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Edito du président de l’ASAF (Revue ENGAGEMENT n° 110 de mars 2016) : De la crise à la guerre.


« Tant que la Patrie n’est pas directement menacée, l’opinion répugne aux charges militaires », écrivait le capitaine de Gaulle dans Le Fil de l’épée en 1932.

Notons que cet officier, qui dans les années 1930 pouvait s’exprimer librement bien qu’étant en activité, proposa dans des ouvrages ultérieurs une politique de

Défense nouvelle qui avait le tort de ne pas être politiquement correcte. « Les faits sont têtus », dira-t-il plus tard.

 

Aujourd’hui, les Français ont conscience des menaces qui pèsent sur eux, de l’insuffisance des moyens dont dispose leur armée, de la fragilité du tissu social et de la cohésion nationale, mais aussi de l’impuissance de l’État et de son incapacité à résoudre les problèmes autrement qu’en laissant traîner les situations jusqu’au pourrissement, et même à l’affrontement.

 

 

Edito du président de l’ASAF

(Revue ENGAGEMENT n° 110 de mars 2016)


De la crise à la guerre 

 



« Tant que la Patrie n’est pas directement menacée, l’opinion répugne aux charges 
militaires », écrivait le capitaine de Gaulle dans Le Fil de l’épée en 1932.

Notons que cet officier, qui dans les années 1930 pouvait s’exprimer librement bien qu’étant en activité, proposa dans des ouvrages ultérieurs une politique de

Défense nouvelle qui avait le tort de ne pas être politiquement correcte. « Les faits sont têtus », dira-t-il plus tard.

 

Aujourd’hui, les Français ont conscience des menaces qui pèsent sur eux, de l’insuffisance des moyens dont dispose leur armée, de la fragilité du tissu social et de la cohésion nationale, mais aussi de l’impuissance de l’État et de son incapacité à résoudre les problèmes autrement qu’en laissant traîner les situations jusqu’au pourrissement, et même à l’affrontement.

 

Dans ces conditions, comment affirmer que nos armées vaincront Daesh et les autres terroristes islamistes si les responsables politiques français s’avèrent incapables, depuis une décennie, de régler le problème causé par la présence de 5 000 migrants occupant illégalement une portion du territoire national et la soumettant à leur loi ?
Comment ne pas imaginer que ce spectacle largement relayé par les médias où s’affiche l’incurie de l’État constitue pour notre ennemi un formidable encouragement à poursuivre son action dévastatrice jusque sur notre sol ? La faiblesse est parfois une lâcheté qui devient complicité avec l’ennemi qu’affrontent, par ailleurs, nos soldats, marins et aviateurs.

 

Pour vaincre, l’action de l’État doit être cohérente. Le politique doit conduire la guerre, c’est-à-dire définir ses buts après avoir désigné l’ennemi et mettre en œuvre une stratégie générale dont les différents volets (militaire, sécuritaire, économique, humanitaire…) sont articulés et développés de manière coordonnée dans le temps et l’espace.

 

Au moment où des situations se tendent sur certaines parties de notre pays, le gouvernement se doit d’anticiper et de diriger la Nation avec clairvoyance et avec fermeté, faute de quoi il pourrait être contraint, par l’opinion publique et des responsables politiques locaux, à engager les armées pour garantir le principe d’indivisibilité de la France inscrit dans la Constitution et pour assurer le maintien de l’intégrité du territoire national.

Cet octroi de missions et de pouvoirs exceptionnels aux armées par l’autorité politique, la France l’a déjà connu dans son histoire : en 1871 contre la Commune de Paris et en 1956 pour faire face à l’insurrection algérienne. Mais, cela les Français, et notamment les militaires, ne le souhaitent pas.

 

 

Henri PINARD LEGRY
Président de l’ASAF