Le CIO possède le statut d’une ONG d’envergure mondiale à l’instar du Comité International de la Croix Rouge (CICR) par exemple : un siège administratif à Lausanne et un fauteuil d’observateur au Conseil de Sécurité de l’ONU. Et des correspondants dans tous les pays du monde via les 206 Comités Nationaux Olympiques (CNO) alors que l’ONU ne reconnaît que 193 États membres.
Cerise sur le gâteau : un budget de plus de 6 milliards USD sur 4 ans financé uniquement par des fonds privés… en principe. Confortable pour une organisation même si elle en redistribue 90% au monde sportif, d’autant que le sport représente un puissant vecteur de lobbying. On notera au passage que les règles de redistribution sont quelque peu elliptiques.
En résumé, la puissance financière du CIO représente une force de frappe considérable surtout dans des pays en voie de développement.
Maintenant si on analyse de plus près les relais d’opinion que peuvent représenter les CNO sur les différents continents, on constate que l’Occident dans son ensemble (Europe+ Amériques) représente 91 pays alors que les pays dits émergents (Afrique + Asie) comptabilisent 98 nations auxquelles s’ajoutent les 17 nations du Pacifique.
Le centre de gravité du sport n’est donc déjà plus en Occident.
On peut cependant observer que depuis sa création en 1894, les 9 présidents successifs du CIO étaient tous Européens à l’exception d’un Américain (Avery Brundage 1952-1972).
Et si l’on se réfère à nouveau aux moyens financiers, on s’aperçoit que le Moyen-Orient est en train de prendre une importance considérable dans l’organisation de compétitions sportives internationales, qui sont par définition très onéreuses car soumises à de plus en plus de contraintes.
Ex. La coupe du monde de football au Qatar dont la construction des installations dédiées ont fait couler beaucoup d’encre.
Il semble que les dirigeants de ces pays du Moyen-Orient aient compris tout l’intérêt du sport pour la promotion de leurs pays quand bien même leur climat ne soit pas idéal à certaines pratiques sportives.
C’est peut-être aussi une autre façon d’exister sur la scène internationale.
Dès lors toutes les dérives sont envisageables puisque le sport n’est plus une fin en soi mais un vecteur de propagande politico-diplomatique voire d’enrichissement collectif sinon personnel.
Sans parler du dopage et des tricheries qui en découlent.
En l’an 393 après J.C., l’empereur Théodose avait supprimé les Jeux Olympiques, qui avaient déjà 1.200 ans d’existence, sur injonction d’Ambroise, évêque de Constantinople, qui estimait que les fastes de ces Jeux faisaient de l’ombre au cérémonial chrétien auquel son prédécesseur, l’Empereur Constantin, avait converti Byzance et son Empire.
Il est fort à craindre qu’à leur tour les Jeux Olympiques de l’ère moderne disparaissent le jour où la valeur du dieu « argent » aura supplanté les valeurs du sport.
Colonel (h) Christian Châtillon
Délégué National de l’ASAF