UKRAINE. Découvrez le communiqué et l'appel du Cercle de réflexion interarmées à un cessez-le-feu en Ukraine
Communiqué du Cercle de réflexion interarmées
Le 4 mars 2024, onze militaires et civils du Cercle de réflexion interarmées (CRI) ont appelé plusieurs parlementaires à prendre en considération leur appel à un cessez-le-feu en Ukraine, dont le texte intégral suit. Au total 25 sénateurs et 26 députés ont reçu la communication du CRI, dont les présidents du sénat et de l’assemblée nationale, les chefs de partis politiques des deux chambres et les commissions de la défense et des affaires étrangères. Ultérieurement les signataires ont fait suivre le même message à d’autres autorités politiques de leur connaissance.
Pour justifier leur démarche, et espérant être entendus, cet envoi aux parlementaires était accompagné du mes
sage suivant :
« Le 26 février le président Macron est parvenu à rassembler les hauts représentants politiques de 27 pays européens. Comme vous le savez l’objectif était de coaliser les intentions en faveur d’un renforcement de l’aide militaire à l’Ukraine afin qu’elle puisse résister à la poussée russe, voire l’arrêter. Nul ne conteste la nécessité de ce soutien. Mais cela signifie aussi continuer la guerre au prix de milliers de morts, de destructions, essentiellement en Ukraine.
« En effet, même si avec le soutien occidental l’Ukraine ne peut pas perdre, elle ne peut pas gagner non plus, ni d’ailleurs la Russie de son côté. Sans cessez-le-feu, c’est donc le scénario d’une interminable guerre de positions qui va continuer à se dessiner comme déjà depuis 2023, voire celui d’une escalade vers l’emploi du nucléaire. De ce fait, il nous apparaît hautement regrettable que, lors de la conférence du 26 février, n’ait pas en même temps été avancées les idées d’établir un cessez-le-feu et de se mettre dès à présent au travail pour construire un canevas des modalités de sa mise en place. C’est seulement après, lorsque la situation sera ainsi stabilisée, que pourront commencer les négociations en vue du rétablissement de la paix et de la reconstruction.
« Les deux chambres parlementaires vont débattre bientôt de l’accord bilatéral de sécurité francoukrainien signé le 16 février entre les présidents Macron et Zelensky. C’est l’opportunité à saisir pour, en même temps, imposer justement et fermement l’idée d’établir en urgence un cessez-le-feu en Ukraine. C’est à une telle action que plusieurs membres de notre Cercle de réflexion interarmées (CRI) vous invitent. Pour faire valoir un tel projet vous disposez en effet d’une incontestable puissance d’influence et de force de conviction pour faire converger toutes les attentions vers l’appel que nous lançons.
« Nous joignons à notre invitation la tribune que nous communiquons actuellement pour publication à divers organes de presse afin de solliciter les opinions publiques à cette urgence de mettre fin à la guerre dans l’objectif ultérieur de négocier les accords de paix entre toutes les parties concernées. »
Pour l’heure aucun écho n’a été donné à notre appel même si Fabien Roussel (parti communiste), de son côté, et sans forcément avoir lu notre appel qui lui a été adressé, plaide fermement pour un cessez-le-feu.
A partir du moment où le front ukrainien connaît quelques difficultés sous la pression russe, il devient plus que temps de militer vigoureusement pour que s’établisse le cessez-le-feu que nous appelons, pour mettre fin aux morts et aux destructions et si l’on veut conserver l’espoir de voir l’Ukraine récupérer ses territoires perdus pour l’instant. Dans ce combat, il est temps de changer de paradigme, celui de la guerre que personne ne gagnera et où tous s’épuiseront, pour celui du droit international et de la négociation.
Pour le CRI : Daniel SCHAEFFER
Dimanche 4 mars 2024
Appel du Cercle de réflexion interarmées à un cessez-le-feu en Ukraine Combien de morts ? Combien de morts encore ? Chacune des parties qui s’affrontent continue à vainement sacrifier sa jeunesse dans cette guerre devenue d’usure, dans laquelle ne se dessine aucune percée décisive, dans laquelle aucun ne craque. La guerre russo-ukrainienne est déjà un désastre absolu. Des centaines de milliers de personnes ont été tuées ou blessés. Des millions ont été déplacées. Les destructions environnementales et économiques sont incalculables. Les dévastations futures pourraient être exponentiellement plus grandes à mesure que les puissances nucléaires se rapprochent de la guerre ouverte. Aujourd’hui quelques voix timides se hasardent à parler de paix. C’est totalement inutile tant qu’un cessez-le-feu n’aura pas été établi dans les plus brefs délais sur la ligne des contacts au jour et à l’heure qui seront décidés de l’arrêt des combats. Il ne s’agit plus, à ce stade, de se disperser en stériles batailles oratoires pour définir les responsabilités respectives dans la perpétuation de ce drame. Cela viendra plus tard lorsque, à l’instar de ce qu’accomplirait un tribunal international, devront être prises en considération ce qui est à charge et à décharge de toutes les parties en lice, directement et indirectement Mais il faut dès à présent saisir les opportunités qui se présentent pour lancer un immense mouvement en faveur de la cessation des combats. C’est tout d’abord la capacité qu’a eue le Président Macron de rassembler de manière autonome, le 26 février, les hauts représentants politiques de 27 pays européens pour définir la suite de l’aide à l’Ukraine afin qu’elle réussisse à faire face à la poussée russe. Mais une telle capacité démontre qu’un rassemblement identique peut tout à fait être réalisé dans les mêmes conditions pour décider, avec une volonté tenace et convaincue, de la mise en place d’un cessez-le-feu sur le théâtre des combats. C’est ensuite, que cela plaise ou non, en prenant au mot la déclaration du Président Poutine lors de sa rencontre avec Carlson Tucker le 8 février, déclaration selon laquelle le président russe, sans que l’on écarte pour autant la possibilité d’une intoxication de sa part, se dit, par trois fois à la fin de l’interview, prêt à négocier, même s’il présente quelques exigences pour ce faire. Ainsi, puisque l’opportunité se présente et que le problème qui se pose est essentiellement européen, nous devons, nous Français, nous Européens, rechercher de la part des deux parties leur accord pour que soit immédiatement déclaré un cessez-le-feu. Pour convaincre il faudra que les négociateurs, à mandater par l’ONU, présentent avec eux un canevas sur les modalités de sa mise en place.
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Le cercle de réflexion interarmées (CRI) est une entité indépendante de réflexion sur tous les problèmes liés à la Défense ; il regroupe d’anciens militaires et civils à la retraite. Il n’exprime pas la doctrine officielle. Daniel SCHAEFFER
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