Servir son pays !
Grandeur, modestie et abnégation du métier militaire

Poëme de Laurent Le Mentec

Dans le groupe, les différences d’origine, de croyance ou de condition s’effacent devant la nécessité de réaliser la mission ensemble.
La fraternité est le soutien fondamental. Parfois la seule chose qui tienne.

Servir la France

Pour le soldat, servir, c’est accepter une routine de privations. Des nuits trop courtes, un éloignement des instants familiaux, des salaires modestes au regard des exigences.
C’est connaître la joie presque primitive d’une lettre ou d’un colis reçu de loin, et la douleur d’avoir manqué des moments importants : naissances, fêtes, séparations.
L’incertitude du retour pèse ; elle oblige à murir vite.
Et pourtant, d’une certaine façon, l’attachement à des habitudes juvéniles : ironie, camaraderie, façon de raconter des histoires incroyables devant le feu de camp.

Les épreuves sont multiples. Pour certains, affronter des combats réels ; pour d’autres, parcourir le monde en mission loin des lignes de front.

Mais la guerre n’est pas que matérielle ! La guerre psychologique, le stress prolongé, les images qui s’imposent, les choix lourds: ils marquent profondément.
Beaucoup ramènent des blessures invisibles : un sommeil troublé, une mémoire qui refuse parfois, des relations devenues difficiles et compliquées. Ces séquelles demandent de la compréhension, parfois des soins, tout autant que pour les blessures physiques.

Servir son pays par les armes n’est pas un slogan ni un métier comme un autre: c’est une décision qui transforme une vie.
On part souvent très jeune, à l’adolescence ou dans la vingtaine, poussé par un mélange d’idéal, de curiosité, d’envie d’aventure ou de nécessité.

On dit au revoir à la maison, aux habitudes, aux proches, et l’on embarque pour un parcours qui va demander du cœur, du courage et parfois des renoncements.

Pour le soldat, servir son pays, c’est d’abord apprendre.

Les jours de formation ne ressemblent à rien d’autre : disciplines répétées, gestes acquis jusqu’à l’automatisme, consignes qui deviennent réflexes.
Dans ces apprentissages, se construisent des compétences techniques, mais surtout une manière d’être : précision, endurance, responsabilité, initiative.

Puis vient le départ : postes, missions, frontières lointaines. Le monde s’ouvre et, avec lui, de nouvelles fragilités.

Sur le terrain, on trouve une seconde famille. Les liens se nouent entre personnes qui partagent la même mission. Ils ne se comparent à aucune autre amitié.
Ils sont forgés dans l’urgence. C’est l’humour partagé au milieu de la fatigue et la certitude que l’on pourra compter l’un sur l’autre.

Perdre des camarades est une réalité tragique. Apprendre à intégrer le deuil collectif est une épreuve.On ne s’y prépare jamais vraiment.
Mais il y a aussi les moments de lumière: l’humour et le rire qui aident à tenir, les cérémonies solennelles, les rituels qui honorent les engagements pris, les célébrations partagées après un succès, les rites et les commémorations qui cimentent la communauté et aident à transformer la douleur en mémoire.

Quand la mission s’achève, les trajectoires se diversifient. Certains reviennent au pays et tentent de reprendre une vie « normale », d’autres s’installent ailleurs, et certains ne reviennent pas.

Les soldats qui reviennent portent un bagage intangible : des savoir-faire, des récits et une loyauté

à toute épreuve. Ils ne partagent pas seulement des médailles. Avoir servi son pays se lit dans les gestes, dans la confiance réciproque et dans l’engagement quotidien.

Comprendre celles et ceux qui servent, ce n’est pas les enfermer dans une image héroïque ni les réduire à leurs moments difficiles.

C’est reconnaître la complexité de leur expérience : la fierté mêlée à la fatigue, la solidarité mêlée au silence, la force mêlée à la vulnérabilité.
C’est offrir une écoute sans jugement, une aide concrète quand elle est nécessaire, et un respect durable pour un engagement qui n’a pas de prix.

Choisir de servir son pays par les armes est un acte qui engage le présent et laisse une empreinte sur l’avenir.

À la société de répondre par la reconnaissance, le soutien et l’accompagnement. La gratitude sans action reste un mot.

À celles et ceux qui ont choisi de servir par les armes: votre engagement transforme des vies. Merci pour votre don, discret, exigeant et magnifique. Vous l’avez fait pour tous.

Laurent LE MENTEC