TECHNOLOGIE : Le ministère des Armées finance un second planeur hypersonique

Posté le dimanche 07 mai 2023
TECHNOLOGIE : Le ministère des Armées finance un second planeur hypersonique

Le ministère des Armées va financer un second démonstrateur de planeur hypersonique, le VMaX-2

 

Avec les projets MINERVE et VERAS [Véhicule expérimental de recherches aérothermodynamiques et structurales], lancés dans les années 1960, la France avait pris de l’avance dans le domaine des armes hypersoniques.

En effet, le premier consistait à développer un missile aérobalistique – le Matra 600 – devant être tiré par le bombardier supersonique Br.1180. Ni l’un ni l’autre ne virent cependant le jour, faute de crédits. Quant au second, il visait à mettre au point un planeur hypervéloce, lancé par une fusée Diamant A. Mais il fut également annulé alors que le Centre d’essais des Landes s’apprêtait à le tester. Deux raisons furent alors avancées pour justifier cette décision : la contrainte budgétaire et, surtout, la difficulté à produire les matériaux nécessaires, dont un alliage de niobium [contenant du titane, du vanadium et du zirconium].

Quoi qu’il en soit, ces deux concepts ont depuis été repris par les États-Unis [Common Hypersonic Glide Body], la Russie [système Avanguard et missile Zircon] et la Chine [DF-17 ou Wu-14]. Ce qui a incité la France à se [re]lancer sa quête d’armes hypersoniques.

Ainsi, et outre le missile ASN4G [Air-Sol Nucléaire de 4e génération], qui sera hypervéloce d’après les rares documents qui circulent à son sujet, la ministère des Armées fit part de son intention de développer le planeur hypersonique VMaX [Véhicule Manœuvrant eXpérimental] en janvier 2019.

« Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvons plus attendre », plaida Florence Parly, alors ministre des Armées. D’autant plus que les travaux relatifs à ce VMaX allaient permettre un « saut technologique pour bon nombre de nombre de nos capacités ».

Plus tard, la Direction générale de l’armement [DGA] fit savoir que ce programme VMaX venait d’être confié à ArianeGroup, l’objectif étant alors d’aboutir à un démonstrateur à l’horizon 2021, en s’appuyant sur les recherches de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA].

Ce calendrier a sans doute été un peu trop ambitieux… étant donné qu’il dépendait de la construction d’une base de lancement de fusées-sonde sur le site de DGA Essais de Missiles à Biscarosse. Cependant, le premier essai du démonstrateur VMaX devrait avoir lieu prochainement.

C’est, en tout cas, ce qu’a récemment assuré Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement. Et c’est ce vient de confirmer l’amiral [2S] Charles-Henri du Ché, le conseiller militaire d’ArianeGroup, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 3 mai. « Le VMaX va voler incessamment sous peu. On est parfaitement à l’heure », a-t-il en effet affirmé.

Concrètement, emporté par une fusée sonde, le VMaX, dépourvu de moyen de propulsion, doit rebondir sur les couches de l’atmosphère à une vitesse supérieure à Mach 5. Ce qui suppose de mettre au point un système de guidage pour manœuvre l’engin dans les couches basses de l’atmosphère et de trouver des matériaux pouvant supporter de fortes chaleurs.

Cela étant, le ministère des Armées envisage déjà de faire voler un deuxième VMaX alors que l’essai du premier n’a pas encore eu lieu.

« Ce démonstrateur VMaX sera suivi par un autre, plus performant » et qui ira « plus loin dans l’expérimentation ». Appelé VMaX-2, il « devrait voler en 2024-25 », a indiqué l’amiral du Ché, selon qui ce programme donnera à la France une « technologie particulière » [celle relative à la rentrée d’un objet dans l’atmosphère] qui aura des « retombées potentielles au niveau civil ».

« Une fois que l’on aura ces deux démonstrateurs, on pourra dire que la France sera dotée de cette technologie et il appartiendra alors à l’État-major des armées d’exprimer, le cas échéant, des besoins pour la décliner en arme ou pas », a conclu le conseiller militaire d’ArianeGroup.

Effectivement, si l’EMA estime qu’un planeur hypersonique doit faire partie de ses moyens, lors il faudra engager une réflexion sur sa mise en œuvre [par quelle armée et comment ?] et élaborer un concept d’emploi. Une autre question sera de savoir si une telle arme aura une portée stratégique ou non.

 

Laurent LAGNEAU
Opex 360
4 mai 2023

 

Source : www.asafrance.fr