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AUDITION de l’ASAF par la commission de la Défense de l’Assemblée nationale


Le 05 octobre 2022, le général de division (2S) Gilbert ROBINET, Secrétaire général de l’Association de Soutien à l’Armée Française (ASAF), est intervenu devant la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale. Découvrez l'audition ....

AUDITION de l’ASAF par la commission de la Défense de l’Assemblée nationale

AUDITION de l’ASAF
devant la
COMMISSION de la DÉFENSE de l’ASSEMBLÉE NATIONALE
du 05 octobre 2022


Exposé liminaire


Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés ;

Je suis le général Gilbert Robinet, secrétaire général de l’association de soutien à l’Armée française (ASAF) et vous prie de bien vouloir excuser l’absence de mon président pour raison de santé.

Compte-tenu du temps imparti et de ce qui a été dit précédemment et  l’ASAF étant une association d’intérêt général visant à rassembler le plus grand nombre de Français pour soutenir nos soldats, ceux d’hier et d’aujourd’hui, j’insisterai sur les trois préoccupations qui sont au cœur de notre action :

-le droit imprescriptible à la reconnaissance et à la réparation de ceux qui, pour la France et au péril de leur vie, se sont battus hier  ou se battent aujourd’hui ;

-la connaissance de notre Histoire qui doit toujours être replacée dans son contexte et ne pas être jugée avec nos yeux d’aujourd’hui et qui permet de transmettre les valeurs pérennes dont notre pays et notre armée sont les porte-drapeaux ;

-enfin la cohésion de la Nation et le lien Armée-Nation sans lesquels une armée ne peut accomplir ses missions avec sérénité et détermination.


1- Concernant le droit à réparation


            -L’ASAF a participé en son temps avec beaucoup d’autres associations ici présentes, à la  refonte du code des PMIVG et elle suit avec  vigilance la mise en œuvre de cette réforme. Elle est très attentive à tout ce qui pourrait apparaître comme une dilution, voire une réduction des droits des anciens combattants ou une banalisation de la spécificité militaire.

-À ce propos, madame la secrétaire d’État, Patricia Mirallès, qui nous a réunis il y a une semaine, nous a demandé de réfléchir à la possibilité de substituer au mot retraite (du combattant) celui de reconnaissance. Pour notre part, nous y sommes favorables.

 

2- Histoire et mémoire

Crédits accordés à la politique de Mémoire

            -L’ASAF a noté que les crédits destinés à la politique de Mémoire s’élevaient à 20,9 millions d’€ dont 13,6 M € pour « la restauration et la mise en valeur du patrimoine mémoriel ». Nous nous réjouissons que la Mémoire ne soit pas négligée. Cependant ces sommes sont à comparer aux 16 M € qu’aurait coûté l’empaquetage de l’Arc de Triomphe en septembre et octobre 2021. Certes, il s’agissait d’argent dit privé mais dont les 2/3, correspondant aux avantages fiscaux accordés aux donateurs, sont donc indirectement imputables à  l’État.

            -Pour sa part, l’ASAF participe au travail de mémoire de diverses façons, notamment en réalisant des clips vidéo de 5 mn accessibles gratuitement par tous les publics  via son site Internet. Quatre ont déjà été mis en ligne, dédiés à: Valérie André, les porte-drapeaux de Mostaganem, l’association Ultra Ops pour les blessés et au jeune résistant Jacques Voyer fusillé à 22 ans. Deux sont en cours d’achèvement : le serment de Koufra et Paulette Duhalde résistante morte à Ravensbrück à 24 ans.

 

3- Lien armée-Nation

L’armée est encore méconnue des Français

Les Français ont confiance en leur armée, reconnaissent son professionnalisme et ses qualités intrinsèques, mais ils la connaissent encore très mal. En particulier, ils ignorent ses véritables capacités opérationnelles mais aussi  ses lacunes et ses faiblesses.

En cette période de forte inflation qui va altérer leur pouvoir d’achat, il faut faire preuve d’une grande pédagogie pour leur expliquer que, néanmoins, l’effort budgétaire pour leur défense doit être non seulement maintenu mais amplifié.

Sur le thème de la cohésion nationale, l’ASAF prépare un numéro hors-série de sa revue consacré aux DROM COM.

Une armée qui peine à remonter en puissance malgré une LPM positive

Si le budget des armées continue d’augmenter (de 3 Md d’euros en 2023 en atteignant les 2% du PIB), il risque d’être singulièrement érodé par l’inflation et, en euros constants, de stagner.

Or, alors que nous assistons à la résurgence  de conflits de haute intensité interétatiques comme l’avait pressenti, il y a déjà  plusieurs années, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des Armées, et si l’on veut gagner la guerre avant la guerre pour reprendre son expression, il faut procéder à un réarmement massif de notre pays. Pour illustrer mon propos je citerai 3 chiffres relatifs au nombre d’hélicoptères engagés en opération : 450 en Algérie il y a 60 ans, 120 dans la guerre du Golfe il y a 30 ans et 20 au Sahel aujourd’hui.

 

Pour conclure, je voudrais faire une suggestion qui est au carrefour de l’hommage aux soldats morts pour la France, de la mémoire et du lien Armée-Nation. Il s’agirait, simultanément si possible ou, au pire, le même jour, lorsque l’hommage des Parisiens  aux soldats morts pour la France au combat est  rendu sur le Pont Alexandre III, d’organiser des cérémonies d’hommage en Province via l’ONACVG et les associations. Dans une dizaine de départements, notre association a organisé, dans des délais très courts, de telles cérémonies à l’occasion du décès du dernier tué en opération, le brigadier Alexandre Martin, en janvier dernier. Dans certaines villes, comme Montpellier, cela se fait d’ailleurs systématiquement.

 

Je vous remercie de votre attention.

 

Le général de division (2S) Gilbert Robinet
Secrétaire général de  l’association de soutien à l’Armée française (ASAF)

 

 

Seul le prononcé fait foi