La France met un terme à sa présence militaire au Tchad après la rétrocession de la base « Adji Kosseï »

La France met un terme à sa présence militaire au Tchad après la rétrocession de la base « Adji Kosseï »

Le 27 novembre dernier, la France s’apprêtait encore à revoir son dispositif militaire en Afrique et prévoyait de réduire le format de ses forces déployées au Tchad, celui-ci devant passer d’environ 1 000 à seulement 300 militaires. Seulement, les autorités tchadiennes en ont décidé autrement car, le lendemain, elles ont fait part de leur décision de dénoncer l’accord de coopération militaire qui avait été scellé avec Paris dans les années 1960.

« Le Tchad, conformément aux dispositions de l’accord, s’engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis, et à collaborer avec les autorités françaises afin d’assurer une transition harmonieuse », avait alors expliqué N’Djamena.

Le fait que le président tchadien, Mahamat Idriss Déby, ait été visé par une enquête ouverte par le Parquet national financier, le peu d’empressement [présumé] de la France à soutenir N’Djamena dans une opération contre le groupe jihadiste Boko Haram, maladresses diplomatiques, désaccords au sujet de la crise soudanaise ou volonté du Tchad de se rapprocher de la Russie… Quelles que soient les raisons de cette décision, les forces françaises n’avaient que deux mois pour plier bagage… Ce qu’elles ont réussi à faire, malgré les contraintes logistiques, liées notamment au soutien à Mayotte.

Ainsi, après le désengagement du « plot » chasse, composé de trois Mirage 2000D, le 10 décembre, et la rétrocession des emprises militaires de Faya Largeau [le 26 décembre] et d’Abéché [le 11 janvier], les forces françaises viennent de rendre les clés de la base aérienne 172 « Sergent-chef Adji Kosseï » à leurs homologues tchadiennes. Ce qui met ainsi un terme à quarante ans de présence militaire continue dans ce pays.

« Une nouvelle étape franchie dans la reconfiguration du dispositif militaire en Afrique. La base aérienne Kossei à N’Djamena a été rétrocédée aujourd’hui, ce qui marque officiellement la fin de la présence permanente des armées françaises au Tchad », a en effet annoncé l’État-major des armées [EMA], via le réseau social X, ce 30 janvier.

Et cela alors que, le mois dernier, les autorités tchadiennes n’avaient laissé que très peu de marge de manœuvres aux forces françaises, leur départ devant être « impérativement » finalisé le 31 janvier.

D’après l’EMA, le personnel et les équipements de combat ont été rapatriés en France. Cependant, il reste encore du matériel sur place. Celui-ci doit être acheminé vers le port de Douala [Cameroun] par des prestataires privés. Les conteneurs seront ensuite chargés à bord de navires affrétés par le ministère des Armées. Ce processus pourrait prendre plusieurs mois.

Après le Tchad, dont l’armée aura tenu un rôle majeur lors des opérations Serval [Mali, 2013-14] et Barkhane [Sahel, 2014-22], les forces françaises devraient quitter le Sénégal, conformément au souhait exprimé par Dakar. Pour le moment, aucun calendrier de retrait n’a été précisé. Enfin, elles s’apprêtent également à rétrocéder le camp de Port-Bouët, même si la coopération militaire entre la France et la Côte d’Ivoire n’est pas remise en cause.

Laurent LAGNEAU

Source : Opex360
30/01/2025