Cessez-le-feu en Ukraine : le Kremlin maintient des revendications maximalistes

Cessez-le-feu en Ukraine : le Kremlin maintient des revendications maximalistes

On en sait un peu plus ce samedi sur les « conditions inacceptables » (selon Kiev) dévoilées par les négociateurs russes lors des réunions conjointes de vendredi en Turquie. Ces pourparlers, à Istanbul, constituaient les premiers contacts directs entre les deux parties depuis trois ans.

Ils se sont terminés par un accord sur un échange de deux mille prisonniers (mille par camp), mais ils n’ont aucunement abouti à un cessez-le-feu. Samedi, le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a dit « espérer » que cet échange de prisonniers ait lieu « la semaine prochaine ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a indiqué samedi que de nouvelles discussions directes ne seront possibles qu’une fois la libération simultanée de prisonniers réalisés.

Revendications maximalistes
Selon une source ukrainienne, s’exprimant anonymement, citée par Reuters, la Russie aurait proposé les conditions suivantes pour un accord de paix :
– Le retrait des troupes ukrainiennes des régions de Donetsk, Zaporijjia, Kherson et Louhansk, après quoi un cessez-le-feu pourrait être instauré. Ces régions sont largement ou partiellement contrôlées par les forces russes, mais les troupes ukrainiennes se battent toujours pour en conserver les zones restantes. Le projet d’accord préparé par les États-Unis ne contenait aucune exigence de ce type.
– La reconnaissance internationale du caractère russe de cinq parties de l’Ukraine : la péninsule de la Crimée, annexée en 2014, ainsi que les régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia. Le projet américain ne proposait qu’une reconnaissance de droit de la Crimée par les États-Unis et une reconnaissance américaine de facto des parties des autres régions contrôlées par la Russie.
– L’Ukraine devient un État neutre, ne possède pas d’armes de destruction massive, et les alliés de Kiev ne positionnent aucune de leurs troupes sur le sol ukrainien. Cette exigence ne figurait pas dans la proposition américaine.
– Toutes les parties au conflit renoncent à leurs prétentions à recevoir des dédommagements liés à la guerre. La proposition américaine prévoyait des compensations pour l’Ukraine.
Selon la source ukrainienne, les négociateurs russes ont transmis ces exigences verbalement et n’ont partagé aucun document contenant leurs conditions.

Il va sans dire que ces conditions russes, qui demandent à être formalisées, ne répondent en rien aux attentes des Ukrainiens, des Européens et des Américains. Ainsi, l’Ukraine rejette fermement ces revendications, demandant que l’armée russe, qui occupe toujours près de 20% du pays, se retire purement et simplement de son territoire.

 

Philippe Chapleau

Source : Lignes de défense
17/05/2025