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Audition Commission de la Défense du 17 octobre 2018 : Intervention du général (2s) Henri PINARD LEGRY, Président de l’ASAF à l'Assemblée nationale.


En préambule, je me permets de vous rappeler que l’ASAF est une association indépendante qui ne sollicite aucune subvention de l’Etat. Elle compte plusieurs milliers d’hommes et de femmes de tous âges, autant de civils de toutes professions que d’anciens militaires, ainsi que 500 associations adhérentes liées au monde de la Défense ...

Président
Mesdames et messieurs les députés

En préambule, je me permets de vous rappeler que l’ASAF est une association indépendante qui ne sollicite aucune subvention de l’Etat. Elle compte plusieurs milliers d’hommes et de femmes de tous âges, autant de civils de toutes professions que d’anciens militaires, ainsi que 500 associations adhérentes liées au monde de la Défense,  représentant plus de 100 000 personnes. 
Comme à tous les parlementaires, elle vous adresse chaque trimestre sa revue ENGAGEMENT. Au mois de septembre elle y a joint un numéro hors-série consacré à l’histoire séculaire des paras français.
J’aborderais donc les 3 aspects suivants : soutien aux AC, devoir de Mémoire et lien Armées-Nation.

 

1. Le soutien aux AC : reconnaissance et réparation

L’ASAF est associée aux travaux pilotés par l’Union des blessés de face et de la tête et par l’UNC. Aussi, pour éviter les redites, elle précise qu’elle soutient les propositions qui viennent d’être présentées par les responsables de ces associations et qu’elle partage les avis exprimés par leurs présidents sur le projet de loi de finances 2019. En revanche elle souhaite développer les 2 points suivants.

2. Concernant la politique de Mémoire 

L’ASAF souhaite que la politique de Mémoire ait pour but la connaissance et la compréhension de notre Histoire, qu’elle contribue à rassembler les Français plutôt qu’a les diviser et à leur donner des exemples propres à renforcer leur foi en leur pays. 
Cela impose de présenter au minimum le cadre espace-temps et le contexte précis  dans lesquels se sont déroulés les évènements évoqués. Cela n’a visiblement pas été le cas dans la démarche du PR sur l’affaire AUDIN. 
Parfois même, à entendre la surenchère de propos culpabilisants, on en vient à oublier, par exemple, que le terrible  massacre de dizaines de milliers de harkis qui démarre le 19 mars, malgré les engagements pris, et qui va se poursuivre massivement après l’indépendance de l’Algérie, est le fait du FLN algérien !
Cette attitude qui consiste à taire ou à détourner le présent en condamnant le passé est dévastatrice pour nos armées et par la là-même pour notre Défense. Elle sème le doute dans les esprits de nos soldats sur le bien fondé de leurs engagements.
Nos successeurs dénonceront-ils demain, dans un autre contexte, les engagements de la France et de son armée en Irak  et au Mali contre les islamistes ? 
En outre, la repentance servie ad nauseam, de l’aventure coloniale française ne contribue-t-elle pas à faire douter les Français d’eux-mêmes et à susciter chez certains d’entre eux, fraîchement naturalisés, un désir de revanche fragilisant un peu plus la cohésion nationale ?

Plutôt que Maurice AUDIN, pourquoi n’avoir pas mis en avant les comportements héroïques de l’ingénieur Keller révélé récemment au grand public par une production de France 5 « la source K » ou de ce couple, parents de 5 enfants, qui s’est engagé dans la Résistance malgré les risques considérables encourus pour toute leur famille ? 
Ces 3 Résistants qui seront déportés et dont 2 succomberont, ne sont-ils pas les héros dont les jeunes ont besoin et que, hélas, la France ignore ?

3. Concernant le lien armée Nation

La France a célébré récemment le 75e anniversaire de la libération de la Corse, premier département libéré. Il l’a été par le bataillon de choc, les goumiers marocains et la Résistance corse.
Des jeunes scolaires ont été intelligemment associés aux cérémonies. 
Mais quelle honte de voir des élus de cette région, et non des moindres, participer aux cérémonies sans porter leur écharpe tricolore, sans chanter la Marseillaise, et déposer des gerbes sans ruban tricolore avec des inscriptions en langue régionale.
Ces comportements sont-ils acceptables alors que la constitution rappelle que « la France est une République indivisible,  que « la langue officielle de la République  est le Français » et enfin que « Les partis et groupements politiques … doivent respecter les principes de la souveraineté nationale... »
Quand bien même ces dirigeants indépendantistes n’étaient pas nés quand les Résistants, les goumiers et les commandos se sacrifiaient pour le drapeau et la liberté, pouvons-nous accepter ces comportements d’élus sans rien faire Sinon, de quelle Nation et de quel lien armée-nation parlons-nous ?
Une  raison d’espérer ? Les applaudissements nourris initiés par des Corses profondément Français, lors des dépôts de gerbes par le consul général du Maroc en Corse puis par madame Darrieusecq. Les quatre dépôts de gerbes précédents des élus corses le furent dans un silence gêné et réprobateur. On ne peut cependant en rester là sauf  à laisser se désagréger la France.

Enfin et dans un tout autre registre, qui est celui des ressources allouées aux armées en 2019, l’effort financier est indéniable. Annoncé à hauteur de 1,7 Md €, il est en fait de 1,5 Md € puisque le périmètre des dépenses imposées à la Défense concernant le surcoût des Opex a augmenté de 200 M€ passant de 650 à 850 M€. 
Il n’est pas certain qu’en gonflant artificiellement l’augmentation du budget on ne jette le doute sur l’effort, pourtant réel, annoncé par le gouvernement.
Vous savez qu’il est indispensable que cet effort soit prolongé conformément aux engagements de la LPM. Les armées ne pourront pas continuer à remplir efficacement l’ensemble de leurs missions sans l’accroissement des ressources qui doit leur être octroyé pendant  les 7 années à venir (2019-2025). 
A cet égard, il me paraît tout aussi indispensable que les Français soient beaucoup mieux informés sur la réalité de la menace terroriste au Sahel et sur la sévérité des engagements au sol.

Je vous remercie.


Henri PINARD LEGRY
Président de l’ASAF