Chers amis, redisons le : la France est un vieux pays de mémoire et d’histoire. Mobilisons ces outils pour contribuer à conjurer les amertumes et inquiétudes du pays et pour aider à réveiller l’optimisme et l’esprit de défense des Français en 2025.
Nous avons un projet pour 2025. Dans un monde que chacun redécouvre brutal et vivant dans une société archipelisée, morcelée, attaquée et sujette à la violence, nous voulons articuler au mieux la connaissance de notre histoire et de notre culture avec la mise en commun des récits pour offrir notre analyse critique des évènements présents et passés, sensibiliser nos concitoyens jeunes ou vieux à la défense et les encourager à l’engagement civique pour lutter ensemble contre les vents mauvais.
Deux évènements d’actualité viennent illustrer la difficulté d’harmoniser l’histoire et les mémoires mais aussi tout l’intérêt de la méthode.
La cour d’appel de Paris confirmait en décembre la mise hors de cause définitive des militaires de l’opération Turquoise au Rwanda, notamment pour leur inaction supposée. Saluons ici une décision qui rend leur honneur à nos soldats ainsi que l’acharnement du GCA Lafourcade, dans son combat mené souvent trop seul, pour faire reconnaître la vérité au-delà de l’enchevêtrement des mémoires traumatisées.
A nous de relayer cette information-là, bien peu commentée dans la sphère médiatique ! Plaidons en même temps pour une analyse historique froide des erreurs de nos stratèges civils et militaires de l’époque comme de l’aveuglement de nos politiques, malgré les avertissements, afin d’établir l’ensemble des responsabilités de la France, des Anglo-saxons et de l’ONU, dans ce qui restera malheureusement un échec français.
Au même moment, la dispute s’aggrave avec une Algérie affaiblie et isolée. Aucun des gestes diplomatiques d’apaisement ne calme le jeu. Au dialogue, Alger substitue la manipulation des personnes. Dans ce contexte, la reconnaissance du meurtre criminel de Ben M’Hidi a ému beaucoup d’anciens. Réflexe légitime.
Tentons maintenant de replacer l’événement dans son époque. Admettons qu’aucune armée, même démocratique, n’est à l’abri de crimes et faisons relire par exemple les deux pages que Bigeard consacre à cet homme : pages de respect et d’hommage à un fauve de guerre par un autre grand fauve de guerre dans un contexte de bataille.
Pour contribuer à renforcer l’esprit de défense du pays, nous pouvons mobiliser nos mémoires, nos expériences et nos idées, surtout si elles sont complémentaires et contradictoires. C’est un nouveau chantier ambitieux mais faisable dans une année 2025 qui s’annonce explosive.
Quatre évènements majeurs la marqueront probablement. Ils doivent attirer notre attention.
D’abord le retour de Trump dans un climat géopolitique, environnemental et économique de plus en plus chahuté. Il va constituer un défi majeur pour toutes nos nations européennes, France y compris. Comment protéger notre culture, nos intérêts, notre économie, notre influence dans le monde marchandisé de Trump ? Et en Europe même quand la Commission voudra l’amadouer à tout prix et où nombre d’Européens préféreront prêter allégeance en échange, croiront-ils, de la garantie de sécurité américaine ?
L’ASAF devra dénoncer les manœuvres d’influence et le défaitisme sans faire pour autant de nos alliés des ennemis.
Puis le marchandage de Poutine qui va vendre au prix fort la pause dont il a besoin pour assurer la survie de son régime avant de relancer sa guerre contre l’Europe. Une pause qui ne sera gagnante que si l’Europe déploie des troupes de réaction rapide musclées en Ukraine pour lui délivrer une garantie de sécurité et une dissuasion conventionnelle efficaces, sous parapluie nucléaire. Vaste défi dont seules la France et la Grande-Bretagne sont capables avec quelques appoints baltes et polonais !A condition aussi de vaincre la frilosité voire l’inclination pro-russe de nombre d’Européens.
L’ASAF devra participer au débat des idées, par exemple sur l’inflexion de notre dissuasion nucléaire et conventionnelle, sur le retour des missiles à portée intermédiaire en Europe et sur le financement national et européen d’un effort sans précédent depuis l’apogée de la guerre froide.
Les incertitudes chinoises ensuite. Elles sont celles d’un pays dont l’économie et la démographie sont fragilisées alors que ses débouchés extérieurs se referment. Cette situation pourrait pousser les dirigeants chinois à accentuer leurs manœuvres d’étouffement stratégique sur les marches de leur empire. Elle détournera un peu plus les outils diplomatiques et militaires américains loin de l’Europe. La France, seule puissance européenne présente dans l’espace indo-pacifique, a élaboré une stratégie régionale. L’ASAF restera attentive pour contribuer à informer et éclairer.
L’événement majeur pourrait bien être la fulgurante montée en puissance de l’intelligence artificielle. Dernière révolution industrielle, elle permettra de grands progrès économiques et scientifiques et des simplifications administratives ; aussi, hélas comme l’histoire le montre, de grandes casses sociales. L’IA a aussi déjà commencé à révolutionner l’art de la guerre sur le terrain d’Ukraine, dans l’espace et sur mer. Toutefois, malgré quelques pépites européennes prometteuses, notamment en France, l’UE est en passe de perdre toute autonomie en raison du grave retard pris en puissances de calcul, en grandes entreprises capables d’intégrer verticalement toutes les couches de ce domaine nouveau et en formation des utilisateurs, des élèves et des étudiants et de manière générale de la main d’œuvre. Même si des mesures réglementaires de protection et de contrôle ont été prises à l’échelle de l’Europe, le compte n’est pas à la mesure des investissements extraordinaires qui devraient être fait pour rester dans la course mondiale.
L’ASAF continuera de suivre et de sensibiliser à ce nouveau défi car il en va de notre autonomie de renseignement et de décision, de notre recherche scientifique et de notre culture.
Tel est le défi que se donnent ensemble le bureau, le CA et le comité stratégique. Ce défi, nous le relèverons en 2025, avec vous pour :
ensemble promouvoir l’esprit de défense dans notre société
GCA (2S) Robert Meille
Vice-président de l’ASAF