" adversaire "dans le concept stratégique », a-t-il déclaré aux journalistes lors d'une visite au Collège de défense de l'OTAN à Rome.

« La Chine n'est pas physiquement adjacente à la zone euro-atlantique, qui est la zone géographiquement délimitée définissant l'alliance de l'OTAN », a-t-il ajouté. « Le point de vue des États-Unis est différent car ils font partie du Pacifique. Pour eux, la relation est différente de celle de l'OTAN. »

Les commentaires du plus haut officier militaire de l'OTAN font suite à ceux du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, qui a déclaré que la Chine n'était pas un ennemi de l'alliance, même si un document de l'OTAN en juin déclarait que « les ambitions déclarées de la Chine et son comportement affirmé présentent des défis systémiques pour l'ordre international fondé sur des règles et aux domaines pertinents pour la sécurité de l'Alliance.

Cela a marqué un changement par rapport au concept stratégique actuel de l'OTAN, qui a été publié en 2010 et ne mentionne pas la Chine.

« L'inquiétude grandit », a reconnu l’amiral Bauer. « Dans le domaine politique, c'est parce que, par exemple, l'ordre international fondé sur des règles est de plus en plus contesté par la Chine – mais probablement pas avec des conséquences militaires directes pour l'OTAN ».

« Dans l'espace et dans le cyber, nous sommes interpellés par la Chine. C'est donc une préoccupation croissante car les forces armées chinoises se développent rapidement sans faire partie d'aucun format de contrôle des armements. »

L’amiral Bauer a souligné le test par la Chine en août d'un missile hypersonique, qui est entré en orbite terrestre basse. « Jusqu'à présent, nous avons tous convenu de ne pas militariser l'espace, alors tout le monde se dit : ‘Qu'est-ce que c'est ?’ Ils disent que ce n'est rien, mais c'est très préoccupant.

Ce qui est particulièrement inquiétant, c'est la capacité de la Chine à faire voler un missile hypersonique au-dessus des deux pôles, chose pour laquelle les systèmes de défense occidentaux ne sont pas équipés pour faire face, a-t-il déclaré. La technologie a été un "réveil", a-t-il ajouté.

« Parce que pendant longtemps, nous avons tous supposé que nous étions stratégiquement et technologiquement plus avancés que quiconque. Maintenant, nous voyons des choses qui sont inquiétantes. Nous parlons d'ennemis « proches des pairs », ce qui signifie qu'ils sont bons mais pas aussi bons que nous. Mais dans certains cas, nous parlons d'ennemis pairs, et dans certains domaines, nous sommes préoccupés par le fait qu'ils parlent maintenant de nous comme d'ennemis « proches des pairs »", a-t-il déclaré.

Pour accélérer le développement de la technologie militaire, les membres de l'OTAN doivent imiter Israël, a-t-il dit, soulignant « la coopération entre le monde scientifique, l'industrie et l'armée ». Il a ajouté qu'en Israël, « il y a beaucoup d'anciens militaires qui entrent dans l'industrie et le monde scientifique. C'est un grand groupe qui pense de la même manière et comprend les problèmes et les uns les autres. C'est un réseau formidable. »

« Vous ne pouvez pas copier le système, mais il y a beaucoup de choses que nous pouvons apprendre d'Israël en termes de capacité à mettre en œuvre de nouvelles technologies très, très rapidement. »

Tom KINGTON 
Source : Defence News
19 novembre 2021
Traduction de courtoisie par général (2s) Joël GRANSON

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