À l’occasion des 20 ans du CICDE – Centre Interarmées de Concepts, de Doctrines et d’Expérimentations, j’ai eu l’opportunité de m’exprimer sur l’évolution des milieux et champs de conflictualité, j’en ai profité pour présenter ma compréhension du champ de bataille qui s’appuie sur les travaux du Commandement du combat futur (CCF).
Le champ de bataille a toujours été une affaire foncièrement humaine, un affrontement de volontés où le terrain appartient à celui qui l’occupe. Cependant, nous assistons aujourd’hui à une transformation radicale de ce champ de bataille, marquée par une nouvelle grammaire de la guerre et une combinaison inédite des effets. L’extension des milieux et l’omniprésence des drones redéfinissent les règles de la guerre.
Les drones, en particulier, sont devenus omniprésents, modifiant en profondeur nos approches tactiques. Ils sont utilisés pour l’observation, le renseignement électromagnétique, le transport logistique, les relais de transmission, la destruction des équipements adverses, et bien plus encore. Leur faible coût et leur production à grande échelle permettent de redonner de la densité aux belligérants et de compenser un manque d’équipements.
Dans cet environnement en pleine mutation, et comme le préconisait déjà Foch, il est impératif d’apprendre à penser la guerre de manière nouvelle. Nous devons revisiter nos procédés et nos habitudes, souvent bien ancrés, et nous jeter dans l’inconnu avec courage et détermination.
Ainsi donc, l’organisation des forces doit évoluer. La guerre des drones n’est pas seulement une question de moyens, mais aussi de doctrine et de structuration. Nous devons combiner la manœuvre de ces nouvelles capacités, réduire la dépendance à la connectivité dans un environnement contesté, et agir face à des adversaires équipés de moyens autonomes. Nous nous y employions chaque jour.
Par le GCA Bruno BARATZ, commandant du CCF
12/06/2025
Source : Linkdin
Qu’est- ce que le CCF ?
Par le GCA (2S) Robert MEILLE
Nouveau grand commandement de niveau 1, le commandement du combat futur (CCF) est la vigie prospective de l’armée de terre.
Responsable de l’innovation, le CCF travaille sur un large éventail de programmes. Il conçoit et réalise les wargames utilisés à l’Ecole de guerre et pour l’entrainement des états-major opérationnels. Il anime la filière technique et industrielle des drones aériens armés ou de transport et de la robotique terrestre (robots de maintenance, robot mule…). Il stimule et canalise les innovations en matière de petits équipements dont l’absence pourrait être bloquante: par exemple la mise au point des tenues et matériels indispensables pour le combat en zone polaire; Plusieurs projets touchent la maintenance: l’un d’eux vise la maintenance holographique par imprimante 3D des VBL (véhicules blindés légers)
Quatre exemples de drones démonstrateurs sont proposés ci-dessous. Ce sont des prototypes d’équipements qui pourraient être livrés dans les
prochaines années. Ils sont choisis comme exemples des innovations de rupture que le CCF encourage
- Drone armé AVATAR
Pour : « Action par Vecteur Aérien de Tir d’Armement Robotisé »
Ce démonstrateur intègre un armement d’infanterie (un fusil d’assaut HK 416 F) sur une plateforme légère
Il est classé innovation de rupture car:
*il allonge la portée des tirs jusque « derrière la colline »
*il améliore l’identification des cibles par sa capacité de zoom
*il protège le binôme opérateur tireur.
- Robot mule chenillé PROBOT
Il est équipé ici d’un panier de transport et de civière
Ce démonstrateur est télé opérable à vue et hors vue mais aussi tractable.
Il offre une capacité de charge de 750 kg.
Il permet d’alléger des combattants ou, par exemple, l’extraction sanitaire d’un blessé.
- Robot armé chenillé PROBOT
Il intègre un tourelleau téléopéré 12.7mm FN Herstal sur une plate- forme guidée à distance.
Dans ce cas l’ innovation de rupture consistera à:
*augmenter la cadence et la puissance des tirs,
* accroître l’élongation de la zone couverte pa&r l’arme
* mettre ses opérateurs à l’abri des vues ennemies.
- Robot NERVA avec caméra.
Ses petites dimensions, son agilité, son adaptabilité et sa furtivité lui permettent d’améliorer les missions de reconnaissance, d’observation et de brouillage.